Question d'origine :
Bonjour,
Avez-vous des informations sur le collectif d’artistes « Témoignage » ?
Quelle époque ? Quel style ? Quels artistes ?
Merci
Réponse du Guichet
bml_art
- Département : Arts et Loisirs
Le 15/10/2016 à 14h37
Nous possédons de très nombreux documents sur le groupe «
Dictionnaire historique de Lyon / Patrice Béghain, Bruno Benoit, Gérard Corneloup, Bruno Thévenon, p. 1269-1270 :
«
Plus que toutes les autres aventures de l'avant-garde artistique lyonnaise au 20e siècle, la naissance en 1936 du groupe
Une autre exposition suit à Grenoble (Isère) dans une galerie de mobilier contemporain et une revue naît, Le Poids du Monde, dont le premier numéro paraît au printemps 1937. Le groupe s'affirme par sa présence à nouveau au Salon d'automne en 1937 et 1938 et à l'occasion de deux expositions parisiennes organisées en 1938 et 1939, à la suite d'une rencontre suscitée par le peintre Lucien Beyer (1908-1981), grâce à René Breteau, dans sa galerie Matières, rue des Canettes, bientôt transférée rue Bonaparte sous l'intitulé Matières et Formes ; en décembre 1938, Burlet a accueilli à Lyon une exposition du groupe dans son atelier. Deux autres numéros du Poids du monde paraissent dans le premier semestre 1939 et, du 30 novembre au 31 décembre 1940, le quatrième et dernier numéro sert de catalogue à l'exposition présentée à la galerie Folklore par Marcel Michaud, dont la forte personnalité structure dès lors les activités du groupe, présent à nouveau à Folklore en 1941, 1942 et 1943, dans un contexte de dispersion des artistes, en raison de la guerre.
Une histoire de la peinture à Lyon / Patrice Béghain.
Très beau livre illustré qui, à l’année 1936, décrit l’histoire du groupe
« En octobre 1937, le Salon d'automne accueille cette fois le groupe
Rappelant [Marcel Michaud] la dimension régionale, qui semble trouver un écho nouveau, dans le contexte issu de la défaite, qui place Lyon, en zone libre, dans une situation favorable - « Ce groupe fut formé à Lyon en 1936 et tient à rester provincial » -, il précise à nouveau l'esprit de rupture de
On ne peut manquer de constater que la réaffirmation, autour du groupe
Lyon 2000 : histoire des arts plastiques à Lyon au XXe siècle / Alain Vollerin.
Le chapitre 5 est entièrement consacré au groupe
« Le groupe Témoignage de Lyon, emmené par le poète et galeriste Marcel Michaud, César Geoffray le musicien, alors installé à Moly-Sabata, l'architecte et peintre Louis Thomas et son ami Léon Reymond, René Burlet et Joseph Silvant, est une fascinante aventure, née à Lyon. Elle symbolise une farouche volonté de sortir de l'influence cézannienne, et de célébrer le Surréalisme et l’Art spiritualisé. Elle sera, en partie dominée, par une admiration pour la manière de Pablo Picasso. Enfin, elle est soutenue par une propension à l'ésotérisme. Le groupe édita une mince revue "le Poids du monde" ornée de cette maxime :le poids du monde repose sur les sensibles, avec comme sous-titre facultatif : malgré le poids du monde notre cœur bat et écoute. Le numéro trois fut suivi de cette indication : « collection paraissant suivant le rythme de nos vies ». Sensibles, ils le sont tous, et même hypersensibles, révoltés par les pouvoirs en place. René Burlet constate avec passion, dans le troisième cahier (quatre seront rédigés) : « L'Art est massacré, pollué, commissionné, comme ce système économique, sans cœur, consciemment dirigé vers la haine. Il broie le moindre élan désintéressé »…
… Le déclic naîtra de la rencontre entre Marcel Michaud et ce groupe d'idéalistes, d'extrémistes même, enflammés par l'ardeur de leurs convictions, dont plusieurs sont élèves à l'école des Beaux-Arts de Lyon. Marcel Michaud résumera l'enthousiasme qui les animait tous : « Nous étions jeunes et balbutiants, c'est ce qui explique la naïveté un peu ampoulée de certaines déclarations. C'est pourquoi, nous sentant héritiers surchargés, nous n'avions pour ambition que de donner témoignage de ferveur, de reconnaissance et de foi. » Voici la racine du nom de Témoignage, mis à jour par Marcel Michaud. (…) René Burlet, militant surdéterminé est la cheville ouvrière du groupe Témoignage de Lyon.
Léon Reymond se révoltera comprenant que l'aspect "spiritualisé" de cette réunion d'artistes est en danger, lorsque la décision sera prise, en 1938, d'exclure Burlet et Silvant, de l'exposition qui se prépare chez René Breteau, à Paris…»
Groupe Témoignage : 1936-1943 : Musée des beaux-arts, Lyon, 1976.
Voici comment Marcel Michaud dresse l’historique du groupe «
« Par affinités de recherches, de sympathie pour l'effort et l'apport si important de ces cinquante dernières années (effort et apport tellement ignorés en Province : cubistes, surréalistes, retour à l'esprit), nous nous sommes réunis sans autre but, au début, que d'échanger nos idées, que de rendre hommage aux aînés sur la brèche. Ceci aurait été banal à Paris, mais pas en Province où tout ce qui compte dans la vie contemporaine avant la consécration de l'histoire et du catalogue est ridiculisé.
Cette union était déjà symptomatique. Au fond, «
Puis, après, quelques amis viennent nous rejoindre : Etienne Martin, sculpteur de Loriol, actuellement à Paris, Lucien Beyer, peintre lyonnais, actuellement à Paris, puis, par le fil de la Vierge des affinités toujours, Raymonde In Albon, Bertholle, peintre dijonnais, actuellement à Paris, Le Moal, peintre breton aussi à Paris, Kieffer, peintre à Lyon, Silvant, peintre lyonnais, actuellement à Paris, Jacques Porte, compositeur à Grenoble, Varbanesco, peintre à Grenoble, Manessier, peintre à Paris, Duraz, poète à Lyon, Sthali, sculpteur à Paris, Burlet, peintre à Lyon, et Kaiser, peintre à Lyon.
Tous ces artistes (ou plus exactement ces hommes inquiets de leur temps) se sont groupés spontanément par affinités, un peu, toutes proportions gardées au point de vue qualité, comme Baudelaire parisien a reconnu Edgar Poe américain.
Donc d'abord, estime, amitié, échanges de livres, échanges d'idées, puis, tout naturellement par besoin de réaction, manifestations publiques, articles, revue, théâtre, expositions. Chacun de nous considère ces manifestations simplement comme un témoignage de vitalité indépendant et tendu vers le haut.
Première exposition en 1936, à Lyon, dans une salle mise avec désintéressement et courage à notre disposition par le Salon d'Automne.
Deuxième manifestation, la revue du « Poids du Monde », en 1937.
Troisième manifestation, exposition à Grenoble dans le magasin de l'Equipement de la Maison.
Quatrième manifestation, exposition à Lyon en 1937, toujours au Salon d'Automne.
Cinquième manifestation, exposition à Paris, à la Galerie Matière.
Exposition visitée et appréciée par la plupart des artistes et des critiques en renom (Zervos, Picasso, Max Ernst, etc...).
Sixième manifestation, exposition à Lyon, cette année, au Salon d'Automne.
Nous ne parlons pas de «Folklore» qui pourtant se rattache par plusieurs côtés au groupe
Chacun de nous exprime, dans un style et une pensée différents, le désir d'un retour à l'esprit. Art de signification plus que de représentation, simple témoignage d'un effort, d'une lutte contre le lieu commun, contre la mode, en marge autant que possible des chemins frayés par nos aînés - que nous estimons - Témoignage d'indépendance et de poésie sans souci de réussite. Témoignage d'un effort pour créer, en tenant compte de l'apport de ces dernières années, mais en toute indépendance. Tous, tout en estimant l'effort des cubistes et des surréalistes, nous essayons d'échapper à leur emprise. Déjà il est possible de remarquer à «
L’ouvrage présente chaque artiste de l’exposition, avec la liste complète des œuvres exposées, ainsi que des illustrations de certains tableaux en noir et blanc.
Peintres à Lyon : portraits d'artistes du XXe siècle / texte de Jean-Jacques Lerrant.
Le critique d’art Jean-Jacques Lerrant fait cette mise au point concernant le groupe Témoignage, p. 73 :
« Bernard Gavoty, dans le catalogue de l'exposition de L'Espace lyonnais d'art contemporain consacrée en 1989 à Marcel Michaud, s'est efforcé d'éclaircir l'histoire. I1 énumère les treize artistes, écrivains, musiciens qui forment le « tronc commun » des premières expositions de Témoignage, celles qu'il considère comme authentiques et cohérentes. Après la dispersion du groupe lors de la guerre de 39-40, le directeur de Folklore avait prolongé, arbitrairement selon les pionniers, les expositions sous cette étiquette jusqu'en 1947 et ajouté, de son fait, des membres nouveaux. Les treize indiscutables sont donc : Jean Bertholle, Lucien Beyer, René-Maria Burlet, Jean Duraz, César Geoffray, Jean Le Moal, Étienne-Martin, Marcel Michaud, Jacques Porte, Joseph Silvant, François Stahly, Louis Thomas, Dimitri Varbanesco. »
Témoignage : nous ne nous tairons pas
« Créé à l’occasion du Salon d’Automne de Lyon en 1936, le groupe
La plupart des expositions ont été l'occasion de réunions publiques, lectures de poèmes, auditions d'œuvres musicales, conférences sur l'Art moderne.
Marcel MICHAUD est à l'origine de
C'est de LYON que sont parties les initiatives et c'est dans cette ville provinciale que s'est affirmée une approche collective. L'idée de Marcel MICHAUD " l'animateur " du groupe, étant en fait de réunir ses camarades et sa galerie. Il n'avait pas d'objectifs formels plastiques déterminés, son point de vue étant avant tout littéraire.
On peut cependant noter une orientation mystique due sans doute à son goût pour le symbolisme et le surréalisme.
Les thèses fondamentales défendues par
En 1937, Marcel MICHAUD fonde avec René Marie BURLET, la revue " LE POIDS DU MONDE ". Pour l'époque, cette revue est militante et véhicule l'idée d'avant-garde.
Les artistes de
Le Groupe s'est constitué spontanément pour " fixer des témoignages ". Il s'est appuyé sur des individualités avec un profond respect des convictions religieuses ou politiques.
Marcel MICHAUD et
Bien qu'aucune approche théorique n'ait été définie, les œuvres des artistes de Témoignage possèdent des caractéristiques formelles souvent proches :
- des emprunts formels au cubisme
- une géométrisation des figures, des plans,
- des champs colorés
- une présence de motifs figuratifs à caractère souvent symbolique, allégorique ou métaphorique.
A partir de 1940,
Marcel MICHAUD a permis à de jeunes artistes d'amorcer une carrière artistique, ou de se rencontrer. Ses galeries Folklore et Stylclair à LYON, MAI à PARIS ont favorisé des échanges nationaux et internationaux, mais étant seul, face aux pouvoirs publics, face au grand public, il n'a pu mener à terme tous ses espoirs. »
Le Poids du monde : repose sur les sensibles.
Les trois premiers numéros de la revue Le Poids du monde.
Le poids du monde, Marcel Michaud, 1898-1958 : exposition, Lyon, Musée des beaux-arts de Lyon, 22 octobre 2011-23 janvier 2012, organisée avec la collaboration de l'Institut national d'histoire de l'art et de l'Université Lyon 2.
Beau livre, richement documenté et illustré, retraçant la biographie de Marcel Michaud et son oeuvre.
Le groupe Témoignage de Lyon, 1936-1940 / Alain Vollerin.
Ouvrage entièrement écrit sur le sujet, présentant 16 protagonistes majeurs du groupe, abondamment illustré en couleur.
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