Question d'origine :
Bonjour Progressivement, les pubs sur mon fil d'actualités facebook se sont accrus au point d'être insupportables. Même en les signalant et donc en les bloquants, le volume de pubs est gigantesque. Devant cet acharnement de marketing, j'ai décidé de contrattaquer en répondant avec virulence à chaque pub. En effet celles-ci se permettent de communiquer avec moi, et pour une fois je peux répondre aux entreprises qui les diffusent. Insultes, accusations de fraude, dénigrement, moqueries etc. Je n'y vais pas de main morte et avec très peu de retour. Je voudrais savoir si légalement j'étais libre de répondre comme je l'entends à ces pubs, car de fait depuis plusieurs mois et des centaines de messages, je n'ai jamais reçu de messages de facebook d'avertissement ou de plaintes formelles desdites entreprises. Merci.
Réponse du Guichet
Internet et les réseaux sociaux ne sont pas des zones de non droit et votre anonymat y est très relatif, pour ne pas dire illusoire. Il n’est donc pas conseillé d’y laisser des messages insultants ou diffamants, car
Des condamnations judiciaires ont déjà été prononcées suite à des messages injurieux sur Facebook :
« Les actions en diffamation et injures se multiplient, avec leur cortège de condamnations judiciaires. En voici quelques illustrations. En octobre 2011, un homme de 19 ans a écopé de trois mois de prison ferme et 1 200 euros d'amende pour "outrage à agent". Il avait injurié sur sa page Facebook (dont le paramétrage rendait les propos accessibles à tous) les gendarmes qui l'avaient arrêté un an plus tôt en état d'ébriété.
Ce même mois d'octobre 2011, un jugement du conseil de prud'hommes de Guingamp condamnait un ancien salarié pour déloyauté envers son employeur. Il avait organisé une campagne de dénigrement notamment au travers d'un profil Facebook intitulé "Contre la mise à mort d'un salarié". Son contenu injurieux était diffusé sur plusieurs forums de discussion. L'ancien salarié avait aussi créé une adresse e-mail "tamertume@voila.fr" de laquelle il envoyait des mails à des dirigeants du groupe et à tout le réseau professionnel de son employeur. Les conseillers prud'homaux ont estimé le préjudice du dirigeant à 15 000 euros. "Cette condamnation tient compte notamment du fait que l'entreprise allait devoir débourser une somme assez importante pour tenter d'effacer les propos désobligeants sur les moteurs de recherche", décrypte Cécile Martin, avocat spécialiste de droit social et protection des données personnelles au cabinet Proskauer. »
Source : Dénigrement et insultes sur Twitter et Facebook : que dit le droit ?, lepoint.fr
Dans un article de La Voix du Nord, l’avocate et professeur de droit Lina Williatte donne quelques exemples de commentaires postés sur Facebook ou Twitter ayant donné lieu à une condamnation, en précisant dans chaque cas la nature de l’infraction, et la peine prononcée (montant de l’amende et / ou durée de la peine de prison).
Un article de Village Justice publié en 2016 fait le point sur la question :
« Internet regorge de contenus publiés et actualisés chaque seconde. Ce foisonnement d’informations expose les particuliers et les entreprises à des risques pas toujours maîtrisés. Diffamation, dénigrement et injures sur Internet : voici un point simple et rapide pour comprendre les enjeux des insultes sur le web.
La diffamation est une allégation ou une imputation d’un fait non vérifié qui porte atteinte à l’image d’une personne ; elle peut être insinuée ou déguisée dans la mesure où l’on évoque une personnalité identifiable sans la nommer (dire aujourd’hui « le Garde des Sceaux » revient par exemple à parler du ministre de la Justice Jean-Jaques Urvoas).
En cas de plainte, les propos diffamatoires peuvent faire l’objet de vérifications. Si l’accusation n’est pas vérifiable, on dit alors qu’elle relève de l’injure.
Contrairement à la diffamation, le dénigrement ne vise ni une entreprise, ni une personne en particulier. Le dénigrement est un propos qui accuse un produit ou un service sans s’adresser directement à une personnalité ou à la société concernée.
Un exemple : un consommateur partage publiquement sa déception concernant le goût d’un saucisson en citant la marque. Il fait un constat sans accuser l’entreprise ni attaquer sa direction ; il s’agit donc d’un dénigrement et non d’une diffamation.
Toutes les preuves sont acceptées par le tribunal. Pour être prises en compte, elles doivent cependant comprendre les propos à prouver, préciser les noms, les adresses et les professions des témoins ainsi que les copies de leurs pièces d’identité.
Pour se défendre, l’accusateur peut prouver ce qu’il affirme à partir de ces documents. Il ne pourra en revanche pas prouver des accusations sur la vie privée du plaignant sauf si l’affaire relève d’un viol ou d’une agression sexuelle sur mineur.
Le plaignant
Il est inutile de porter plainte pour diffamation sans preuves. Avant de lancer une procédure, il est impératif de se munir de documents écrits, visuels et/ou sonores et éventuellement d’être en mesure de proposer des témoignages crédibles.
La plainte pour diffamation suit la même procédure que les autres plaintes (comme celle du droit à l’image notamment). Lors de sa déposition, le plaignant peut préciser s’il s’agit d’une diffamation publique ou privée. Les diffamations publiques sont plus sévèrement encadrées que les diffamations privées. Si le plaignant connaît l’auteur des faits, il peut alors lancer une citation directe au tribunal. Si ce n’est pas le cas, il pourra seulement poser une main courante dans une gendarmerie ou un commissariat.
Le prévenu
La diffamation étant un propos non avéré, le prévenu peut se défendre en prouvant la véracité de ses dires. Il peut aussi prouver sa bonne foi en affirmant (preuves à l’appui) qu’il n’avait en aucun cas l’intention de nuire.
Avant de porter plainte, il est donc conseillé de s’assurer du caractère diffamatoire d’une injure et de prendre en considération les possibilités de défense de l’accusé.
Dans le cas où la procédure aboutirait au tribunal, chaque partie pourrait se faire accompagner d’un avocat.
La diffamation publique
L’amende pour diffamation publique est de 12 000 euros ;
L’amende pour diffamation publique à l’encontre d’un élu local, d’un parlementaire ou d’un policier peut s’élever à 45 000 euros ;
L’amende pour diffamation publique à motifs homophobes, racistes, sexistes ou à l’encontre de personnes handicapées peut quant à elle s’élever à 45 000 euros d’amende et 1 an de prison (et ce, même si les propos s’adressent à un groupe de personnes).
La diffamation non publique
L’amende pour diffamation non publique est punie d’une contravention de 38 euros ;
L’amende pour diffamation non publique ayant des motifs racistes, sexistes, homophobes ou allant à l’encontre de personnes handicapées peut aller jusqu’à 750 euros (et ce, même si les propos s’adressent à un groupe de personnes).
Nous l’avons vu en début d’article, le dénigrement est le fait de porter atteinte à l’image d’une entreprise en utilisant des arguments péjoratifs à l’encontre de ses produits ou services. Contrairement à la diffamation, le dénigrement ne concerne que les produits ou les services (rappelons que la diffamation vise des personnes physiques ou morales).
La victime peut porter plainte auprès du tribunal de grande instance en rassemblant trois éléments : un fait fautif, un dommage et un lien de causalité les reliant.
Comme pour la diffamation, le prévenu pourra se défendre en fournissant les preuves (documents crédibles à l’appui) de ses affirmations.
Le dénigrement est sanctionné par les articles 1382 et 1383 du Code civil (qui visent la responsabilité du fait personnel pour les préjudices causés à autrui).
Si le dénigrement est avéré (même par négligence ou imprudence), la victime pourra réclamer des dommages et intérêts.
L’injure est une expression péjorative et méprisante adressée à une personne et n’imputant aucun fait précis à la victime (contrairement à la diffamation qui évoque une action répréhensible). Si l’injure est adressée à une entreprise ou à un membre de personnel, on parlera alors d’insulte.
Il existe deux types d’injures, l’injure publique et l’injure privée :
• L’injure publique est un délit qui relève du tribunal correctionnel ;
• L’injure privée est une contravention qui relève du tribunal de police.
On entend par injure publique un propos pouvant être entendu ou lu par un public inconnu et imprévisible. Les injures publiées et partagées sur les réseaux sociaux publics relèvent de la sphère publique.
On entend par injure privée un propos prononcé devant un cercle restreint de personnes ayant un intérêt commun. Une injure lancée dans la cour d’un immeuble ne sera pas considérée comme privée car elle peut être entendue par un public inconnu. En revanche, une injure lancée au sein d’une même communauté et dans un cercle restreint (à l’occasion d’un cours de peinture par exemple) sera considérée comme non publique.
Quelques précisions sur les injures postées sur les réseaux sociaux
Les détenteurs de profils sur les réseaux sociaux sont en mesure de verrouiller ou non leur mur de diffusion. Si l’injure est publiée auprès d’un cercle restreint d’amis, dans un cadre privé, bloqué pour le public, alors, il s’agira d’une injure non publique. Si en revanche l’injure est postée est mode public et qu’elle peut être vue par tous, être enregistrée et partagée sans difficultés, alors, il s’agit d’une injure publique.
Pour pouvoir réagir, la victime doit d’abord prendre connaissance de l’injure puis viser son auteur ou le directeur de publication (s’il s’agit d’un blog par exemple). Il est à ce jour impossible de viser une personne morale, et ce, même dans le cas où la publication visée est éditée au nom de l’entreprise.
Pour obtenir gain de cause, la victime devra préciser les passages relevant de l’injure ou de la diffamation auprès du tribunal. En cas d’urgence, elle pourra également utiliser un référé (pour demander le retrait immédiat d’une vidéo par exemple).
Vous êtes victime de dénigrement, de diffamation ou d’injures ? Adressez-vous le plus rapidement possible aux autorités compétentes et optez pour une solution de veille permanente des propos vous concernant sur la toile. »
Source : Diffamation, dénigrement et injures sur Internet : que dit la loi ? village-justice.com
Si les publicités sur Facebook vous insupportent, il est sans doute préférable de les bloquer pour ne plus être importuné.e. Les articles ci-dessous fournissent des conseils pour limiter la publicité sur votre compte Facebook, ou sur internet en général :
- Nos 6 conseils pour limiter la pub sur votre compte Facebook, 01net.com
- Facebook : comment garder le contrôle sur les publicités qui sont affichées dans votre fil d’actualité, numerama.com
- C’est l’heure de faire le ménage sur votre compte Facebook : on vous dit comment, leparisien.fr
- Navigateur Web : bloquer les publicités et les trackers, commentcamarche.net
Notez que ces solutions restent limitées : les publicités, et en particulier les publicités ciblées, sont la principale source de revenus de Facebook et l’entreprise n’a aucun intérêt à ce que ses utilisateurs se débarrassent complètement des pubs… Si les astuces proposées dans les articles ci-dessus ne suffisent pas, nous vous suggérons donc de cesser d’utiliser Facebook, au moins pour quelque temps. votre humeur s’en verra peut-être améliorée !
Bonne journée.