Question d'origine :
Bonjour,
J'ai une question portant sur l'accord de nul employé en tant que déterminant. Je suis conscient que de nombreux sites et livres traitent du sujet, mais je n'ai pas obtenu une réponse vraiment satisfaisante pour le cas précis qui m'intéresse...
Soit la phrase :
"[Nul] femme, fleur, dieu ne prend..."
Devrait-on faire l'accord comme avec aucun, et laisser nul au masculin singulier, alors qu'il est placé devant femme ?
Mais j'imagine assez mal : "Aucun femme, fleur, dieu..."
Faudrait-il donc faire l'accord avec le mot le plus proche ("Aucune femme, fleur, dieu...") ?
Ou devrait-on audacieusement écrire :
"Nuls femme, fleur, dieu, ne prennent..." ?
La répétition du déterminant résoudrait sans doute le problème, mais j'aimerais avoir une réponse sur ce cas précis, même s'il ne relève pas de l'usage, et qu'il n'existe donc probablement pas de règle-référence... L'accord le moins insatisfaisant, disons.
Je vous remercie beaucoup par avance.
Réponse du Guichet
gds_ah
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 03/12/2015 à 11h00
Bonjour,
Voici ce que nous dit le Bon Usage Grevisse d’ André Goosse :
Page 932 :
"AUCUN et NUL s’emploient le plus souvent au singulier . Ils s’emploient au pluriel devant des noms qui n’ont pas de singulier ou qui prennent au pluriel un sens particulier :
Il ne fait AUCUNS frais inutiles (Martin du G., Devenir ! Pl. p. 190)
Ils n’ont fouillé NULLES entrailles (Saint-John Perse, Oiseaux, XII)
(…)
La langue écrite, surtout littéraire, continue (Cf. Hist.) à utiliser le pluriel devant d’autres noms que ceux qui sont prévus ci-dessus :
(…)
NULLES Paroles n’égaleront jamais la tendresse d’un tel langage (Musset, Nouvelles, Emmeline, V). – On ne doit surcharger NULLES créatures (France, sept femmes de la Barbe-Bleue, p.77). – NULS hommes plus libres au monde (R. Rolland, Jean-Chr.t.VII, p. 58).- Ils avaient souffert plus que NULLES autres populations de la France (Hanotaux, Jeanne d’Arc, II, 1).- Dans l’ex. suivant, le verbe implique le plur. (cf §748, Rem. 1) : NULS chefs ne s’affrontaient (Péguy, tapisseries, p. 20). (…)
Hist. – Aucun et Nul se sont employés couramment au pluriel jusqu’au XVIIIe s. : il ne garda AUCUNES mesures (Boss. Hist. Des var., VII). – (…) Il n’y a NULS vice extérieurs et NULS défauts du corps qui ne soient aperçus par les enfants (La Br. XI, 54)."
Le site Grammaire aidenet confirme ce que dit le Grevisse, à savoir que Nul est souvent utilisé au singulier:
" A - Signifiant "aucun, pas un" se place devant le nom et ne s'emploie en règle générale qu'au singulier :
- Nul être humain au monde n'en est capable. ("Nul" s'accorde avec "être humain" qui est masculin singulier)."
Dans votre cas, il faudrait peut-être privilégier le singulier, si vous ne donnez pas un sens particulier à la phrase, et répéter le déterminant NUL, (en l'accordant à chaque nom qu'il précède), pour être exacte. Le Grevisse, nous en donne un exemple :
"NUL astre d’ailleurs, NULS vestiges / De soleil […] pour illuminer ces prodiges / […] ! (Baudel. Fl. Du m. Rêve parisien)"
Le dictionnaire du CNRTL donne un exemple et confirme aussi la règle dans une remarque :
Exemple :
" ... quelques aigles planaient dans le ciel bleu, on eût dit que jamaisnul bruit, nul chant, nulle clameur de guerre, nulles fanfares de fêtes n'avaient troublé ce lieu paisible qui semble endormi d'un sommeil plein de sourires... DU CAMP, Nil, 1854, p.78.
Rem. S'emploie auj. encore au plur. avec des subst. comme dans l'ex. no1 qui n'ont pas de sing. ou qui ont un sens partic. au plur.: nulles funérailles, nuls frais. Il ne me rapporterait nuls gages que je n'en voudrais point d'autre! (CLAUDEL, Soul., 1944, 1repart., 1rejournée, 8, p.973). (…)"
Voici ce que nous dit le Bon Usage Grevisse d’ André Goosse :
Page 932 :
"
Il ne fait AUCUNS frais inutiles (Martin du G., Devenir ! Pl. p. 190)
Ils n’ont fouillé NULLES entrailles (Saint-John Perse, Oiseaux, XII)
(…)
La langue écrite, surtout littéraire, continue (Cf. Hist.) à utiliser le pluriel devant d’autres noms que ceux qui sont prévus ci-dessus :
(…)
NULLES Paroles n’égaleront jamais la tendresse d’un tel langage (Musset, Nouvelles, Emmeline, V). – On ne doit surcharger NULLES créatures (France, sept femmes de la Barbe-Bleue, p.77). – NULS hommes plus libres au monde (R. Rolland, Jean-Chr.t.VII, p. 58).- Ils avaient souffert plus que NULLES autres populations de la France (Hanotaux, Jeanne d’Arc, II, 1).- Dans l’ex. suivant, le verbe implique le plur. (cf §748, Rem. 1) : NULS chefs ne s’affrontaient (Péguy, tapisseries, p. 20). (…)
Hist. – Aucun et Nul se sont employés couramment au pluriel jusqu’au XVIIIe s. : il ne garda AUCUNES mesures (Boss. Hist. Des var., VII). – (…) Il n’y a NULS vice extérieurs et NULS défauts du corps qui ne soient aperçus par les enfants (La Br. XI, 54)."
Le site Grammaire aidenet confirme ce que dit le Grevisse, à savoir que Nul est souvent utilisé au singulier:
" A - Signifiant "aucun, pas un" se place devant le nom et ne s'emploie en règle générale qu'au singulier :
- Nul être humain au monde n'en est capable. ("Nul" s'accorde avec "être humain" qui est masculin singulier)."
Dans votre cas, il faudrait peut-être privilégier le singulier, si vous ne donnez pas un sens particulier à la phrase, et répéter le déterminant NUL, (en l'accordant à chaque nom qu'il précède), pour être exacte. Le Grevisse, nous en donne un exemple :
"NUL astre d’ailleurs, NULS vestiges / De soleil […] pour illuminer ces prodiges / […] ! (Baudel. Fl. Du m. Rêve parisien)"
Le dictionnaire du CNRTL donne un exemple et confirme aussi la règle dans une remarque :
Exemple :
" ... quelques aigles planaient dans le ciel bleu, on eût dit que jamais
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