Question d'origine :
une question m'est venue suite au débat/à la polémique sur les accents circonflexes.
Dans mon souvenir, l'accent circonflexe a une valeur soit de montrer l'ancienne présence d'un "s" (forest-> forêt, hospital -> hôpital), soit pour lever l'ambiguïté (sur / sûr), soit éventuellement une valeur phonétique (pouvant dériver des deux précédents, hôte/hote).
Donc d'où vient cet accent sur le ô dans son usage d'interpellation "Ô rage, ô désespoir, ô vieillesse ennemie" ?
Merci
Réponse du Guichet
bml_litt
- Département : Langues et Littératures
Le 17/02/2016 à 16h20
Bonjour,
le o chapeauté d’un accent circonflexe est en effet souvent associé à une apostrophe (rhétorique) et se montre invariable en toutes circonstances.
On vous renverra volontiers à la Stylistique de la poésie qui traite notamment des particularités énonciatives.
Prenons cet exemple bien précis :
ô mon âme, ma voix pensive,
ô mon trésor échevelé,
Mon myosotis de la rive,
Mon astre, mon rêve étoilé !
Théodore de Banville, Amours D’Elise (1842)
Le Théodore de Banville était fichtrement amoureux de son Elise et il use ici de la particule vocative « ô » comme s’il s’adressait à une divinité (mais il peut également s’adresser à quelque chose de personnifié du reste).
En tous les cas, l’auteur ne se prive pas d’exprimer un sentiment de façon tout à fait emphatique grâce à cette particule.
Du point de vue de la prononciation, le « ô » donne une profondeur et une solennité dans l’interpellation qui appuie la vive émotion de l’auteur. Le o seul ne le permet pas. Triste sort.
Rappelez-vous ces vers du Lac de Lamartine, lorsque le poète convoque le souvenir de la grande et belle Nature :
ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêts obscures !
vous, que le temps épargne ou qu’il peut rajeunir,
gardez de cette nuit, gardez, belle nature,
au moins le souvenir !
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