Question d'origine :
Bonjour,
> OBJET : Gérard de NERVAL / Fantaisie / "UN CHÂTEAU DE BRIQUE À COINS DE PIERRES"
Dans le poème de Gérard de NERVAL intitulé : "Fantaisie", est-ce que l'on sait si l'évocation d' "un château de brique à coins de pierres" est le simple effet de la fantaisie de l'auteur ou bien si elle se réfère à un site particulier et, si oui, lequel ?
Merci pour une réponse si précieuse pour moi.
P. S. : Je complète ma question par le texte exact du poème de Gérard de NERVAL visé :
Fantaisie
Il est un air pour qui je donnerais
Tout Rossini, tout Mozart et tout Weber,
Un air très-vieux, languissant et funèbre,
Qui pour moi seul a des charmes secrets.
Or, chaque fois que je viens à l'entendre,
De deux cents ans mon âme rajeunit :
C'est sous Louis treize ; et je crois voir s'étendre
Un coteau vert, que le couchant jaunit,
Puis un château de brique à coins de pierre,
Aux vitraux teints de rougeâtres couleurs,
Ceint de grands parcs, avec une rivière
Baignant ses pieds, qui coule entre des fleurs ;
Puis une dame, à sa haute fenêtre,
Blonde aux yeux noirs, en ses habits anciens,
Que dans une autre existence peut-être,
J'ai déjà vue... et dont je me souviens!
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Réponse du Guichet
bml_litt
- Département : Langues et Littératures
Le 14/09/2016 à 12h29
Bonjour,
La richesse de l’appareil critique de la collection La Pléiade des éditions Gallimard permet des recherches poussées dans les textes du patrimoine littéraire. En effet, les notes, rédigées par des spécialistes, éclairent les textes en apportant des informations sur leurs origines, leurs significations, leurs variantes ou leurs conditions d’écriture.
Le poème Fantaisie figure dans le volume 1 des Oeuvres complètes de Gérard de Nerval dans La Pléiade.
Voici un extrait des Notes et variantes :
Des nervaliens ont mis un point d’honneur à identifier le "château de brique à coins de pierre" […] Plusieurs y ont retrouvé le château de Saint-Germain évoqué dans "Promenades et souvenirs". Nerval, en effet, le montrait comme "un palais splendide, dressé sur une montagne, entre une vallée boisée où serpente un fleuve et un parterre qui se dessine à la lisière d’une vaste forêt" […] Dans "Sylvie", en revanche, ce sera probablement le château de Mortefontaine qu’il évoquera de cette façon : "Je me représentais un château du temps de Henri IV […] sa face rougeâtre aux encoignures dentelées de pierres jaunies, une grande place verte encadrée d’ormes et de tilleuls, dont le soleil couchant perçait le feuillage de ses traits enflammés." Mais on s’égare à vouloir identifier à tout prix les sources de cette poésie. Ne devrait-on pas penser plutôt que ce fut elle, qui reprise, repensée, forma très tôt pour Nerval une sorte de réserve imaginaire qu’il épancha ensuite dans son écriture (comme le rêve dans la vie) ?
Jean-Luc Steinmetz, auteur de ces notes, semble bien nous inviter, dans les dernières lignes, à laisser leur part de mystère aux grandes œuvres littéraires…
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