Question d'origine :
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 12/05/2016 à 09h27
Bonjour,
Au Moyen Age, les frontières entre les laïcs et les religieux étaient moins figées qu’on ne le pense.
Oblation :Du latin « oblatus », offert, le terme revêt au Moyen Age plusieurs acceptions : au sens large, il désignait toute personne laïque qui se donnait corps et bien à un monastère, sans toutefois s’agréger à la communauté, on les appelait aussi donnés, nourris, parfois convers . Au sens strict, il s’appliquait aux enfants offerts par leurs parents au monastère pour y recevoir une éducation et devenir moines ; mais sous l’influence désordres nouveaux du XIIe siècle cette pratique a. décliné pour laisser le libre choix pour celui qui postulait à la vie religieuse. (In Dictionnaire du Moyen Age )
L’enfant moine : Pour échapper à la misère du temps et aux difficultés qui n’épargnent pas les enfants, un moyen s’offre aux parents : confier leurs fils aux moines. Là il trouvera de quoi se nourrir, se vêtir et, ce qui est encore plus important pour l’homme du Moyen Age, de quoi faire son salut et celui des membres de sa famille. Les parents offraient volontiers leurs enfants dès leur tout jeune âge. La pratique de « l’oblation » est aussi ancienne que l’histoire du m. elle est courante dans le haut Moyen Age
(in l’enfance au Moyen Age, par Pierre Riche, spécialiste de l’éducation et Danièle Alexandre-Bidon, spécialiste de l’histoire de l’enfance, voir p.119 à 125 (oblation- la journée d’un petit moine).
Lisons dans Les enfants au Moyen Age :
Les externes du monastère :
Il arrive souvent que les familles aristocratique (puis, plus tard les familles de marchands) confient pour un temps leurs enfants aux moines pour qu’ils prennent en charge leur instruction. Pépin, fis de Charles Martel est placé très jeune au monastère de Saint Denis. Parfois sont établis entre l’abbé et les parents, des contrats qui précisent les conditions d’admission, le remise des biens (vêtements, literie) ou la durée de l’éducation.
Dans les vies d »e saints irlandais, on rencontre des cas d’enfants âges d’un ou deux ans, confiés à des moniales, réintégrés ensuite dans des monastères d’hommes. Mais ces exemples sont marginaux et, la grande majorité des documents nous montrent plutôt des enfants laissés vers cinq ou six ans, jusqu’à l’âge de dix ou douze ans ; a partir du début de l’époque carolingienne, avec l’essor de la christianisation qui entraîne l’entrée parfois massive des fils ou des filles d’aristocrates dans les monastères, les moines inquiets devant tous ces enfants qui troublent la vie de méditation, tentent de prendre des mesures ; pour ne pas mélanger ces écoliers avec ceux qui se préparent aux veux, le concile d’Aix de 817 prévoit une école intérieure destinée a accueillir les futurs moines et une école extérieure réservée aux laïcs ; Cette mesure est souvent répétée par la suite, preuve sans doute de son peu d’efficacité…
Aux XIe et XIIe siècles, les canonistes continuent à s’insurger contre ces jeunes enfants qui perturbent la vie monastique ; Ils rappellent aux moines qu’ils n’ont pas pour vocation d’enseigner et interdisent aux abbés d’accueillir des enfants destinés à la vie laïque. Pourtant au XIIe siècle encore, des enfants peuplent les monastères. N’oublions pas que les parents désireux de confier leur fille ou leur fils aux moines apportent de l’argent et des biens qui enrichissent les couvents. Dans l’empire germanique des Ixe-XIe siècles, les monastères accueillent largement les jeunes filles de l’aristocratie, plus souvent celles qui sont disgraciés par la nature ou pour lesquelles n’a pas prévue de dot. La formation y est à la fois manuelle et intellectuelle. Certaines restent moniales mais d’autres reviennent à la vie laïque. Le duc Liudolf, par exemple place ses 5 filles dans l’abbaye de Gandersheim ; Trois d’entre elles deviennent abbesses tandis que les deux autres se marient…
Ces abbayes ne sont pas complètement fermées. Parents et amis peuvent venir rendre visite à leur enfant. Les règlements demandent cependant que les rencontres se fassent dans un lieu public, parfois à travers une fenêtre grillagée.
L’oblation: Hildemar nous a laissé un commentaire de la règle de saint Benoît ( vers 845), qui a sans doute servi de manuel dans les monastères du Ixe siècle ; Il nous informe sur le rituel de l’oblation : lorsque l’enfant atteint l’âge de six ou sept ans, le père (ou, si ce dernier est décédé, la mère) vient le remettre à l’abbé, en joignant souvent une certaine somme d’argent ou un bien foncier. Il s’approche de l’autel central avec son fils qui tient du pain et de l’eau dans sa main. Là, devant témoins, il fait publiquement le voeu de le donner. L’enfant doit renoncer à sa part d’héritage qui, selon Hildemar (mais contrairement aux prescriptions de la règle de Saint-Benoît) doit être laissée au monastère. Il s’agit bien d’un abandon définitif de la vie laïque. A la fin du VIIIe siècle, les jeunes nobles qui sont offerts à l’abbaye de Saint-Martin de Tours doivent donner leurs cheveux et leurs armes pour qu’on les dépose sur le tombeau du saint, cérémonie de renoncement aux attributs symboliques de la laïcité aristocratique du haut Moyen Age ;
Suger, Guibert de Nogent, Hugues de Lincoln, Orderic Vital et Bède le Vénérable ont été confiés comme oblats…
Durant les premiers siècles médiévaux, l’oblation parentale est irrévocable et l’enfant, quelle que soit sa vocation, doit rester au monastère. Pour justifier l’aspect définitif du choix paternel, les législateurs s’appuient sur le canon 49 du concile de Tolède de 633 qui affirme qu’il existe deux manières de devenir moine : « soit par engagement paternel, soit par profession » ;…
Mais, progressivement, se développe l’idée selon laquelle l’oblation doit être acceptée par l’enfant. Déjà en 817, benoît d’Aniane exige la ratification du choix paternel par l’enfant lui-même…
Les nouveaux ordres tels que Cluny, Cîteaux, les Chartreux ou les Templiers, n’admettent pas l’oblation d’enfants, moins par rejet de l’institution elle-même, que parce que la présence d’enfants leur semble troubler. Le bon fonctionnement de la vie monastique ; Le nombre d’oblats décroît donc très rapidement à partir du XIIe siècle. Célestin III en 1194 autorise officiellement un oblat à résilier l’acte d’engagement de ses parents, lorsqu’il est pubère, puis au milieu du XVe siècle, martin V interdit définitivement l’oblation.
La vie au monastère :
Les règles et lez coutumiers monastiques ainsi que les traités rédigés pour la formation des novices nous apportent de précieux renseignements sur la vie quotidienne des jeunes moines ; on sait qu’ils sont élevés avec une grande attention…l’encadrement (custodia infantum) paraît tout à fait satisfaisant et fait rêver tous les enseignants contemporains, puisque trois ou quatre maîtres (magistri) sont désignés pour s’occuper de dix enfants. La pédagogie repose avant tout sur un contrôle constant des enfants et surtout des adolescents qui s’éveillent à la sexualité selon Hildemar au milieu du Ixe siècle, si les maîtres sont obligés d’avoir recours aux punitions physiques, c’est justement parce que la surveillance n’a pas été bien faite.
Dans l’abbaye, la vie est scandée par les offices monastiques de la journée, auxquels les enfants doivent assister. Ils se lèvent très tôt (sans doute vers deux ou trois heures) pour réciter l’office nocturne et matines qui vont à l’école du monastère où, assis sur un tabouret autour de la chaire du maître, ils lisent et chantent des versets qu’ils apprennent. Lorsqu’ils savent leurs psaumes par cœur, ils doivent en réciter une partie devant l’abbé. La « règle du maître », au début du VIe siècle, fixe à trois le nombre d’heures d’enseignement au quotidien. Les coutumiers monastiques interdisent aux enfants de se parler et de se faire des signes pendant les cours. Les méthodes d’apprentissage ne diffèrent guère de celles que nous avons décrites dans les écoles paroissiales et épiscopales. Ensuite, après un autre office (sexte) ils se rendent en silence au réfectoire où ils sont étroitement surveillés. Ils doivent toujours être accompagnés par un moine lorsqu’ils sortent, même aux latrines ; après complies (vers dix-huit heures) toujours en silence, les novices se rendent au dortoir, séparé de celui des moines.
Rudes journées certes, mais souvent tempérées par des moments de détente et des jeux. Le maître, en effet, amène parfois les enfants dans un pré ou dans quelque lieu pour qu’ils puissent se détendre. On leur ménage des heures de récréation, de course à cheval, de baignades, de jeux avec des bâtons ou des cerceaux ou encore des activités de jardinage. Lors des grandes fêtes liturgiques, quelques jours de vacances leur sont accordés. En outre, les enfants ne sont pas obligés de respecter tous les jeûnes, surtout si l’on juge que leur état est trop faible pour les supporter ; Ils sont autorisés à manger plus souvent que les adultes (trois à quatre fois par jour) mais en plus petites quantités et encore parfois der la viande, contrairement à leurs aînés.
Lorsqu’ils sont malades, une attention toute particulière leur est accordée dans l’infirmerie. On es autorise parfois à retourner se coucher si ont voit qu’ils ont du mal à rester éveillés entres matines et laudes.
Autres précisions dans l’enfance au Moyen Age cité ci-dessus :
L’enfant dans les célébrations liturgiques :
Les enfants tiennent une grande place dans les monastères, nous l’avons dit (p.119), et participent à tous les offices, même la nuit, ce qui est héroïque. Les enfants à peine réveillés risquaient de se rendormir ; alors , nous dit le coutumier de Farfa, le maître appelait le somnolent et lui faisait tenir sur les bras un grand livre ouvert. Pourtant on tient compte de l’âge, et à Cluny, les retardataires ne sont pas soumis à faire amende honorable à l’ambon comme les moines adultes.
Les enfants ont une place particulière dans les processions, et l’on veille à ce que tout se déroule dans l’ordre. On raconte qu’à Saint-Gall, un prince avait tenté les enfants en procession en envoyant des fruits au milieu de l’église, mais pas un n’avait bronché. Une anecdote semblable se lit dans la « Vie » de la comtesse Mathilde : il s’agit du marquis de Roscane, boniface qui, se trouvant au monastère de Pomposa, tenta, sans succès, de détourner les petits enfants de leurs prières en leur envoyant cette fois quelques pièces de monnaie.
A Cluny, les enfants sont les premiers dans la procession, tout est réglé comme un ballet : lorsqu’il s’agit d’une procession funéraire où l’on porte le cercueil d’un défunt, ce sont les enfants qui avancent les premiers derrière la croix. Quand ils arrivent à la porte du vestibule, ils se tiennent face à face jusqu’à ce que la collecte « Absolve Domine. Soit dite par le prieur ; puis, peu à peu, une partie des enfants se retirent et s’éloignent de ceux qui portent la croix et les autres enseignes de la procession. Les enfants qui suivent jusqu’à l’église restent près de l’entrée pour entourer le mort, puis avancent jusqu’à l’autel de la Sainte croix et là, ils restent debout du côté gauche ; leur maître est au milieu d’eux pour ne pas qu’ils gênent le prêtre qui doit s’avancer trois fois vers l’autel. Lorsque la cérémonie est terminée, ils se déplacent du côté gauche vers le milieu de l’église et, tournés vers l’autel, ils chantent et récitent les psaumes. A toutes les processions qui ont lieu dans la clôture, les enfants marchent toujours derrière la croix.
Pour aller plus loin :
Les donnés au Moyen Age, une forme de vie religieuse laïque, v.1180-v.1500 :
A la fin du XXe siècle, des mouvements religieux laïcs se développent en Occident ; A coté des moines et des clercs, émerge une élite de laïcs qui s’implique dans un mode de vie à mi-chemin entre le statut d’un laïc et celui d’un religieux.
Au Moyen Age, les frontières entre les laïcs et les religieux étaient moins figées qu’on ne le pense.
Oblation :Du latin « oblatus », offert, le terme revêt au Moyen Age plusieurs acceptions : au sens large, il désignait toute personne laïque qui se donnait corps et bien à un monastère, sans toutefois s’agréger à la communauté, on les appelait aussi donnés, nourris, parfois convers . Au sens strict, il s’appliquait aux enfants offerts par leurs parents au monastère pour y recevoir une éducation et devenir moines ; mais sous l’influence désordres nouveaux du XIIe siècle cette pratique a. décliné pour laisser le libre choix pour celui qui postulait à la vie religieuse. (In Dictionnaire du Moyen Age )
L’enfant moine : Pour échapper à la misère du temps et aux difficultés qui n’épargnent pas les enfants, un moyen s’offre aux parents : confier leurs fils aux moines. Là il trouvera de quoi se nourrir, se vêtir et, ce qui est encore plus important pour l’homme du Moyen Age, de quoi faire son salut et celui des membres de sa famille. Les parents offraient volontiers leurs enfants dès leur tout jeune âge. La pratique de « l’oblation » est aussi ancienne que l’histoire du m. elle est courante dans le haut Moyen Age
(in l’enfance au Moyen Age, par Pierre Riche, spécialiste de l’éducation et Danièle Alexandre-Bidon, spécialiste de l’histoire de l’enfance, voir p.119 à 125 (oblation- la journée d’un petit moine).
Lisons dans Les enfants au Moyen Age :
Les externes du monastère :
Il arrive souvent que les familles aristocratique (puis, plus tard les familles de marchands) confient pour un temps leurs enfants aux moines pour qu’ils prennent en charge leur instruction. Pépin, fis de Charles Martel est placé très jeune au monastère de Saint Denis. Parfois sont établis entre l’abbé et les parents, des contrats qui précisent les conditions d’admission, le remise des biens (vêtements, literie) ou la durée de l’éducation.
Dans les vies d »e saints irlandais, on rencontre des cas d’enfants âges d’un ou deux ans, confiés à des moniales, réintégrés ensuite dans des monastères d’hommes. Mais ces exemples sont marginaux et, la grande majorité des documents nous montrent plutôt des enfants laissés vers cinq ou six ans, jusqu’à l’âge de dix ou douze ans ; a partir du début de l’époque carolingienne, avec l’essor de la christianisation qui entraîne l’entrée parfois massive des fils ou des filles d’aristocrates dans les monastères, les moines inquiets devant tous ces enfants qui troublent la vie de méditation, tentent de prendre des mesures ; pour ne pas mélanger ces écoliers avec ceux qui se préparent aux veux, le concile d’Aix de 817 prévoit une école intérieure destinée a accueillir les futurs moines et une école extérieure réservée aux laïcs ; Cette mesure est souvent répétée par la suite, preuve sans doute de son peu d’efficacité…
Aux XIe et XIIe siècles, les canonistes continuent à s’insurger contre ces jeunes enfants qui perturbent la vie monastique ; Ils rappellent aux moines qu’ils n’ont pas pour vocation d’enseigner et interdisent aux abbés d’accueillir des enfants destinés à la vie laïque. Pourtant au XIIe siècle encore, des enfants peuplent les monastères. N’oublions pas que les parents désireux de confier leur fille ou leur fils aux moines apportent de l’argent et des biens qui enrichissent les couvents. Dans l’empire germanique des Ixe-XIe siècles, les monastères accueillent largement les jeunes filles de l’aristocratie, plus souvent celles qui sont disgraciés par la nature ou pour lesquelles n’a pas prévue de dot. La formation y est à la fois manuelle et intellectuelle. Certaines restent moniales mais d’autres reviennent à la vie laïque. Le duc Liudolf, par exemple place ses 5 filles dans l’abbaye de Gandersheim ; Trois d’entre elles deviennent abbesses tandis que les deux autres se marient…
Ces abbayes ne sont pas complètement fermées. Parents et amis peuvent venir rendre visite à leur enfant. Les règlements demandent cependant que les rencontres se fassent dans un lieu public, parfois à travers une fenêtre grillagée.
L’oblation: Hildemar nous a laissé un commentaire de la règle de saint Benoît ( vers 845), qui a sans doute servi de manuel dans les monastères du Ixe siècle ; Il nous informe sur le rituel de l’oblation : lorsque l’enfant atteint l’âge de six ou sept ans, le père (ou, si ce dernier est décédé, la mère) vient le remettre à l’abbé, en joignant souvent une certaine somme d’argent ou un bien foncier. Il s’approche de l’autel central avec son fils qui tient du pain et de l’eau dans sa main. Là, devant témoins, il fait publiquement le voeu de le donner. L’enfant doit renoncer à sa part d’héritage qui, selon Hildemar (mais contrairement aux prescriptions de la règle de Saint-Benoît) doit être laissée au monastère. Il s’agit bien d’un abandon définitif de la vie laïque. A la fin du VIIIe siècle, les jeunes nobles qui sont offerts à l’abbaye de Saint-Martin de Tours doivent donner leurs cheveux et leurs armes pour qu’on les dépose sur le tombeau du saint, cérémonie de renoncement aux attributs symboliques de la laïcité aristocratique du haut Moyen Age ;
Suger, Guibert de Nogent, Hugues de Lincoln, Orderic Vital et Bède le Vénérable ont été confiés comme oblats…
Durant les premiers siècles médiévaux, l’oblation parentale est irrévocable et l’enfant, quelle que soit sa vocation, doit rester au monastère. Pour justifier l’aspect définitif du choix paternel, les législateurs s’appuient sur le canon 49 du concile de Tolède de 633 qui affirme qu’il existe deux manières de devenir moine : « soit par engagement paternel, soit par profession » ;…
Mais, progressivement, se développe l’idée selon laquelle l’oblation doit être acceptée par l’enfant. Déjà en 817, benoît d’Aniane exige la ratification du choix paternel par l’enfant lui-même…
Les nouveaux ordres tels que Cluny, Cîteaux, les Chartreux ou les Templiers, n’admettent pas l’oblation d’enfants, moins par rejet de l’institution elle-même, que parce que la présence d’enfants leur semble troubler. Le bon fonctionnement de la vie monastique ; Le nombre d’oblats décroît donc très rapidement à partir du XIIe siècle. Célestin III en 1194 autorise officiellement un oblat à résilier l’acte d’engagement de ses parents, lorsqu’il est pubère, puis au milieu du XVe siècle, martin V interdit définitivement l’oblation.
La vie au monastère :
Dans l’abbaye, la vie est scandée par les offices monastiques de la journée, auxquels les enfants doivent assister. Ils se lèvent très tôt (sans doute vers deux ou trois heures) pour réciter l’office nocturne et matines qui vont à l’école du monastère où, assis sur un tabouret autour de la chaire du maître, ils lisent et chantent des versets qu’ils apprennent. Lorsqu’ils savent leurs psaumes par cœur, ils doivent en réciter une partie devant l’abbé. La « règle du maître », au début du VIe siècle, fixe à trois le nombre d’heures d’enseignement au quotidien. Les coutumiers monastiques interdisent aux enfants de se parler et de se faire des signes pendant les cours. Les méthodes d’apprentissage ne diffèrent guère de celles que nous avons décrites dans les écoles paroissiales et épiscopales. Ensuite, après un autre office (sexte) ils se rendent en silence au réfectoire où ils sont étroitement surveillés. Ils doivent toujours être accompagnés par un moine lorsqu’ils sortent, même aux latrines ; après complies (vers dix-huit heures) toujours en silence, les novices se rendent au dortoir, séparé de celui des moines.
Rudes journées certes, mais souvent tempérées par des moments de détente et des jeux. Le maître, en effet, amène parfois les enfants dans un pré ou dans quelque lieu pour qu’ils puissent se détendre. On leur ménage des heures de récréation, de course à cheval, de baignades, de jeux avec des bâtons ou des cerceaux ou encore des activités de jardinage. Lors des grandes fêtes liturgiques, quelques jours de vacances leur sont accordés. En outre, les enfants ne sont pas obligés de respecter tous les jeûnes, surtout si l’on juge que leur état est trop faible pour les supporter ; Ils sont autorisés à manger plus souvent que les adultes (trois à quatre fois par jour) mais en plus petites quantités et encore parfois der la viande, contrairement à leurs aînés.
Lorsqu’ils sont malades, une attention toute particulière leur est accordée dans l’infirmerie. On es autorise parfois à retourner se coucher si ont voit qu’ils ont du mal à rester éveillés entres matines et laudes.
Autres précisions dans l’enfance au Moyen Age cité ci-dessus :
L’enfant dans les célébrations liturgiques :
Les enfants tiennent une grande place dans les monastères, nous l’avons dit (p.119), et participent à tous les offices, même la nuit, ce qui est héroïque. Les enfants à peine réveillés risquaient de se rendormir ; alors , nous dit le coutumier de Farfa, le maître appelait le somnolent et lui faisait tenir sur les bras un grand livre ouvert. Pourtant on tient compte de l’âge, et à Cluny, les retardataires ne sont pas soumis à faire amende honorable à l’ambon comme les moines adultes.
Les enfants ont une place particulière dans les processions, et l’on veille à ce que tout se déroule dans l’ordre. On raconte qu’à Saint-Gall, un prince avait tenté les enfants en procession en envoyant des fruits au milieu de l’église, mais pas un n’avait bronché. Une anecdote semblable se lit dans la « Vie » de la comtesse Mathilde : il s’agit du marquis de Roscane, boniface qui, se trouvant au monastère de Pomposa, tenta, sans succès, de détourner les petits enfants de leurs prières en leur envoyant cette fois quelques pièces de monnaie.
A Cluny, les enfants sont les premiers dans la procession, tout est réglé comme un ballet : lorsqu’il s’agit d’une procession funéraire où l’on porte le cercueil d’un défunt, ce sont les enfants qui avancent les premiers derrière la croix. Quand ils arrivent à la porte du vestibule, ils se tiennent face à face jusqu’à ce que la collecte « Absolve Domine. Soit dite par le prieur ; puis, peu à peu, une partie des enfants se retirent et s’éloignent de ceux qui portent la croix et les autres enseignes de la procession. Les enfants qui suivent jusqu’à l’église restent près de l’entrée pour entourer le mort, puis avancent jusqu’à l’autel de la Sainte croix et là, ils restent debout du côté gauche ; leur maître est au milieu d’eux pour ne pas qu’ils gênent le prêtre qui doit s’avancer trois fois vers l’autel. Lorsque la cérémonie est terminée, ils se déplacent du côté gauche vers le milieu de l’église et, tournés vers l’autel, ils chantent et récitent les psaumes. A toutes les processions qui ont lieu dans la clôture, les enfants marchent toujours derrière la croix.
Pour aller plus loin :
Les donnés au Moyen Age, une forme de vie religieuse laïque, v.1180-v.1500 :
A la fin du XXe siècle, des mouvements religieux laïcs se développent en Occident ; A coté des moines et des clercs, émerge une élite de laïcs qui s’implique dans un mode de vie à mi-chemin entre le statut d’un laïc et celui d’un religieux.
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