Question d'origine :
Pourquoi
Je voudrais savoir quel était avant son indépendance le statut de l'Algérie. S'agissait il d'un departement et pourquoi un tel drame par rapport à l'independance de pays aussi prochers tels Maroc et Tunisie
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 18/11/2005 à 16h26
L’Algérie, en tant que colonie française, annexée dès 1830, avait un statut de département et était en cela assimilée au territoire français. C’est en 1848 que la constitution de la IIème République divisa l’Algérie en trois départements. En revanche, l’assimilation de la population resta beaucoup plus controversée et compliquée à mettre en place. En 1865, un senatus-consulte déclara les habitants de l’Algérie français, mais ils ne jouissaient pleinement de leur citoyenneté que s’ils renonçaient à leur statut civil de musulman, en demandant une naturalisation. S’ils refusaient cette naturalisation (et ils l’ont en majorité refusée), ils n’avaient pas les mêmes droits électoraux, ils ne pouvaient pas prétendre à tous les emplois publics, ils étaient soumis au Code de l’indigénat…autrement dit, ils étaient privés d’une égalité des droits avec les autres français. Par la suite, de nombreuses revendications et des tentatives de réforme de ce statut ont eu lieu, mais elles n’ont pas abouti, et le réveil du nationalisme algérien à partir des années trente a mis fin à l’idéal français de l’assimilation.
La Maroc et la Tunisie avaient le statut de protectorat. Le protectorat sur la Tunisie fut créé en 1881, et celui sur le Maroc en 1912.
Voici ce que dit Wikipédia sur les protectorats : Le protectorat est une des formes de sujétion coloniale. Il diffère de la colonisation pure et simple en ce que les institutions existantes, y compris la nationalité, sont maintenues sur un plan formel, la puissance protectrice assumant la gestion de la diplomatie, du commerce extérieur et éventuellement de l'armée de l'État protégé. Les Français employèrent aussi la technique du protectorat en Afrique du Nord (Tunisie et Maroc), où la France était représentée par des Résidents généraux, ainsi qu'en Indochine… La technique du protectorat a fait que, dans la pratique, les indigènes ont participé à l'administration de leurs pays, et qu'ainsi, ces pays ont disposé, à la fin de la colonisation, de cadres avertis, prêts à prendre en main leur destin.
Vous pouvez vous reporter à l’article de Wikipédia sur la colonisation pour mieux appréhender les différentes formes de colonisation mises en place par la France et par les autres puissances coloniales :
Voici quelques références sur l’Algérie et le Maghreb pendant la colonisation :
Le maghreb à l’épreuve de la colonisation
Algérie, Maroc : histoires parallèles, destins croisés
Histoire de l'Algérie coloniale : 1830-1954
Le drame de la guerre d’Algérie résulte de multiples facteurs, qu’on ne saurait résumer ici. Le fait que l’Algérie fut le premier pays conquis du Maghreb, et non sans une violente résistance, l’implantation massive de colons, son statut différent du Maroc et de la Tunisie, l’échec de l’assimilation des « indigènes », mais aussi bien sûr, de nombreux facteurs politiques et économiques, ont contribué à cette guerre d’indépendance. Pour approfondir le sujet, nous vous conseillons l’ ouvrage suivant :
La guerre d'Algérie : 1954-2004, la fin de l'amnésie
Vous pouvez aussi faire une recherche dans notre catalogue à « guerre d’Algérie ».
Dans l’ouvrage Histoire de la guerre d’indépendance algérienne, l’auteur fait le lien entre le statut de l’Algérie coloniale et des algériens et la sanglante accession à l’indépendance : L’absence d’assimilation des algériens aurait été, dans ce cas, la véritable cause de l’éclatement de l’insurrection algérienne. Car fermant tous les recours à l’expression collective des algériens colonisés, au progrès de leur condition politique, économique et sociale, la France ne leur aurait pas laissé d’autre choix que celui de la lutte armée pour se faire entendre, ni d’autre solution que l’indépendance pour espérer s’émanciper. L’histoire de la politique françaises outre-Méditerranée résonne alors comme une longue litanie d’« occasions manquées », par la métropole, de construire une Algérie française stable et durable ou, au moins, d’éviter que tout se termine par une guerre longue et meurtrière.
Cependant, cette explication privilégie le versant français d’une histoire commune, ainsi qu’une approche exclusivement politique. Au-delà, l’exploration de la société coloniale révèle des relations complexes, certes, mais où la domination a été le lot quotidien des Algériens. Plus que l’échec d’une colonisation qui aurait pu réussir, si l’assimilation avait été réalisée, la guerre sanctionne le projet colonial lui-même, qui reposait sur une conquête dans la violence et sur le maintien d’une dépendance jamais acceptée.
Nous vous conseillons par ailleurs le numéro spécial (octobre 2005) de la revue L’Histoire, consacré à la colonisation.
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