Question d'origine :
Qu'est ce qu'un papier dominoté ?
Réponse du Guichet
bml_anc
- Département : Fonds Ancien
Le 02/11/2005 à 09h32
Le papier dominoté est un papier ancien décoré qui était utilisé au XVIIIe siècle pour la couverture des livres brochés et les gardes des livres reliés. Le décor (étoilé, échiqueté, floral, à motifs géométriques etc.), réalisé par le dominotier ou feuilletier (fabricant de papier peint) était obtenu par l’emploi de bois gravés en taille d’épargne et tirés en couleurs.(Ch. Galantaris, Manuel de bibliophilie, Paris, Ed. des Cendres, 1997)
Il s’agit donc d’une technique particulière de décoration de papier : l’impression du papier au moyen d’une planche de bois ou d’une plaque de cuivre incisée, avec des passages en couleurs nécessitant autant de planches gravées.
"Les dominotiers, réunis en corporation, avaient le droit de « fabriquer le papier marbré et tout autre papiers diversement peint de figures que le peuple appelait autrefois domino » (Dictionnaire de Furetière). Ce papier servait à doubler les coffres, les armoires, les tiroirs, ainsi qu'à garnir les cartons à chapeaux et à décorer les cheminées. Il servira progressivement à décorer les murs des garde-robes, chambres de domestiques, encoignures et intérieurs de meubles.
Au XVIIIe siècle, les papiers dominotés sont à l’origine d’un véritable engouement de la part des relieurs. Rarement utilisés en pages de garde pour les reliures de cuir, ces papiers sont presque toujours des papiers de couverture : le livre ordinaire a presque toujours son « habit », le même pour tous les genres. Pour la reliure, les motifs seront adaptés au format du livre : petits motifs répétitifs et rapprochés qui remplissent en semis ou en bandes tout l’espace d’une couverture ; monochromes au début, ils se détachent joliment sur le papier. Cette monotonie apparente des motifs est souvent corrigée par des retouches de couleurs, faites à la main ou au pochoir, qui apportent une grande diversité à cette production.
Au début du XVIIe siècle, la diffusion en Europe des motifs orientaux apporte une grande révolution figurative. On fait appel à des artistes et des graveurs qui travaillent aussi bien pour les tissus (indiennes) que pour les papiers. Les mêmes bois et souvent les mêmes couleurs peuvent servir à ces deux techniques très voisines nécessitant les mêmes manipulations et l’on ne peut que constater la symbiose de ces deux arts.
Après la mode des indiennes, la France s’engoue pour les « chinoiseries ». Puis l’influence de la culture orientale évolue : au XVIIIe siècle, elle est bien visible sur le papier avec des motifs inspirés du Japon qui révèlent une forte tendance à l’abstraction : motifs géométriques stylisés minuscules, cercles, carrés, triangles, petits points, bandes de feuilles répétées…comme si l’on revenait aux origines.
A partir de 1800, les papiers dominotés, imprimés sur des planches trop anciennes épargnées par la Révolution, deviennent médiocres : les couleurs s’affadissent ou se brouillent et l’on ne peut que constater la lassitude d’un art qui a fait son temps. Comme l’imagerie populaire, elle s’achèvera dans le premier tiers du XIXe siècle, lorsque l’industrie mécanisera tous les ateliers familiaux. Dans cet art essentiellement populaire, la perfection technique ne sut jamais remplacer la spontanéité."
Les principaux centres de production furent au XVIIIe siècle : Le Mans, Chartres et Orléans.
Vous trouverez des renseignements complémentaires sur ce type de papier dans l’ouvrage suivant :
Marie-Ange Doisy. De la Dominoterie à la marbrure, Paris, 1996, pp 60-70
consultable en salle du Fonds ancien [FA est 10D]. Cet ouvrage très complet nous a servi pour la réponse ci-dessus.
Ci-joint un exemple de : papier dominoté
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