Question d'origine :
Bonjour,
Existe-t-il une différence entre une ville que l'on ruine et une ville que l'on rase au Moyen-Age et dans les Temps Modernes ?
J'ai entendu parler que lorsqu'on "ruine" une ville, on se contente d'enlever portes et fenetres afin de rendre les maison inhabitables tandis que quand on "rase" une ville, on la détruit complètement.
J'ai entendu cette expression au sujet du siège de Privas en 1629 où la ville aurait été "ruinée".
Pourriez-vous me confirmer les différences entre la "ruine" et le fait de "raser" ?
Je vous remercie,
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 04/03/2016 à 09h13
Bonjour,
Voici ce qu'indique le dictionnaire historique de la langue française :
Ruiner :
d'abord employé intransitivement à propos de navires qui s'enfoncent, sombrent (v. 1260) et de constructions qui tombent en ruine (1358), n'est plus que transitif. Il a eu le sens de "saccager, dévaster en ne laissant que des ruines " (déb. XIVe siècle) et d'"endommager gravement " (v. 1370), puis d'altérer progressivement et définitivement (un organe, la santé de qqn) (fin XIVe siècle). Ces emplois, comme la locution technique ruiner un cheval, par travail excessif et manque de soins (1690), ont disparu.
Raser signifie dès l'origine "couper (le poil) au niveau de la peau" et, avec extension des compléments, "dépouiller (une surface) des poils qui y poussent", "couper à (qqn) sa barbe très ras", raser qqn, raser son crâne correspondant à "couper les cheveux à la tondeuse ou au rasoir" (avant 1662). Par analogie, raser est employé techniquement au sens de tondre (une étoffe) à ras" (1665). Une extension figurée signifiant "rafler, dépouiller " (v. 1530) est aujourd'hui sortie d'usage, bien qu'on en relève encore des exemples chez Balzac et Daudet ; cet emploi correspond à celui de tondre. [...] Une autre valeur ancienne est "détruire, abattre totalement à ras de terre " (fin XIIe siècle) d'où "mettre à ras, de niveau" (1538) avec spécialisations, en marine dans raser un navire "abattre ses mâts" (1671), puis en travaux publics au sens de "suivre le niveau du sol, sans remblai ni tranchées." (1932, Larousse).
La distinction ruiner/raser n'est pas mentionnée dans ce dictionnaire de langue ni dans les dictionnaires d'histoire du Moyen-Âge que nous avons pu consulter.
Les articles consultés dans différentes bases comme cairn ou persée ne l'indiquent pas non plus.
Toutefois, ce que nous dit Jean-Philippe Cénat dans «Le ravage du Palatinat : politique de destruction, stratégie de cabinet et propagande au début de la guerre de la Ligue d'Augsbourg » (Revue historique 1/2005 (n° 633) , p. 97-132) pourra vous intéresser :
Une dernière technique de destruction, elle aussi très courante à l’époque, fut employée lors du ravage du Palatinat. Elle concernait les places fortes et consistait à détruire les murailles d’une ville que l’on ne voulait ou que l’on ne pouvait conserver. On parlait alors de les « raser ». C’est ce qu’explique par exemple Vauban : «J’appelle raser une place, quand on démolit toutes les fortifications et clôtures, en sorte que, ne s’en pouvant plus servir, ladite place demeure ouverte. » L’objectif était d’empêcher les ennemis de la réutiliser comme base d’opération ou comme centre de magasins. C’était une manière de neutraliser et même d’éradiquer pour longtemps une menace contre une région. C’est pourquoi de nombreux traités de paix contiennent l’obligation de raser les fortifications de certaines places avant de les rendre à leur propriétaire.
Dans cet article Les villes fortifiées de la guerre de Cent Ans de Jean-Pierre Leguay (L'histoire- 12/03/2013), il est indiqué que les fortifications sont souvent les premières victimes et parfois rasées.
Les pillages, vols, sacs et incendies sont souvent de mise...
Quelques documents consultés sans succès :
- Jean-Philippe Cénat, « De la guerre de siège à la guerre de mouvement : une révolution logistique à l’époque de la Révolution et de l’Empire ? », Annales historiques de la Révolution française, 348 - 2007, 101-115.
- La guerre au Moyen Age / Philippe Contamine (décrit les procédés d'attaque et de défense)
- L'art de la guerre au Moyen Age / Renaud Beffeyte; préf. Philippe Contamine
- La guerre au Moyen Age / Hanns Joachim W. Koch
Pour élucider ce mystère, nous avons contacté plusieurs historiens. Nous ne manquerons pas de vous transférer leurs réponses dès qu'elles nous parviendront.
Bonne journée.
Voici ce qu'indique le dictionnaire historique de la langue française :
d'abord employé intransitivement à propos de navires qui s'enfoncent, sombrent (v. 1260) et de constructions qui tombent en ruine (1358), n'est plus que transitif. Il a eu le sens de "
La distinction ruiner/raser n'est pas mentionnée dans ce dictionnaire de langue ni dans les dictionnaires d'histoire du Moyen-Âge que nous avons pu consulter.
Les articles consultés dans différentes bases comme cairn ou persée ne l'indiquent pas non plus.
Toutefois, ce que nous dit Jean-Philippe Cénat dans «Le ravage du Palatinat : politique de destruction, stratégie de cabinet et propagande au début de la guerre de la Ligue d'Augsbourg » (Revue historique 1/2005 (n° 633) , p. 97-132) pourra vous intéresser :
Une dernière technique de destruction, elle aussi très courante à l’époque, fut employée lors du ravage du Palatinat. Elle concernait les places fortes et consistait à détruire les murailles d’une ville que l’on ne voulait ou que l’on ne pouvait conserver. On parlait alors de les « raser ». C’est ce qu’explique par exemple Vauban : «
Dans cet article Les villes fortifiées de la guerre de Cent Ans de Jean-Pierre Leguay (L'histoire- 12/03/2013), il est indiqué que les fortifications sont souvent les premières victimes et parfois rasées.
Les pillages, vols, sacs et incendies sont souvent de mise...
Quelques documents consultés sans succès :
- Jean-Philippe Cénat, « De la guerre de siège à la guerre de mouvement : une révolution logistique à l’époque de la Révolution et de l’Empire ? », Annales historiques de la Révolution française, 348 - 2007, 101-115.
- La guerre au Moyen Age / Philippe Contamine (décrit les procédés d'attaque et de défense)
- L'art de la guerre au Moyen Age / Renaud Beffeyte; préf. Philippe Contamine
- La guerre au Moyen Age / Hanns Joachim W. Koch
Pour élucider ce mystère, nous avons contacté plusieurs historiens. Nous ne manquerons pas de vous transférer leurs réponses dès qu'elles nous parviendront.
Bonne journée.
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