Lénine et le gauchisme*

Réponse du département Civilisation

L’expression « gauchisme » est à l’origine péjorative. Lénine, dans sa brochure, « la maladie infantile du communisme » (le gauchisme) parue en 1920, explique qu’il faut faire preuve de souplesse, ne pas écarter le compromis et condamner tout esprit dogmatique. A la suite de cette mise en garde, le gauchisme a été excommunié dans tous les régimes communistes.

Au moment du congrès du Parti bolchevique de mars 1918 où Lénine défendit la conclusion de la paix avec l’Allemagne, celui-ci « s’en prit au gauchisme de certains de ces camarades. Tout au long de l’année 1917 et dans les semaines qui suivirent la conquête du pouvoir, il s’était attaqué aux bolcheviks modérés et de droite, mais avec le problème soulevé par les rapports avec l’Allemagne impérialiste – s’incliner devant sa puissance et son diktat ou la défier par la guerre révolutionnaire ? – et avec le prolétariat occidental – fallait-il, en le stimulant par cette même guerre révolutionnaire tenter de secouer sa relative apathie ou, au contraire, en prendre acte et refuser la stratégie du quitte ou double ? – Lénine se sépara des communistes de gauche et les attaqua vigoureusement.

Le désaccord ne portait d’ailleurs pas seulement sur la politique étrangère, encore que ce point fut décisif. La logique de son réalisme poussa Lénine à changer, en bien des points, son fusil d’épaule. Il se fit le défenseur du capitalisme d’état, préconisa de plus en plus, non les vertus de l’initiative, mais les nécessités de la discipline et celles du rendement, de la productivité et de l’ordre imposé par le haut à un prolétariat toujours acquis au régime soviétique mais de plus en plus atteint dans ses ressources physiques. En chacune de ces matières, il se heurta à l’opposition des communistes de gauche. Lénine, pour sa part, qui avait , pendant des mois, poussé à l’offensive et invité son parti à suivre les masses révolutionnaires, se refusa désormais à prêter l’oreille aux braillards et déclara, au lendemain de Brest-Litovsk, que la tactique doit consister à attendre, à gagner du temps, à éviter le combat, à battre en retraite. Telle était la conséquence de la première défaite enregistrée par le bolchevisme après son accession au pouvoir. »

Pour plus d’informations vous pouvez consulter « Le léninisme sous Lénine » t.2 : l’épreuve du pouvoir, de Marcel Liebman.

Pierre Broué dans « Le Parti bolchevique » donne des précisions sur le gauchisme du point de vue de l’histoire interne du Parti (Le parti au bord de la scission p. 111-120).