Question d'origine :
Je souhaiterais savoir si la bible fait référence aux dinosaures dont la preuve de l'existence de ces derniers avant l'homme a été démontrée par de mutiples fouilles archéologiques. Et si ce n'est pas le cas, est ce que l'église catholique s'est penchée sur ce cas ou a t elle un point de vue particulier? Merci d'avance. Cordialement. Cyril
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 02/08/2005 à 09h04
En effet, et comme vous le pressentiez, la Bible ne fait à aucun moment référence aux dinosaures. Il y est bien question de monstres marins, dragons et autres Léviathan, dans la Genèse, les Psaumes ou l’Apocalypse, mais pas de dinosaures, dont la découverte ne date que du début du XIXe siècle.
Sur l'histoire de la découverte des dinosaures, vous pouvez consulter le site du Palais de la découverte.
Comment l’Eglise catholique s’accommode-t-elle en effet de l’existence de ceux-ci, alors qu’il est dit dans la Genèse (Gn 1, 20-27) :
« Dieu dit : « Que les eaux grouillent de bestioles vivantes et que l’oiseau vole au-dessus de la terre face au firmament du ciel ». Dieu créa les grands monstres marins, tous les êtres vivants et remuants selon leur espèce, dont grouillèrent les eaux, et tout oiseau ailé selon son espèce. Dieu vit que cela était bon. Dieu les bénit en disant : « Soyez féconds et prolifiques, remplissez les eaux dans les mers et que l’oiseau prolifère sur la terre ! » Il y eut un soir, il y eut un matin : cinquième jour.
Dieu dit : « Que la terre produise des êtres vivants selon leur espèce : bestiaux, petites bêtes, et bêtes sauvages, selon leur espèce ! » Il en fut ainsi. Dieu fit les bêtes sauvages selon leur espèce, les bestiaux selon leur espèce et toutes les petites bêtes du sol selon leur espèce. Dieu vit que cela était bon.
Dieu dit : « Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu’il soumette les poissons de la mer, les oiseaux du ciel, les bestiaux, toutes la terre et toutes les petites bêtes qui remuent sur la terre ! »
Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il les créa.
Dieu les bénit et Dieu leur dit : « Soyez féconds et prolifiques, remplissez la terre et dominez-la. (…) Il en fut ainsi. Dieu vit tout ce qu’il avait fait. Voilà, c’était très bon. Il y eut un soir, il y eut un matin : sixième jour. » p. 22-23 de La Bible .
La création des êtres vivants se serait ainsi déroulée sur deux jours.
Le récit de la création ne peut être tenu pour un texte scientifique, et l’Eglise ne le prétend pas. Dans le christianisme, aujourd’hui, seul
le courant fondamentaliste créationniste continue à considérer que la création se serait déroulée comme cela est écrit dans la Genèse, et à refuser les idées évolutionnistes.
La position officielle de l’Eglise catholique peut se déduire du chapitre « Comment interpréter l’Ecriture » du concile
Vatican II p. 146 :
« Cependant, puisque Dieu, dans la Sainte Ecriture, a parlé par des hommes à la manière des hommes, il faut que l’interprète de la Sainte Ecriture, pour voir clairement ce que Dieu lui-même a voulu nous communiquer, cherche avec attention ce que les hagiographes ont vraiment voulu dire et ce qu’il a plu à Dieu de faire passer par leurs paroles. (…)
Car c’est de façon bien différente que la vérité se propose et s’exprime en des textes diversement historiques, ou prophétiques, ou poétiques, ou même en d’autres genres d’expression. Il faut en conséquence, que l’interprète cherche le sens que l’hagiographe, en des circonstances déterminées, dans les conditions de son temps et de sa culture, employant les genres littéraires alors en usage, entendait exprimer et a, de ce fait, exprimé. En effet, pour vraiment découvrir ce que l’auteur sacré a voulu affirmer par écrit, il faut faire minutieusement attention soit aux manières natives de sentir , de parler ou de raconter courantes au temps de l’hagiographe, soit à celles qu’on utilisait à cette époque dans les rapports humains » (c'est nous qui soulignons).
En d’autres termes, les textes bibliques n’ont pas à être pris au pied de la lettre, ayant étés rédigés en fonction des connaissances et des coutumes des époques reculées de leur rédaction.
Une encyclique de Jean-Paul II, Fides et ratio, datée de 1998, précise les relations de l’Eglise à la science et à la raison :
« 17. Il ne peut donc exister aucune compétitivité entre la raison et la foi: l'une s'intègre à l'autre, et chacune a son propre champ d'action. C'est encore le livre des Proverbes qui oriente dans cette direction quand il s'exclame: « C'est la gloire de Dieu de celer une chose, c'est la gloire des rois de la scruter » (25, 2). Dans leurs mondes respectifs, Dieu et l'homme sont placés dans une relation unique. En Dieu réside l'origine de toutes choses, en Lui se trouve la plénitude du mystère, et cela constitue sa gloire; à l'homme revient le devoir de rechercher la vérité par sa raison, et en cela consiste sa noblesse.
19. Le Livre de la Sagesse comporte des textes importants qui projettent une autre lumière sur ce sujet. L'auteur sacré y parle de Dieu qui se fait connaître aussi à travers la nature. Pour les anciens, l'étude des sciences naturelles correspondait en grande partie au savoir philosophique. Après avoir affirmé que par son intelligence l'homme est en mesure de « connaître la structure du monde et l'activité des éléments [...], les cycles de l'année et les positions des astres, la nature des animaux et les instincts des bêtes sauvages » (Sg 7, 17.19-20), en un mot, qu'il est capable de philosopher, le texte sacré accomplit un pas en avant de grande importance. Retrouvant la pensée de la philosophie grecque, à laquelle il semble se référer dans ce contexte, l'auteur affirme qu'en raisonnant sur la nature, on peut remonter au Créateur: « La grandeur et la beauté des créatures font, par analogie, contempler leur Auteur » (Sg 13, 5).
Je ne peux pas manquer non plus, enfin, de me tourner vers les scientifiques qui, par leurs recherches, nous apportent une connaissance croissante de l'univers dans son ensemble et de la diversité incroyablement riche de ses composantes animées et inanimées, avec leurs structures atomiques et moléculaires complexes. Sur le chemin parcouru, spécialement en ce siècle, ils ont franchi des étapes qui ne cessent de nous impressionner. En exprimant mon admiration et mes encouragements aux valeureux pionniers de la recherche scientifique, auxquels l'humanité doit une si grande part de son développement actuel, je ressens le devoir de les exhorter à poursuivre leurs efforts en demeurant toujours dans la perspective sapientielle, dans laquelle les acquis scientifiques et technologiques s'associent aux valeurs philosophiques et éthiques qui sont des manifestations spécifiques et essentielles de la personne humaine. Le scientifique a bien conscience que « la quête de la vérité, même si elle concerne la réalité finie du monde ou de l'homme, est sans fin, mais renvoie toujours à quelque chose de plus élevé que l'objet d'étude immédiat, vers des questions qui donnent accès au Mystère ». (131)
Et dans la note 29, de cette même encyclique :
(29) « [Galilée] a déclaré explicitement que les deux vérités, de foi et de science, ne peuvent jamais se contredire, "l'Ecriture sainte et la nature procédant également du Verbe divin, la première comme dictée par l'Esprit Saint, la seconde comme exécutrice très fidèle des ordres de Dieu", comme il l'a écrit dans sa lettre au Père Benedetto Castelli le 21 décembre 1613. Le Concile Vatican II ne s'exprime pas autrement; il reprend même des expressions semblables lorsqu il enseigne: "La recherche méthodique, dans tous les domaines du savoir, si elle [...] suit les normes de la morale, ne sera jamais réellement opposée à la foi: les réalités profanes et celles de la foi trouvent leur origine dans le même Dieu" (Gaudium et spes, n. 36).
L’ouvrage de Dominique Lambert, Sciences et théologie : les figures d’un dialogue vous aidera peut-être à comprendre la position actuelle de l’Eglise catholique :
« Dieu agit en faisant que les choses se fassent, il soutient dans l’existence le déploiement autonome des causalités naturelles. (…) . Dieu n’est donc pas cause (naturelle) mais cause des causes. » (p. 168)
Enfin, vous pouvez vous reporter dans notre catalogue aux ouvrages accessibles par les mots-clés suivants :
Religion et sciences
Foi et raison
L’encyclopédie catholique Théo consacre un petit chapitre aux relations entre « Science et foi » qui vous donnera un aperçu des différentes façons de l’Eglise catholique d’aborder ces questions .
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