Question d'origine :
Où pourrez je trouver l'historique du cimetière de st genis laval
Merci d'avance
Réponse du Guichet
bml_reg
- Département : Documentation régionale
Le 18/06/2016 à 12h45
Bonjour,
Nous trouvons dans le livre Saint-Genis-Laval se raconte, de 1789 à 1924, un chapitre intitulé, « Ah ! Les cimetières de Saint-Genis-Laval ! », introduit comme suit:
« Connaissez-vous une commune qui, en 75 ans, s’est battue autour de cinq cimetières ? Sûrement pas s’il s’agit d’une bourgade de 2.300 à 3.000 habitants. Eh bien ! J’en connais une, et vous aussi : C’est la votre, lecteurs saint-genois… »
Nous apprenons de ce préambule l’existence de cinq cimetières, dont l’auteur nous dresse plus loin, « la liste approximativement chronologique » : le cimetière autour de l’église, le cimetière communal actuel, le cimetière de Beaunant qui n’a jamais existé, le cimetière des frères Maristes et celui des militaires.
Votre question porte sur l'histoire d'un seul lieu, nous supposons qu’il s'agit du cimetière communal actuel. Voici le passage du livre qui s’y rapporte (avec quelques coupures):
Dès les premiers temps de l’église les cimetières étaient généralement placés près du lieu saint. Mais, le 23 mai 1765 et le 10 mars 1776, la monarchie avait essayé de faire une législation pour obtenir le déplacement des cimetières et exiger un certain éloignement des habitations. Napoléon 1er par le décret du 19 juin 1804 établit un nouvel édit qui devait être appliqué sans délai, dans toutes les communes de France.
A Saint-Genis-laval, après une véritable bataille qui débuta dès 1805, il faudra attendre longtemps avant de voir le cimetière quitter le pourtour de l’église.
A la lecture du décret impérial 6 février 1805, plusieurs membres du conseil municipal firent observer que le cimetière, quoiqu’au centre de la ville, dominait toutes les maisons environnantes. Néanmoins, il fut décidé « que le maire, Roffavier, s’occuperait de la recherche d’un lieu convenable et que, lorsqu’il l’aurait trouvé, il demanderait à être autorisé à convoquer le conseil municipal pour lui faire part du succès de ses démarches, du prix d’achat ainsi que des frais… »
Le maire se met donc en quête de trouver un emplacement convenable, suivant les conditions exigées par la loi, et entre en pourparlers avec un dénommé Chipier qui n’accepte pas les conditions d’échange fixées par le conseil municipal. Quelques mois plus tard, apprenant la proposition de Mr Dela, Mr Chipier adresse au préfet une pétition dans laquelle il réitère son offre de céder un terrain à la commune et en indique les conditions.
Le préfet donne connaissance de cette lettre à Mr Fisicat, maire, le 14 juin, et le prie de ne pas différer plus longtemps pour prendre parti.
Le 22 juin 1806, le conseil est convoqué extraordinairement. Lecture faite de cette lettre, le maire invite les conseillers municipaux à opter pour une des deux propositions, en motivant les causes de leur détermination. Le conseil, à l’exception d’un seul membre qui a refusé de voter, donne unanimement la préférence à Mr Dela et accepte, en même temps, les 200f de Mr chipier – qu’il offre dans sa pétition du 27 mai ! – en supplément de la collecte déjà faite […]
Finalement, le nouveau cimetière ne fut établi qu’à quelques mètres de l’église – où se trouve actuellement le restaurant d’enfants – au milieu des habitations, malgré le décret impérial.
Les discussions reprennent le 14 mai 1828, lorsque le maire, le chevalier de Percey, fait observer que le cimetière, en contravention de la loi, se trouve encore placé près de l’église, au centre du bourg. Ce dernier désire donc, dès que les finances le permettront, que l’administration s’occupe d’acquérir un nouveau lieu qui réunisse tout ce que la loi exige.
Il faut attendre le 20 septembre 1841 pour que le préfet, dont la patience est à bout, fasse ressortir au maire de Saint-Genis-laval, « la nécessité de se conformer à la loi et de s’occuper, sans plus tarder, de la translation du cimetière ». Sinon, il se verrait obligé d’intervenir lui-même et de l’imposer d’office.
Après la réunion du conseil municipal du 8 novembre 1841, le maire fait un rapport écrit signalant le besoin de transférer le cimetière en raison de son peu d’entendue devant l’augmentation de la population. « En effet, il ne présente une superficie de 600m au plus et la moyenne de la mortalité est ordinairement de 55 à 60 décès par an. Aussi est-il arrivé qu’en creusant de nouvelles fosses, on trouve des cadavres imparfaitement consumés. »
A son tour, Mr Reverchon, maire, se lance dans la recherche d’un terrain avec, en tête, deux préoccupations essentielles : le choix de l’emplacement et le prix de l’acquisition. Après deux projets abandonnés en raison de leur prix, il s’intéresse plus particulièrement à la propriété des héritiers Carret qui se vend en « détail ». Estimant l’emplacement et le prix convenables, Mr Reverchon expose le résultat de ses recherches au conseil municipal. Mais, encore une fois, la nécessité et l’urgence de supprimer le cimetière actuel sont remis en délibération. La proposition- de nouveau ! – est rejetée par la majorité mais 11 membres du conseil – sur 17 – se réservent de présenter un terrain dès lors que le préfet prendra un arrêté pour obliger la commune à changer son cimetière.
Le 10 janvier 1842, sur une demande du préfet, le maire réunit son conseil pour délibérer sur le transfert du cimetière. Une commission de quatre membres est alors nommée pour choisir et acquérir – sans délai ! – terrain réunissant les conditions prévues par la loi. La commission peut procéder à la majorité de ses membres avec approbation du conseil municipal et de l’autorité supérieure.
Le 6 février, la commission propose le résultat de ses démarches. « L’avis de la majorité de la commission désigne une parcelle de fonds située au lieu-dit des Loyes, d’une contenance d’environ 33 ares, appartenant aux consorts Martin ». A la majorité de 12 voix contre une, considérant le lieu, la composition du terrain et le prix convenables, le conseil autorise le maire à acquérir, au nom de la commune, la propriété au prix de 2.99,93f pour y établir le cimetière, celui que nous connaissons.
L’acquisition étant faite, le 5 mai de la même année, le conseil décide alors de s’occuper de la division du sol et d’un tarif pour la vente des terrains destinés aux inhumations particulières. Le conseil, à l’unanimité, adopte les dispositions suivantes. Le sol du nouveau cimetière sera divisé en quatre parties : Un terrain étant réservé aux sépultures publiques, on désigne un emplacement de 30 m pour recevoir les enfants morts sans baptêmes et les étrangers inconnus, décédés sur le territoire de la commune. Les personnes qui ne sont pas du culte catholique bénéficièrent d’un emplacement de même étendue tandis qu’il restait une parcelle à concéder pour les « Inhumations particulières ».
L’ancien cimetière, autour de l’église, fut supprimé en 1843.
Une notice dans l'ouvrage, Saint-Genis-Laval / Département du Rhône, Comité du pré inventaire des monuments et richesses artistiques nous apporte sur le cimetière communal les informations supplémentaires suivantes :
Au XVIIe et au XVIIIe siècle, on enterrait les défunts autant à l'intérieur de l'église paroissiale, que dans ses abords (cf.Atlas de 1788 et Chanoine CARTELLIER, op. cité, p.343)
Le cimetière actuel (avenue Frère Benoît) a été aménagé en 1842 au lieu-dit "les Loyes". Il a été agrandi successivement en 1866, 1886, 1912 et 1929.
La plus ancienne tombe date de 1844 (famille Pitrat-Guinet)
- Monument des prêtres de la paroisse, Pierre de Tournus, signé Fabisch; caveau surmonté d'une croix sculptée d'un Christ. Le chanoine Joseph CARTELLIER y a été inhumé en 1931.
Tombes de personnes célèbres:
- Le sculpteur J.B Cony, né à Panissières (Loire), décédé à Lyon le 6 juin 1875 dans sa 46e année;
- Jacques-Léon Paliard (1825-1907), musicien ;
- Edouard Millaud (1834-1912), membre de la chambre des députés, sénateur et ministre ;
- Mathieu Jaboulay (1860-1913), professeur de médecine ; tombe signée Cony sculpteur ;
- Michel-Marie-Léon Chapuis (1860-1934), musicien
- Francisque Darcieux (1880-1951), musicien ;
- Jacques Claverollas (1883-1959), peintre.
Le sculpteur Cony réalisa entre 1860 et 1871 un certain nombre de tombeaux (Dupouy, jouffrey, Chavagny, Henri-Feuillet ; cf.Archives de Lyon, dossier Cony, II 71)
Il y avait en Outre un cimetière aux Recollets (cf. Edifices religieux), de même que la congrégation des frères Maristes du Montet possède toujours le sien.
Nous avons vu plus haut que le cimetière actuel a été aménagé en 1842 au lieu-dit "les Loyes". Nous trouvons pour ce lieu-dit la notice suivante dans le livre Rues Saint-Genoises : origine de leurs noms, biographies des personnalités, lieux-dits, édifices publics, etc... :
« Ancien hameau et Lieu-dit attesté en 1414 : « apud les Loyes » - [Fichier Gonon] et même 1260 [cf2 Vial/Bouriot -2-p.202], puis de nouveau en 1547 (« au territoire des Loyes »). Ce lieu-dit ne se situait pas dans la zone ainsi désignée sur le plan municipal de 1980 (D.8), mais beaucoup plus au nord, entre le cimetière actuel et le fort Côte lorette. C’est sur ce territoire que se dressait le château où résida le pape Clément V lors de son séjour à Lyon en 1305.
A l’appui de nos dires, nous remarquons qu’au cadastre de 1822 les deux toponymes « la Plumassière et les Loyes » sont accolés sous une désignation unique. D’autre part, la rue de l’Egalité qui monte au cimetière était, jusqu’au 5 décembre 1918, dénommée Côte des Loyes […]
D’après Dauzat; loye, le loye, louye dériverait du germanique uja, prairie.
A savoir :
- Association Saint-Genoise du Patrimoine des Arts et des Lettres
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