Question d'origine :
Je prépare un jeu autour des animaux du Pôle Nord à l'intention d'enfants de 3 à 6 ans. Je voudrai que ce soit simple mais basé sur le réel. Pouvez-vous confirmer ou infirmer mes recherches, svp sur les animaux suivants?
Le Harfang des neiges (de Harry Potter) mange des lièvres arctiques, des renards arctiques, surtout des lemmings mais se nourrit -t-il de poisson?
Entre l'ours polaire et le morse, il n' a pas de réel dominant.
Que mange le phoque du Groenland (celui qui vit au Pôle Nord)à part du poisson?
J'ai sélectionné 9 animaux pour les enfants : ours polaire, orque, morse, phoque du Groenland, renard arctique, mouette arctique, le harfang des neiges, lemming et la morue arctique. J'essaie de faire une chaîne alimentaire.
L'orque est aussi à égale position de l'ours? Que mange-t-il en dehors des phoques, d'oiseaux et du poisson qui soit dans ma liste d'animaux du Pôle Nord ?
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 26/08/2020 à 14h39
Bonjour,
C’est une belle idée que vous avez eue là, et nous allons tenter de vous aider à obtenir le résultat le plus rigoureux possible !
Voici ce que dit la page de Futura sciences consacrée au régime alimentaire duHarfang des neiges (Bubo scandiacus) :
« Bien qu'il soit assez rapide pour tuer des canards au vol, le Harfang des neiges préfère les petits mammifères.Dans l'Arctique, il mange des lièvres arctiques, des lagopèdes ou des oiseaux de mer lorsqu'ils sont disponibles, mais son mets favori demeure le lemming (genres Lemmus et Dicrostonyx). […]
En hiver, le Harfang des neiges se nourrit surtout de petits rongeurs, surtout des campagnols des champs Microtus pennsylvanicus et des souris à pattes blanches ou sylvestres Peromyscus. Les hiboux qui passent l'hiver près des silos à céréales ou des dépotoirs peuvent vivre presque exclusivement de rats. Toutefois, le Harfang des neiges est un chasseur opportuniste et attrape des mammifères dont la taille varie de la musaraigne au lièvre et des oiseaux allant du bruant au canard et au faisan.
À l'instar des autres oiseaux de proie, le Harfang des neiges avale ses petites proies tout entières. Les sucs gastriques très puissants dissolvent la chair tandis que les os, les dents, la fourrure et les plumes indigestes sont comprimés en boulettes ovales que l'oiseau régurgite 18 à 24 heures plus tard. La plupart du temps, le Harfang régurgite du haut de son perchoir favori, au pied duquel on peut trouver des dizaines de boulettes. Les biologistes les analysent souvent pour déterminer la quantité et le type d'aliments consommés. Dans le sud du Canada, elles renferment très souvent la fourrure et les os de campagnols des champs et autres souris. Chaque oiseau doit capturer 7 à 12 souris par jour, soit jusqu'à 350 par mois, pour subvenir à ses besoins. La présence de grenaille de plomb dans les boulettes à l'automne et en hiver révèle que le Harfang ne dédaigne pas les canards blessés par les chasseurs. »
D’après d’autres sources, le Harfang des neiges peut cependant manger du poisson, de manière anecdotique, si sa nourriture préférée manque :
« Le menu est complété par des coléoptères, des crustacés et parfois des poissons. En dehors de la période de reproduction, le harfang consomme des mammifères et des oiseaux de plus petite taille ainsi que de la charogne. Les proies sont ingurgitées sur le sol. Les plus petites proies sont avalées en entier, les plus grosses sont découpées en morceaux. Les oiseaux sont partiellement déplumés avant d'être consommés. Les harfangs chassent à l'affût à partir d'un perchoir, planant parfois sur une longue distance avant de saisir leur proie. »
(Source : oiseaux.net)
C’est également ce qu’on trouve dans l’ouvrage Chouettes & hiboux [Livre] : le livre de toutes les espèces / Marianne Taylor : « Il attrape également du poisson et on l’a même vu dérober des pièces prises à l’hameçon » ! – comme quoi nos sources ont bien raison de qualifier ce chasseur d’opportuniste… même son de cloche dans Chouettes et hiboux du monde [Livre] : un guide photographique / Heimo Mikkola ; traduction et adaptation française Christian Dronneau et Guilhem Lesaffre : «Régime alimentaire : Surtout des petits mammifères (pas seulement des lemmings) et oiseaux, parfois grenouilles, poissons et gros insectes. »
« Le régime alimentaire de l’espèce se compose de divers poissons et invertébrés, mais principalement de petits poissons, tels le capelan, le saida et la morue ogac. Les principaux prédateurs de ce phoque sont l’ours blanc, l’être humain, l’orque et le requin. »
(Source : canadiangeographic.com)
Pour sa part, le site gouvernemental canadien dfo-mpo.gc.ca (Pêche et océans Canada) nous apprend que « Lephoque du Groenland (Pagophilus groenlandicus) se nourrit d’une variété de poissons et d’invertébrés, notamment :
• crevette
• grosse crevette
• crustacés
• une variété de poissons, comme :
o poissons plats
o sébaste
o chabot
o capelan
o hareng
o flétan du Groenland
o morue polaire et morue franche »
Liste qui correspond bien à celle de sealsandsealing.net :
«Régime alimentaire : les jeunes phoques du Groenland se nourrissent principalement de crevettes et de zooplancton. Les adultes mangent du capelan, de la morue, du hareng, du chabot, du flétan noir, du sébaste, du carrelet, du crabe et des crevettes. »
Enfin, selon le site animaldiversity.org (en anglais), l’animal chasse volontiers « 67 espèces de poisson et 70 espèces d’invertébrés marins », pouvant pour cela plonger jusqu’à 150-200 mètres et rester jusqu’à 13 minutes en apnée.
Concernant les goûts du sympathique petit animal qu’on nomme épaulard (Orcinus orca), on peut lire dans Les mammifères marins [Livre] / Jean-Pierre Sylvestre :
« L’orque est le prédateur apex (c’est-à-dire au sommet de la chaîne alimentaire) dans l’environnement marin et son nom résonne comme « l’ogre des mers ». En réalité, cette image d’Epinal tient plus de la légende que d’autre chose. Il est vrai que ce redoutable (par son intelligence et sa vie sociale) cétacé s’attaque à peu près à toutes les créatures de moyenne et grande tailles vivant dans les mers et les océans. Dans son estomac, on a enregistré plus d’une trentaine d’espèces de poissons osseux, des raies, des requins, quelques espèces de mollusques céphalopodes, une espèce de reptile marin (tortue luth) une dizaine chez les oiseaux marins, des loutres marines, un ours noir, un cerf de Virginie, une quinzaine d’espèces de pinnipèdes [= phoques, otaries et morses], et près de 25 espèces de cétacés. »
Mais n’allons pas croire que tout orque mange tout et n’importe quoi : il existe chez les traditions culinaires y compris chez les mammifères marins, et l’auteur nous prévient : « Certes, certaines populations s’attaquent aux jeunes baleines et autres cétacés, et d’autres aiment particulièrement les phoques et les otaries. Cependant, beaucoup de populations d’épaulards mangent exclusivement du poisson […]. » Et de se livrer à une liste de populations d’orques du monde entier, et préférant le requin, la raie, le requin… liste révélant que la plupart des populations arctiques sont quasi exclusivement piscivores – laissant le manchot à la dégustation de leurs cousins d’Antarctiques, sans doute parce que ceux-ci, comme le nom de leur lieu de résidence l’indique, n’ont pas à souffrir de la concurrence des ours. Cependant, le jeu se complique si on y introduit l’influence d’un autre prédateur, un primate à la fourrure peu abondante :
« En 1998, une équipe de l’université de Californie à Santa Cruz dirigée par Jim Estes, spécialiste en écologie marine, avançait qu’un changement de régime alimentaire chez les orques pouvait expliquer le déclin aussi brutal que mystérieux de la population de loutres de mer dans l’ouest de l’Alaska. Ce phénomène était particulièrement intéressant parce qu’en l’absence de leurs prédatrices, les loutres et les oursins s’étaient multipliés et avaient rasé les lits de varech [espèce d’algues], modifiant ainsi l’équilibre de tout un écosystème.
Cinq ans plus tard, Alan Springer, également spécialiste en écologie marine à l’université d’Alaska à Fairbanks, et ses collègues, dont Estes, ont poussé l’hypothèse encore plus loin. La disparition des loutres de mer n’était peut-être que le dernier maillon d’une chaîne : les orques auraient changé de régime à mesure que les populations de leurs anciennes proies diminuaient.
La cause de ce changement serait la chasse commerciale à la baleine, parce qu’elle a privé certaines populations d’orques des grands cétacés – comme les baleines à bosse et les baleines bleues – dont elles se nourrissaient. Les orques ont alors dû se rabattre sur des mammifères marins plus petits comme le phoque commun et l’otarie de Steller avant de s’attaquer aux loutres. »
(Source : Courrier international)
Ingérant selon istp.org entre 60 et 80 kg d’animaux variés par jour, l’orque est, en réalité, un des deux superprédateurs de l’arctique, avec l’ours blanc .
Car – et là nous corrigerons une de vos propositions – selon Futura sciences l’orque et l’ourse et blanc sont lesdeux seuls prédateurs naturels du morse , du fait de sa taille. La WWF fait également de l’ours un prédateur du morse (la Fédération canadienne de la faune y ajoute le requin, que nous n’avons trouvé dans aucune autre source). Cependant, nous nous garderons de parler de « domination » de l’ours sur le morse, tant la chasse au morse reste un sport extrême, comme on peut le voir sur cette vidéo de Zapping sauvage :
Pour finir, citons cette page du Musée de la nature du Canada qui propose une définition particulièrement limpide du fonctionnement de la chaîne alimentaire de l’arctique :
« En regardant ce réseau alimentaire dans son ensemble, 1 kg d’ours blanc dépend de 10 kg de phoque annelé, l’énergie de 1 kg de phoque annelé repose sur la consommation de 10 kg de poisson, 1 kg de poisson requiert 10 kg de zooplancton tandis que la création de 1 kg de zooplancton dépend de 10 kg de phytoplancton. Donc, pour créer 1 kg d’ours blanc, il faut la quantité considérable de 10,000 kg de phytoplancton. »
Voici quelques liens pour aller plus loin :
Dossier pédagogique « La chaîne alimentaire de l'Arctique » (Réseau Canopé
Fiche «Faune de l’arctique: chaînes et réseaux alimentaires» (CNES)
Bonne journée.
C’est une belle idée que vous avez eue là, et nous allons tenter de vous aider à obtenir le résultat le plus rigoureux possible !
Voici ce que dit la page de Futura sciences consacrée au régime alimentaire du
« Bien qu'il soit assez rapide pour tuer des canards au vol, le Harfang des neiges préfère les petits mammifères.
En hiver, le Harfang des neiges se nourrit surtout de petits rongeurs, surtout des campagnols des champs Microtus pennsylvanicus et des souris à pattes blanches ou sylvestres Peromyscus.
À l'instar des autres oiseaux de proie, le Harfang des neiges avale ses petites proies tout entières. Les sucs gastriques très puissants dissolvent la chair tandis que les os, les dents, la fourrure et les plumes indigestes sont comprimés en boulettes ovales que l'oiseau régurgite 18 à 24 heures plus tard. La plupart du temps, le Harfang régurgite du haut de son perchoir favori, au pied duquel on peut trouver des dizaines de boulettes. Les biologistes les analysent souvent pour déterminer la quantité et le type d'aliments consommés. Dans le sud du Canada, elles renferment très souvent la fourrure et les os de campagnols des champs et autres souris. Chaque oiseau doit capturer 7 à 12 souris par jour, soit jusqu'à 350 par mois, pour subvenir à ses besoins. La présence de grenaille de plomb dans les boulettes à l'automne et en hiver révèle que le Harfang ne dédaigne pas les canards blessés par les chasseurs. »
D’après d’autres sources, le Harfang des neiges peut cependant manger du poisson, de manière anecdotique, si sa nourriture préférée manque :
« Le menu est complété par des coléoptères, des crustacés et parfois des poissons. En dehors de la période de reproduction, le harfang consomme des mammifères et des oiseaux de plus petite taille ainsi que de la charogne. Les proies sont ingurgitées sur le sol. Les plus petites proies sont avalées en entier, les plus grosses sont découpées en morceaux. Les oiseaux sont partiellement déplumés avant d'être consommés. Les harfangs chassent à l'affût à partir d'un perchoir, planant parfois sur une longue distance avant de saisir leur proie. »
(Source : oiseaux.net)
C’est également ce qu’on trouve dans l’ouvrage Chouettes & hiboux [Livre] : le livre de toutes les espèces / Marianne Taylor : « Il attrape également du poisson et on l’a même vu dérober des pièces prises à l’hameçon » ! – comme quoi nos sources ont bien raison de qualifier ce chasseur d’opportuniste… même son de cloche dans Chouettes et hiboux du monde [Livre] : un guide photographique / Heimo Mikkola ; traduction et adaptation française Christian Dronneau et Guilhem Lesaffre : «
« Le régime alimentaire de l’espèce se compose de divers poissons et invertébrés, mais principalement de petits poissons, tels le capelan, le saida et la morue ogac. Les principaux prédateurs de ce phoque sont l’ours blanc, l’être humain, l’orque et le requin. »
(Source : canadiangeographic.com)
Pour sa part, le site gouvernemental canadien dfo-mpo.gc.ca (Pêche et océans Canada) nous apprend que « Le
• crevette
• grosse crevette
• crustacés
• une variété de poissons, comme :
o poissons plats
o sébaste
o chabot
o capelan
o hareng
o flétan du Groenland
o morue polaire et morue franche »
Liste qui correspond bien à celle de sealsandsealing.net :
«
Enfin, selon le site animaldiversity.org (en anglais), l’animal chasse volontiers « 67 espèces de poisson et 70 espèces d’invertébrés marins », pouvant pour cela plonger jusqu’à 150-200 mètres et rester jusqu’à 13 minutes en apnée.
Concernant les goûts du sympathique petit animal qu’on nomme épaulard (Orcinus orca), on peut lire dans Les mammifères marins [Livre] / Jean-Pierre Sylvestre :
« L’orque est le prédateur apex (c’est-à-dire au sommet de la chaîne alimentaire) dans l’environnement marin et son nom résonne comme « l’ogre des mers ». En réalité, cette image d’Epinal tient plus de la légende que d’autre chose. Il est vrai que ce redoutable (par son intelligence et sa vie sociale) cétacé s’attaque à peu près à toutes les créatures de moyenne et grande tailles vivant dans les mers et les océans. Dans son estomac, on a enregistré plus d’une trentaine d’espèces de poissons osseux, des raies, des requins, quelques espèces de mollusques céphalopodes, une espèce de reptile marin (tortue luth) une dizaine chez les oiseaux marins, des loutres marines, un ours noir, un cerf de Virginie, une quinzaine d’espèces de pinnipèdes [= phoques, otaries et morses], et près de 25 espèces de cétacés. »
Mais n’allons pas croire que tout orque mange tout et n’importe quoi : il existe chez les traditions culinaires y compris chez les mammifères marins, et l’auteur nous prévient : « Certes, certaines populations s’attaquent aux jeunes baleines et autres cétacés, et d’autres aiment particulièrement les phoques et les otaries. Cependant, beaucoup de populations d’épaulards mangent exclusivement du poisson […]. » Et de se livrer à une liste de populations d’orques du monde entier, et préférant le requin, la raie, le requin… liste révélant que la plupart des populations arctiques sont quasi exclusivement piscivores – laissant le manchot à la dégustation de leurs cousins d’Antarctiques, sans doute parce que ceux-ci, comme le nom de leur lieu de résidence l’indique, n’ont pas à souffrir de la concurrence des ours. Cependant, le jeu se complique si on y introduit l’influence d’un autre prédateur, un primate à la fourrure peu abondante :
« En 1998, une équipe de l’université de Californie à Santa Cruz dirigée par Jim Estes, spécialiste en écologie marine, avançait qu’un changement de régime alimentaire chez les orques pouvait expliquer le déclin aussi brutal que mystérieux de la population de loutres de mer dans l’ouest de l’Alaska. Ce phénomène était particulièrement intéressant parce qu’en l’absence de leurs prédatrices, les loutres et les oursins s’étaient multipliés et avaient rasé les lits de varech [espèce d’algues], modifiant ainsi l’équilibre de tout un écosystème.
Cinq ans plus tard, Alan Springer, également spécialiste en écologie marine à l’université d’Alaska à Fairbanks, et ses collègues, dont Estes, ont poussé l’hypothèse encore plus loin. La disparition des loutres de mer n’était peut-être que le dernier maillon d’une chaîne : les orques auraient changé de régime à mesure que les populations de leurs anciennes proies diminuaient.
La cause de ce changement serait la chasse commerciale à la baleine, parce qu’elle a privé certaines populations d’orques des grands cétacés – comme les baleines à bosse et les baleines bleues – dont elles se nourrissaient. Les orques ont alors dû se rabattre sur des mammifères marins plus petits comme le phoque commun et l’otarie de Steller avant de s’attaquer aux loutres. »
(Source : Courrier international)
Ingérant selon istp.org entre 60 et 80 kg d’animaux variés par jour,
Car – et là nous corrigerons une de vos propositions – selon Futura sciences l’orque et l’ourse et blanc sont les
Pour finir, citons cette page du Musée de la nature du Canada qui propose une définition particulièrement limpide du fonctionnement de la chaîne alimentaire de l’arctique :
« En regardant ce réseau alimentaire dans son ensemble, 1 kg d’ours blanc dépend de 10 kg de phoque annelé, l’énergie de 1 kg de phoque annelé repose sur la consommation de 10 kg de poisson, 1 kg de poisson requiert 10 kg de zooplancton tandis que la création de 1 kg de zooplancton dépend de 10 kg de phytoplancton. Donc, pour créer 1 kg d’ours blanc, il faut la quantité considérable de 10,000 kg de phytoplancton. »
Voici quelques liens pour aller plus loin :
Dossier pédagogique « La chaîne alimentaire de l'Arctique » (Réseau Canopé
Fiche «Faune de l’arctique: chaînes et réseaux alimentaires» (CNES)
Bonne journée.
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