Question d'origine :
Bonjour cher GDS,
des années que je ne t'ai pas contacté mais rassure-toi tu n'es pas redescendu dans mon estime pour autant. Je pense souvent à toi.
Là, c'en est trop, j'ai une question!
J'ai passé ma semaine dernière couché au fond de mon lit à cause d'une vilaine grippe (3 jours à dormir entre 15 et 20h/jour). Et voilà que je reviens au travail vendredi où j'évite soigneusement tout contact physique pour prendre soin de mes collègues. Je te le donne en mille : aucun homme n'a commenté mon état plus que ça et les deux femmes à qui j'en ai parlé se sont moquées de moi comme quoi nous les hommes nous étions des petites natures.
Retour à la maison, mon épouse me recite les fois où elle avait eu la grippe et le fait qu'elle était debout. Abattue mais debout. Ce qui corroborerait cette croyance populaire si nous considérons que nous pouvons généraliser de nos deux cas individuels.
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Ma question :
Est-ce que pour une même infection (une même "intensité", une même santé initiale), les femmes sont plus fortes que les hommes pour combattre le virus ?
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Voilà voilà je te remercie de ton analyse fine et crois moi que j'ai presque hâte qu'elle soit un peu enrhumée pour me venger en les charriant.
@ Bientôt.
Charlie
Réponse du Guichet
gds_alc
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 13/04/2016 à 12h57
Cher Charlie,
Votre question mérite deux approches différentes. On pourrait tout d’abord l’aborder sous l’angle de la théorie des genres. L’image de la masculinité renvoyant encore aux stéréotypes de l’homme viril et gaillard explique vraisemblablement la moquerie de vos collègues (à ce sujet nous vous renvoyons sur la bibliographie Masculinités proposée par Le Point G) .
Ces clichés, nombreux, perdurent et impactent considérablement notre quotidien, le domaine médical y compris. En 2014 l’article "Les stéréotypes homme-femme mauvais pour la santé" publié sur lexpress montrait combien ceux-ci pesaient sur les diagnostics médicaux :
Les représentations sociales liées au genre du patient peuvent influencer le diagnostic du médecin, souligne une note de l'Institut national de la santé et de la recherche médical (Inserm). Explications avec Catherine Vidal, membre du comité d'éthique.
La dépression est-elle plutôt une "maladie de femme"? L'infarctus touche-t-il surtout les hommes? Des membres du comité d'éthique de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale, ont publié mardi une note évoquant les discriminations liées au sexe et au genre dans le domaine de la santé. Décryptage avec Catherine Vidal, neurobiologiste, directrice de recherche à l'Institut Pasteur et membre du groupe "genre et recherche en santé" du comité d'éthique de l'Inserm.
L’article donne ainsi quelques exemples dont celui de l'infarctus du myocarde, longtemps sous-diagnostiqué chez les femmes. Des études ont montré que pour le corps médical, il s'agissait d'une maladie touchant particulièrement des hommes, stressés par leur travail. Quand une femme se présentait se plaignant de fatigue et d'essoufflement, les docteurs avaient plutôt tendance à la trouver angoissée et à lui prescrire des tranquillisants...
Mais les hommes sont tout autant touchés puisque les hommes souffrant d'ostéoporose ont eux aussi souffert de sous-diagnostic.
Ceci étant dit, pour répondre à votre question d’une manière plus scientifique nous sommes désormais en mesure de dire que, dans le cas de la grippe, les hommes souffrent plus que les femmes :
Selon une étude américaine, les œstrogènes protègeraient les femmes contre le virus de la grippe. Cela pourrait expliquer pourquoi les hommes semblent souffrir davantage quand ils en sont victimes .
C’est un constat qui fait souvent sourire les femmes : quand un homme est malade, il a tendance à exagérer sa souffrance. En anglais, cela a même un nom, le "man flu" (ou grippe de l’homme), une expression pour désigner le fait que quand un homme a un petit rhume, il est persuadé de souffrir d’une grippe carabinée.
Mais ce cliché ne serait pas si éloigné que ça de la réalité. Selon une étude publiée récemment dans l’American Journal of Physiology, les œstrogènes, une hormone sexuelle féminine, ont un effet antiviral sur le virus de la grippe, ce qui expliquerait que les hommes soient plus durement touchés par la maladie.
Les chercheurs de l’Université Johns-Hopkins à Baltimore, dans le Maryland, souhaitaient découvrir si les œstrogènes avaient ou non un effet sur le développement et la reproduction du virus de la grippe. Ils ont tout d’abord exposé des cellules nasales saines (issues d’hommes et de femmes) à des œstrogènes et à une catégorie de médicaments appelés les modulateurs sélectifs des récepteurs aux œstrogènes (SERM). Les récepteurs cellulaires activés par les œstrogènes sont aussi stimulés par les SERM, qui produisent un effet comparables aux œstrogènes. Ils ont ensuite mis ces cellules au contact du virus de la grippe.
► Ce que l'étude a montré : les femmes plus résistantes
Suite à cette contamination, les cellules féminines traitées aux œstrogènes ou aux SERM entre 72 et 24 heures précédent l’infection ont montré une meilleure résistance. La charge virale présente dans les cultures de cellules nasales y était bien plus faible que chez les cellules mâles traitées également aux œstrogènes.
► Ce qu'il faut en conclure : les œstrogènes, un protecteur de la santé des femmes
Ces résultats laissent penser que les œstrogènes ont des propriétés antivirales spécifiques aux femmes, et montrent que même après traitement, les cellules nasales mâles ne sont pas plus résistantes à l’infection. Selon les chercheurs, les œstrogènes inoculés pendant l’étude auraient interagi avec des récepteurs situées dans les cellules nasales, qui se lient eux-mêmes à d’autres molécules pour produire une réponse immunitaire efficace.
"D’autres études ont montré que les œstrogènes ont des propriétés antivirales contre le VIH, Ebola et les hépatites", indique Sabra Klein, qui a mené cette recherche. "Cette étude est la première à identifier les récepteurs responsables de l’effet antiviral des œstrogènes, ce qui nous met sur la voie d'une compréhension des mécanismes instigateurs de cet effet antiviral."
Source : « L'étude santé du jour : si si, les hommes souffrent vraiment plus que les femmes quand ils ont la grippe », sur metronews.fr ; voir aussi l’article publié sur femmeactuelle.fr.
Cette étude, "Estrogenic compounds reduce influenza A virus replication in primary human nasal epithelial cells derived from female, but not male, donors”,
Jackye Peretz, Andrew Pekosz, Andrew P. Lane, Sabra L. Klein a été publiée dans American Journal of Physiology - Lung Cellular and Molecular Physiology le 18 December 2015.
Vous en trouverez mention dans la presse anglo-saxonne dont le dailymail.co.uk, telegraph.co.uk, huffingtonpost.com.
Votre question mérite deux approches différentes. On pourrait tout d’abord l’aborder sous l’angle de la théorie des genres. L’image de la masculinité renvoyant encore aux stéréotypes de l’homme viril et gaillard explique vraisemblablement la moquerie de vos collègues (à ce sujet nous vous renvoyons sur la bibliographie Masculinités proposée par Le Point G) .
Ces clichés, nombreux, perdurent et impactent considérablement notre quotidien, le domaine médical y compris. En 2014 l’article "Les stéréotypes homme-femme mauvais pour la santé" publié sur lexpress montrait combien ceux-ci pesaient sur les diagnostics médicaux :
Les représentations sociales liées au genre du patient peuvent influencer le diagnostic du médecin, souligne une note de l'Institut national de la santé et de la recherche médical (Inserm). Explications avec Catherine Vidal, membre du comité d'éthique.
La dépression est-elle plutôt une "maladie de femme"? L'infarctus touche-t-il surtout les hommes? Des membres du comité d'éthique de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale, ont publié mardi une note évoquant les discriminations liées au sexe et au genre dans le domaine de la santé. Décryptage avec Catherine Vidal, neurobiologiste, directrice de recherche à l'Institut Pasteur et membre du groupe "genre et recherche en santé" du comité d'éthique de l'Inserm.
L’article donne ainsi quelques exemples dont celui de l'infarctus du myocarde, longtemps sous-diagnostiqué chez les femmes. Des études ont montré que pour le corps médical, il s'agissait d'une maladie touchant particulièrement des hommes, stressés par leur travail. Quand une femme se présentait se plaignant de fatigue et d'essoufflement, les docteurs avaient plutôt tendance à la trouver angoissée et à lui prescrire des tranquillisants...
Mais les hommes sont tout autant touchés puisque les hommes souffrant d'ostéoporose ont eux aussi souffert de sous-diagnostic.
Ceci étant dit, pour répondre à votre question d’une manière plus scientifique nous sommes désormais en mesure de dire que, dans le cas de la grippe, les hommes souffrent plus que les femmes :
Selon une étude américaine,
C’est un constat qui fait souvent sourire les femmes : quand un homme est malade, il a tendance à exagérer sa souffrance. En anglais, cela a même un nom, le "man flu" (ou grippe de l’homme), une expression pour désigner le fait que quand un homme a un petit rhume, il est persuadé de souffrir d’une grippe carabinée.
Mais ce cliché ne serait pas si éloigné que ça de la réalité. Selon une étude publiée récemment dans l’American Journal of Physiology, les œstrogènes, une hormone sexuelle féminine, ont un effet antiviral sur le virus de la grippe, ce qui expliquerait que les hommes soient plus durement touchés par la maladie.
Les chercheurs de l’Université Johns-Hopkins à Baltimore, dans le Maryland, souhaitaient découvrir si les œstrogènes avaient ou non un effet sur le développement et la reproduction du virus de la grippe. Ils ont tout d’abord exposé des cellules nasales saines (issues d’hommes et de femmes) à des œstrogènes et à une catégorie de médicaments appelés les modulateurs sélectifs des récepteurs aux œstrogènes (SERM). Les récepteurs cellulaires activés par les œstrogènes sont aussi stimulés par les SERM, qui produisent un effet comparables aux œstrogènes. Ils ont ensuite mis ces cellules au contact du virus de la grippe.
► Ce que l'étude a montré : les femmes plus résistantes
Suite à cette contamination, les cellules féminines traitées aux œstrogènes ou aux SERM entre 72 et 24 heures précédent l’infection ont montré une meilleure résistance. La charge virale présente dans les cultures de cellules nasales y était bien plus faible que chez les cellules mâles traitées également aux œstrogènes.
► Ce qu'il faut en conclure : les œstrogènes, un protecteur de la santé des femmes
Ces résultats laissent penser que les œstrogènes ont des propriétés antivirales spécifiques aux femmes, et montrent que même après traitement, les cellules nasales mâles ne sont pas plus résistantes à l’infection. Selon les chercheurs, les œstrogènes inoculés pendant l’étude auraient interagi avec des récepteurs situées dans les cellules nasales, qui se lient eux-mêmes à d’autres molécules pour produire une réponse immunitaire efficace.
"D’autres études ont montré que les œstrogènes ont des propriétés antivirales contre le VIH, Ebola et les hépatites", indique Sabra Klein, qui a mené cette recherche. "Cette étude est la première à identifier les récepteurs responsables de l’effet antiviral des œstrogènes, ce qui nous met sur la voie d'une compréhension des mécanismes instigateurs de cet effet antiviral."
Source : « L'étude santé du jour : si si, les hommes souffrent vraiment plus que les femmes quand ils ont la grippe », sur metronews.fr ; voir aussi l’article publié sur femmeactuelle.fr.
Cette étude, "Estrogenic compounds reduce influenza A virus replication in primary human nasal epithelial cells derived from female, but not male, donors”,
Jackye Peretz, Andrew Pekosz, Andrew P. Lane, Sabra L. Klein a été publiée dans American Journal of Physiology - Lung Cellular and Molecular Physiology le 18 December 2015.
Vous en trouverez mention dans la presse anglo-saxonne dont le dailymail.co.uk, telegraph.co.uk, huffingtonpost.com.
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