Etre marqué au coin du bon sens
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 14/12/2019 à 16h13
1761 vues
Question d'origine :
Bonjour,
je souhaite utiliser cette expression "Etre marqué au coin du bon sens",
dans le sens rempli de bon sens, et en connaitre l'origine.
En Belgique l'expression "ton franc est tombé" évoque le fait de "comprendre soudainement". Encore un rapport avec la monnaie?
merci pour votre aide
bruno
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 16/12/2019 à 09h42
Bonjour,
Effectivement, ces deux expressions font allusion aux pièces de monnaie.
Concernant l’expression « être marqué au coin du bon sens », voici l’explication que nous lisons sur le site expressio.fr :
« Voilà une nouvelle expression qui peut paraître bizarre et difficilement compréhensible si on ne pense qu'aux coins d'une caisse ou au coin de la rue (à condition d'être parti dans le bon sens, bien sûr).
Mais point de rue, foin de caisse ici !
Il faut remonter aux temps anciens où les monnaies n'étaient pas produites de manière centralisée et industrielle, mais 'frappées' localement par les seigneurs selon une technique ( ) qui n'a commencé à évoluer que tardivement.
Avant le XVIe siècle, les pièces étaient fabriquées à l'aide de morceaux d'acier gravés en creux avec l'empreinte qui devait être laissée sur la pièce, cette marque très reconnaissable permettant d'en identifier l'origine.
Ces morceaux d'acier s'appelaient des coins (remarquez qu'en anglais, 'pièce' se dit aussi 'coin').
Notre expression est donc une métaphore en liaison avec ces marques définitives que laissaient les coins lorsqu'une pièce était frappée ou marquée.
Mais, si aujourd'hui on emploie surtout le "bon sens" en complément, la véritable expression est "être frappé (ou marqué) au coin" suivi d'un autre complément quelconque.
Ainsi, dans la littérature, on peut trouver "du bon goût", "de la bonne éducation", "de l'amabilité bourgeoise", "d'une haute inspiration"...
L'expression peut donc s'employer avec toute personne ou chose qui porte clairement la marque d'une qualité ou qui est pleine de cette même qualité. »
Ce que confirme l’ouvrage d’Alain Rey, 200 drôles d'expressions que l'on utilise tous les jours sans vraiment les connaître :
« Le bon sens, qui est, selon la formule de Descartes dans le Discours de la méthode, « la chose du monde la mieux partagée », serait donc la caractéristique de l’esprit humain. Quand elle s’impose avec la simplicité d’une évidence, on pourra dire d’une réflexion qu’elle est marquée, ou frappée, au coin du bon sens. Mais on ne voit vraiment pas en quoi le bon sens serait en rapport avec un coin de table ou de rue.
Le coin est bien un angle formé par l’intersection de deux lignes ou de deux plans, mais coin désigne surtout des objets concrets, par exemple l’outil qu’on enfonce dans la faille d’un tronc ou dans une bûche pour les fendre. Du temps où l’on « battait » la monnaie (on la battait vraiment, avec un marteau), le coin était le sceau métallique gravé avec lequel on frappait les pièces pour en identifier l’origine. Les numismates appellent monnaie à fleur de coin une monnaie en parfait état, aussi nette qu’à sa sortie de l’atelier, ce qui en fait le prix. C’est ce coin français qui a donné l’anglais coin, drôlement prononcé, signifiant « pièce de monnaie ».
Au XVIIe siècle, selon Antoine Furetière, grand greffier de la langue française d’alors, en conservant l’idée de valeur inhérente à la monnaie de métal, « on dit figurément d’un homme qui a plusieurs bonnes qualités, qu’il est marqué au bon coin ». Même idée dans l’expression frappé au coin de pour « caractérisé par, qui porte la marque de ». Boileau évoque des « vers marqués au coin de l’immortalité ».
La fabrication des pièces de monnaie a changé, mais l’expression est toujours connue, car si les techniques sont condamnées à évoluer, les concepts et leurs signes semblent marqués au coin de l’éternité. »
Quant à l’expression « le franc est tombé », elle est d’origine plus récente puisqu’elle fait référence aux distributeurs automatiques dont le déclenchement se produit quand la pièce tombe. Elle a un équivalent en anglais : the penny dropped, métaphore qui semble dater du début des années 30.
Bonne journée.
Effectivement, ces deux expressions font allusion aux pièces de monnaie.
Concernant l’expression « être marqué au coin du bon sens », voici l’explication que nous lisons sur le site expressio.fr :
« Voilà une nouvelle expression qui peut paraître bizarre et difficilement compréhensible si on ne pense qu'aux coins d'une caisse ou au coin de la rue (à condition d'être parti dans le bon sens, bien sûr).
Mais point de rue, foin de caisse ici !
Il faut remonter aux temps anciens où les monnaies n'étaient pas produites de manière centralisée et industrielle, mais 'frappées' localement par les seigneurs selon une technique ( ) qui n'a commencé à évoluer que tardivement.
Avant le XVIe siècle, les pièces étaient fabriquées à l'aide de morceaux d'acier gravés en creux avec l'empreinte qui devait être laissée sur la pièce, cette marque très reconnaissable permettant d'en identifier l'origine.
Ces morceaux d'acier s'appelaient des coins (remarquez qu'en anglais, 'pièce' se dit aussi 'coin').
Notre expression est donc une métaphore en liaison avec ces marques définitives que laissaient les coins lorsqu'une pièce était frappée ou marquée.
Mais, si aujourd'hui on emploie surtout le "bon sens" en complément, la véritable expression est "être frappé (ou marqué) au coin" suivi d'un autre complément quelconque.
Ainsi, dans la littérature, on peut trouver "du bon goût", "de la bonne éducation", "de l'amabilité bourgeoise", "d'une haute inspiration"...
L'expression peut donc s'employer avec toute personne ou chose qui porte clairement la marque d'une qualité ou qui est pleine de cette même qualité. »
Ce que confirme l’ouvrage d’Alain Rey, 200 drôles d'expressions que l'on utilise tous les jours sans vraiment les connaître :
« Le bon sens, qui est, selon la formule de Descartes dans le Discours de la méthode, « la chose du monde la mieux partagée », serait donc la caractéristique de l’esprit humain. Quand elle s’impose avec la simplicité d’une évidence, on pourra dire d’une réflexion qu’elle est marquée, ou frappée, au coin du bon sens. Mais on ne voit vraiment pas en quoi le bon sens serait en rapport avec un coin de table ou de rue.
Le coin est bien un angle formé par l’intersection de deux lignes ou de deux plans, mais coin désigne surtout des objets concrets, par exemple l’outil qu’on enfonce dans la faille d’un tronc ou dans une bûche pour les fendre. Du temps où l’on « battait » la monnaie (on la battait vraiment, avec un marteau), le coin était le sceau métallique gravé avec lequel on frappait les pièces pour en identifier l’origine. Les numismates appellent monnaie à fleur de coin une monnaie en parfait état, aussi nette qu’à sa sortie de l’atelier, ce qui en fait le prix. C’est ce coin français qui a donné l’anglais coin, drôlement prononcé, signifiant « pièce de monnaie ».
Au XVIIe siècle, selon Antoine Furetière, grand greffier de la langue française d’alors, en conservant l’idée de valeur inhérente à la monnaie de métal, « on dit figurément d’un homme qui a plusieurs bonnes qualités, qu’il est marqué au bon coin ». Même idée dans l’expression frappé au coin de pour « caractérisé par, qui porte la marque de ». Boileau évoque des « vers marqués au coin de l’immortalité ».
La fabrication des pièces de monnaie a changé, mais l’expression est toujours connue, car si les techniques sont condamnées à évoluer, les concepts et leurs signes semblent marqués au coin de l’éternité. »
Quant à l’expression « le franc est tombé », elle est d’origine plus récente puisqu’elle fait référence aux distributeurs automatiques dont le déclenchement se produit quand la pièce tombe. Elle a un équivalent en anglais : the penny dropped, métaphore qui semble dater du début des années 30.
Bonne journée.
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