Avantages et inconvénients de la permaculture
SCIENCES ET TECHNIQUES
+ DE 2 ANS
Le 26/09/2020 à 06h12
696 vues
Question d'origine :
On parle beaucoup de permaculture dans les médias. Mais quels sont réellement les avantages et inconvénients de la permaculture ? Notamment en ce qui concerne la quantité de travail à réaliser au jardin.
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 29/09/2020 à 08h50
Bonjour,
Dans l’absolu, il est difficile de quantifier le travail à fournir puisque celui-ci dépendra en grande partie de la taille de votre jardin. Si cela vous effraye, commencez petit !
Les ouvrages sur la permaculture que nous avons pu consulter en rayon ne nous éclairent pas précisément sur le temps et les efforts à consacrer au jardin pour une exploitation réussie. C’est plutôt au niveau de la conception qu’ils avertissent le lecteur : passer à la permaculture implique de repenser entièrement votre jardin.
Dans sa Bible de la permaculture, Blaise Leclerc nous prévient par exemple qu’il ne sert à rien de « foncer tête baissée » sur la mise en place d’installations ou de techniques parfois prônées en permaculture : buttes, lasagnes, parterres en trou de serrure, etc. « La permaculture se fonde avant tout sur l’observation […] et non sur l’application de recettes. Ces techniques n’ont d’intérêt que dans certains cas particuliers. Le type de sol, le climat, les ressources disponibles localement, les possibilités en main d’œuvre sont à prendre en compte avant de passer à l’action. »
De même, Jonas Gampe, auteur de La permaculture dans votre jardin encourage à prendre son temps pour concevoir son jardin : « Concevoir son jardin prend du temps et beaucoup de recherches pour qu’il soit durable. L’auteur allemand recommande de consigner toutes ses idées, ses envies, ses besoins et ses limites, puis de dessiner un plan afin d’assurer sa cohérence spatiale.
«Souvenez-vous que chaque heure consacrée à l’établissement d’un plan mûrement réfléchi vous fera gagner dix heures de travail lors de sa réalisation, sans compter les cent heures de main-d’œuvre économisées en entretien ultérieur , souligne-t-il. En appliquant les principes de la permaculture, nous pouvons transformer nos jardins en paysages à la fois féconds, florissants, nourriciers et beaux, n’exigeant du même temps que peu d’entretien.» »
Source : Les quatre commandements de la permaculture au jardin, liberation.fr
Le site permaculturedesign.fr rappelle que la permaculture ne se limite pas au potager et représente une approche globale :
« Le but d’un potager en permaculture est de produire des fruits et légumes sains et nutritifs tout en prenant soin de la nature et l’écosystème. Bien souvent, c’est la partie du jardin qui intéresse le plus les personnes en recherche d’alimentation saine, d’autonomie et de pratiques respectueuses de la nature.
Cependant, au potager, la permaculture est trop souvent réduite à un ensemble de techniques de jardinage, comme des recettes toutes faites applicables partout, ce qui génère bien des frustrations et abandons de projet chez ceux qui ont appliqué des techniques dites de permaculture sans les mettre au regard de leur contexte particulier. Donc, oui, la permaculture s’applique aussi au potager, mais il est important de considérer son potager comme un élément parmi d’autres dans votre jardin, un élément qui devra être pensé en fonction des principes de permaculture (vous retrouverez plus en détail l’ensemble des principes de permaculture sur lesquels appuyer votre réflexion dans notre guide du permaculteur débutant) et mis en synergie avec les autres éléments de votre jardin.
Avant de vous livrer une liste non exhaustive de techniques phares du potager en permaculture, nous souhaitions donc simplement attirer votre attention sur le fait qu’avant d’appliquer une technique, quelle qu’elle soit, vous devez la passer à travers le filtre de votre contexte propre (géographique, climatique, pédologique, topographique, humain, financier…) et vos objectifs précis pour voir si elle sera adaptée dans votre cas . »
Du côté de la pratique professionnelle, nous trouvons dans l’étude de Sacha Guégan et Francois Leger, Maraîchage biologique permaculturel et performance économique, quelques indications sur les heures de travail fournies sur la ferme biologique du Bec Hellouin :
« La Ferme Biologique du Bec Hellouin développe depuis 2007 un modèle de maraîchage original, associant une organisation de l'espace inspirée de la permaculture et des techniques du maraîchage biointensif (E. Coleman, J. Jeavons, etc.). Très peu mécanisé, sur une très petite surface cultivée, positionné sur des circuits courts, ce modèle suscite un très fort intérêt.
Mais est-¬‐il économiquement viable ? C'est à cette question que l'étude conduite par la ferme, l'institut Sylva et l'unité de recherche SADAPT (INRA-¬‐AgroParisTech) entendait répondre. La particularité de cette étude est d’être conduite sur une ferme où des techniques, des outils, des modes de commercialisation nouveaux sont essayés en permanence, loin donc des "exploitations en routine" qui servent généralement de support à la production de références technico-¬‐économiques.
De décembre 2011 à mars 2015, les maraîchers ont noté systématiquement leurs interventions (nature de celles-¬‐ci, temps de travail, intrants, etc.) et quantifié les récoltes sur une surface de planches cultivées de 1000 m², hors allées et abords, dont 42 % sous serre. Précisons que ces 1000 m2 étudiés correspondent à la zone la plus intensive de la ferme du Bec Hellouin et ne doivent en aucun cas être considérés comme suffisants pour établir une microferme. En effet, dans une logique permaculturelle, la surface très soignée fait partie d'un ensemble plus global qui comprend des surfaces moins intensives (pour produire des cultures à cycles longs comme les légumes de conservation hivernale), des zones naturelles et des bâtiments nécessaires au bon fonctionnement écologique et commercial de l'ensemble.
Le travail de modélisation opéré à partir des données recueillies montre que cette surface permet de dégager un chiffre d'affaires (CA) suffisant pour rémunérer une personne ayant un statut agricole. Le résultat dépend toutefois du niveau de production par unité de surface. En 2013, première année complètement couverte par l'étude, le CA s'établissait à 33.000 € pour les 1000 m². L'année suivante, il a atteint 57.000 €. Cette progression s'explique par différents facteurs : accroissement des compétences des maraîchers, adoption d'outils innovants, mais aussi reconfiguration des planches pour une meilleure ergonomie, diversification des marchés permettant de produire des légumes de cycle plus court et donc d'augmenter le nombre de cultures successives au cours de l'année, installation de couches chaudes permettant d'augmenter la période utile de production. L'accroissement de la productivité a exigé un investissement de travail beaucoup plus important (3026 heures de travail total en 2014 contre 2006 h en 2013), imputable pour la plus grande part à l'installation des couches chaudes, qui n'a pas été répétée de façon aussi importante en 2015. Sur la base d'un temps de travail hebdomadaire moyen annuel de 43 h par semaine, jugé acceptable par les maraîchers, le revenu correspondant à ces deux années a été calculé sous deux hypothèses d'amortissements et de charges financières, haute (5700 €) et basse (1900 €). En 2013, le revenu mensuel net n'est que de 898 € sous l'hypothèse haute (correspondant à l’achat de matériels neufs notamment). Il atteint 1132 € sous l'hypothèse basse (matériels d’occasion). En 2014, il est respectivement de 1337 € et de 1571 €. Ces chiffres tiennent alors compte de la rémunération d'un salarié payé à mi-¬‐temps au SMIC, dont le recrutement est indispensable pour couvrir la quantité de travail nécessaire. Le revenu serait nettement plus élevé si ce travail était assuré par un associé ayant un statut agricole.
Cette approche du revenu montre l'importance de la maîtrise des investissements. Le lien apparaît bien direct entre niveau d'intensification et revenu, à condition qu’il soit maîtrisé afin d’éviter une charge de travail insurmontable. Une maîtrise qui renvoie aux compétences des maraîchers, acquises dans l'expérience, à leur formation continue et à leurs compétences stratégiques (choix d'investissements, de marché, d'inscription sociale dans le territoire, etc.) et systémiques (capacité à lire la ferme de façon globale pour en comprendre les forces et les faiblesses). »
Pour aller plus loin, quelques articles en ligne sur la permaculture et ses principes :
- Permaculture : définition et grands principes, jardiner-malin.fr
- Définition de la permaculture, terrevivante.org
- La permaculture : un art de vivre «autosuffisant», leparisien.fr
- La permaculture s’oppose-t-elle au progrès ?, senshumus.org
- Les 12 principes de la permaculture, permaculture-upp.org
Bonne journée.
Dans l’absolu, il est difficile de quantifier le travail à fournir puisque celui-ci dépendra en grande partie de la taille de votre jardin. Si cela vous effraye, commencez petit !
Les ouvrages sur la permaculture que nous avons pu consulter en rayon ne nous éclairent pas précisément sur le temps et les efforts à consacrer au jardin pour une exploitation réussie. C’est plutôt au niveau de la conception qu’ils avertissent le lecteur : passer à la permaculture implique de repenser entièrement votre jardin.
Dans sa Bible de la permaculture, Blaise Leclerc nous prévient par exemple qu’il ne sert à rien de « foncer tête baissée » sur la mise en place d’installations ou de techniques parfois prônées en permaculture : buttes, lasagnes, parterres en trou de serrure, etc. « La permaculture se fonde avant tout sur l’observation […] et non sur l’application de recettes. Ces techniques n’ont d’intérêt que dans certains cas particuliers. Le type de sol, le climat, les ressources disponibles localement, les possibilités en main d’œuvre sont à prendre en compte avant de passer à l’action. »
De même, Jonas Gampe, auteur de La permaculture dans votre jardin encourage à prendre son temps pour concevoir son jardin : « Concevoir son jardin prend du temps et beaucoup de recherches pour qu’il soit durable. L’auteur allemand recommande de consigner toutes ses idées, ses envies, ses besoins et ses limites, puis de dessiner un plan afin d’assurer sa cohérence spatiale.
«
Source : Les quatre commandements de la permaculture au jardin, liberation.fr
Le site permaculturedesign.fr rappelle que la permaculture ne se limite pas au potager et représente une approche globale :
« Le but d’un potager en permaculture est de produire des fruits et légumes sains et nutritifs tout en prenant soin de la nature et l’écosystème. Bien souvent, c’est la partie du jardin qui intéresse le plus les personnes en recherche d’alimentation saine, d’autonomie et de pratiques respectueuses de la nature.
Cependant, au potager, la permaculture est trop souvent réduite à un ensemble de techniques de jardinage, comme des recettes toutes faites applicables partout, ce qui génère bien des frustrations et abandons de projet chez ceux qui ont appliqué des techniques dites de permaculture sans les mettre au regard de leur contexte particulier. Donc, oui, la permaculture s’applique aussi au potager, mais il est important de considérer son potager comme un élément parmi d’autres dans votre jardin, un élément qui devra être pensé en fonction des principes de permaculture (vous retrouverez plus en détail l’ensemble des principes de permaculture sur lesquels appuyer votre réflexion dans notre guide du permaculteur débutant) et mis en synergie avec les autres éléments de votre jardin.
Avant de vous livrer une liste non exhaustive de techniques phares du potager en permaculture, nous souhaitions donc simplement attirer votre attention sur le fait qu’
Du côté de la pratique professionnelle, nous trouvons dans l’étude de Sacha Guégan et Francois Leger, Maraîchage biologique permaculturel et performance économique, quelques indications sur les heures de travail fournies sur la ferme biologique du Bec Hellouin :
« La Ferme Biologique du Bec Hellouin développe depuis 2007 un modèle de maraîchage original, associant une organisation de l'espace inspirée de la permaculture et des techniques du maraîchage biointensif (E. Coleman, J. Jeavons, etc.). Très peu mécanisé, sur une très petite surface cultivée, positionné sur des circuits courts, ce modèle suscite un très fort intérêt.
Mais est-¬‐il économiquement viable ? C'est à cette question que l'étude conduite par la ferme, l'institut Sylva et l'unité de recherche SADAPT (INRA-¬‐AgroParisTech) entendait répondre. La particularité de cette étude est d’être conduite sur une ferme où des techniques, des outils, des modes de commercialisation nouveaux sont essayés en permanence, loin donc des "exploitations en routine" qui servent généralement de support à la production de références technico-¬‐économiques.
De décembre 2011 à mars 2015, les maraîchers ont noté systématiquement leurs interventions (nature de celles-¬‐ci, temps de travail, intrants, etc.) et quantifié les récoltes sur une surface de planches cultivées de 1000 m², hors allées et abords, dont 42 % sous serre. Précisons que ces 1000 m2 étudiés correspondent à la zone la plus intensive de la ferme du Bec Hellouin et ne doivent en aucun cas être considérés comme suffisants pour établir une microferme. En effet, dans une logique permaculturelle, la surface très soignée fait partie d'un ensemble plus global qui comprend des surfaces moins intensives (pour produire des cultures à cycles longs comme les légumes de conservation hivernale), des zones naturelles et des bâtiments nécessaires au bon fonctionnement écologique et commercial de l'ensemble.
Le travail de modélisation opéré à partir des données recueillies montre que cette surface permet de dégager un chiffre d'affaires (CA) suffisant pour rémunérer une personne ayant un statut agricole. Le résultat dépend toutefois du niveau de production par unité de surface. En 2013, première année complètement couverte par l'étude, le CA s'établissait à 33.000 € pour les 1000 m². L'année suivante, il a atteint 57.000 €. Cette progression s'explique par différents facteurs : accroissement des compétences des maraîchers, adoption d'outils innovants, mais aussi reconfiguration des planches pour une meilleure ergonomie, diversification des marchés permettant de produire des légumes de cycle plus court et donc d'augmenter le nombre de cultures successives au cours de l'année, installation de couches chaudes permettant d'augmenter la période utile de production. L'accroissement de la productivité a exigé un investissement de travail beaucoup plus important (3026 heures de travail total en 2014 contre 2006 h en 2013), imputable pour la plus grande part à l'installation des couches chaudes, qui n'a pas été répétée de façon aussi importante en 2015. Sur la base d'un temps de travail hebdomadaire moyen annuel de 43 h par semaine, jugé acceptable par les maraîchers, le revenu correspondant à ces deux années a été calculé sous deux hypothèses d'amortissements et de charges financières, haute (5700 €) et basse (1900 €). En 2013, le revenu mensuel net n'est que de 898 € sous l'hypothèse haute (correspondant à l’achat de matériels neufs notamment). Il atteint 1132 € sous l'hypothèse basse (matériels d’occasion). En 2014, il est respectivement de 1337 € et de 1571 €. Ces chiffres tiennent alors compte de la rémunération d'un salarié payé à mi-¬‐temps au SMIC, dont le recrutement est indispensable pour couvrir la quantité de travail nécessaire. Le revenu serait nettement plus élevé si ce travail était assuré par un associé ayant un statut agricole.
Cette approche du revenu montre l'importance de la maîtrise des investissements. Le lien apparaît bien direct entre niveau d'intensification et revenu, à condition qu’il soit maîtrisé afin d’éviter une charge de travail insurmontable. Une maîtrise qui renvoie aux compétences des maraîchers, acquises dans l'expérience, à leur formation continue et à leurs compétences stratégiques (choix d'investissements, de marché, d'inscription sociale dans le territoire, etc.) et systémiques (capacité à lire la ferme de façon globale pour en comprendre les forces et les faiblesses). »
- Permaculture : définition et grands principes, jardiner-malin.fr
- Définition de la permaculture, terrevivante.org
- La permaculture : un art de vivre «autosuffisant», leparisien.fr
- La permaculture s’oppose-t-elle au progrès ?, senshumus.org
- Les 12 principes de la permaculture, permaculture-upp.org
Bonne journée.
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter