Végétarisme et végétalisme
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 06/01/2006 à 11h17
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Question d'origine :
Bonjour,
Pourriez vous m'indiquer quelle part de la population française et mondiale est végétarienne. Quels pays pratiquent le végétarisme de façon traditionelle?
De plus, pourriez vous m'aider à comprendre pourquoi en France un repas à base de viande est généralement considéré comme moins austère qu'un repas végé. D'où viennent cette image et ce jugement de valeur?
Merci par avance de votre réponse éclairée.
Réponse du Guichet
anonyme
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 07/01/2006 à 17h23
Le végétarisme est une pratique alimentaire qui exclut d'un régime la majorité, voire tous les éléments provenant des animaux et les produits qui en sont dérivés (comme le lard, le suif, la gélatine, la cochenille, le caviar). La plupart des régimes végétariens contemporains incluent le miel ainsi que les œufs, le lait de vache et les autres produits laitiers.
Chaque végétarien choisit ce qu'il consomme ou pas. Le végétarisme est une pratique peu courante en France, mais les pays où il est plus répandu pratiquent des distinctions telles que :
- Ovo-lacto végétarisme. Cette pratique proscrit l'ingestion de viande, en permettant la consommation de produits d'origine animale tels que les œufs et le lait. Les ovo-lacto végétariens qui le sont pour des raisons éthiques peuvent en plus refuser de manger des fromages fabriqués avec des enzymes animales (comme la présure), ou des œufs produits dans des fermes industrielles.
- Lacto végétarisme se réfère à la pratique qui exclut toute viande, en autorisant la consommation de lait et de ses dérivés, comme le fromage, le beurre et les yaourts. Pareillement, les ovo-végétariens ne mangent vraisemblablement que les œufs en plus de leur régime strictement végétarien.
- Les végétariens stricts ou végétaliens évitent la consommation de tout produit issu de l'exploitation animale (œufs, lait, fromage et miel). Ils se nourrissent uniquement de végétaux (plus des minéraux ou micro-organismes comme des levures ou des bactéries).
- Le terme anglo-saxon vegan (pouvant se traduire par véganisme) s'applique à ceux qui en plus d'être végétaliens, évitent d'utiliser des produits d'origine animale (le cuir, la laine, la fourrure, la cire d'abeille et les produits cosmétiques par exemple). Un véganiste n'accepte d'utiliser dans sa vie que des produits non-issus de la souffrance d'un animal : végétaux, minéraux ou micro-organismes (non-testés sur les animaux). Ce mode de vie reste souvent un idéal pour eux car il leur est difficile de le respecter scrupuleusement.
Aux États-Unis, végétarien est usuellement synonyme de ovo-lacto végétarien. Certaines personnes qui se disent végétariennes, mangent de la chair d'oiseaux (« volailles ») ou de poissons (voir la section Catégories non-végétariennes), il est souvent nécessaire, lorsque l'on commande un repas végétarien, de bien préciser que l'on ne veut aucune viande, ni poulet, ni poisson.
Au Royaume-Uni, à cause de sa minorité hindoue assez importante, végétarisme fait souvent référence à la pratique hindoue décrite plus loin.
Formes religieuses ou culturelles
- Il est interdit aux hindous de certaines castes de consommer quelque chose qui soit obtenu au prix d’une souffrance animale : la viande, les œufs, les produits dérivés tel que la présure, la gélatine (ce qui inclut les capsules de gélatine) et le miel. Comme le lait est donné de façon consentante, les lait de vache, de bufflonne et de chèvre ainsi que les laitages (autres que les fromages qui contiennent de la présure) sont acceptables. Le cuir d'une vache étant morte de cause naturelle est aussi acceptable. (Note : Le régime orthodoxe hindou proscrit également l’alcool et tous les aliments stimulants comme les oignons et l’ail)
- Toutes les règles alimentaires listées pour les hindous s'appliquent aux jaïns, en plus du fait qu’ils doivent prendre en compte la souffrance causée aux plantes et aux suksma jiva (Sanskrit : formes de vie subtiles ; ce qui sera plus tard appelé micro-organisme) par leurs choix alimentaires. Il leur est interdit de manger la majorité des racines végétales (pomme de terre) et il semble que beaucoup d’autres plantes soient acceptables seulement quand elles sont récoltées à une certaine période de l’année.
- Les juifs, les chrétiens, les rastafaris et les musulmans possèdent un idéal biblique du régime alimentaire tel qu’il existait au jardin d'Éden, qui apparemment est strictement véganiste (cf. Gen. 1:29, 9:2-4; Is. 11:6-9). Toutefois, seule une minorité de ces populations pratique vraiment et prône un régime si strict, puisque le même livre de la Bible, la Genèse, donne par la suite la permission aux descendants de Noé de consommer la chair animale, mais sans administrer une grande souffrance simultanément à toutes les créatures : « Vous serez craints et redoutés de toutes les bêtes de la terre et de tous les oiseaux du ciel. Tout ce qui remue sur le sol et tous les poissons de la mer sont livrés entre vos mains ». Toutefois, la permission du Dieu judéo-chrétien de manger de la viande n’est pas sans inconvénient. C’est une concession, avec des pénalités - et non des moindres puisque la principale est très probablement une diminution dramatique de l’espérance de vie (voir Gen. 6:3) (l’arrière grand-père de Noé, Mathusalem, est célèbre pour avoir vécu pendant 969 années, préalablement à la concession de Dieu).
- Dans les sociétés chinoises, l’alimentation simple (素食 su4shi2) fait référence à un régime particulièrement restrictif associé aux moines taoïstes, et quelques fois pratiqué par la population générale durant les festivités taoïstes. Le terme utilisé pour désigner ces pratiquants est végétarien. Cependant, bien qu’elle rejette la viande, les œufs et le lait, cette alimentation comprend les huîtres et ses dérivés.
Bien que choisir de manger ou non de la viande est souvent un choix rationnel, certains végétariens (un petit nombre) pensent que ce choix doit se baser sur des informations qui ne sont délibérément pas diffusées à cause de l'influence de l'industrie de la viande. La décision de devenir végétarien peut être due à une combinaison de raisons :
Religion
Beaucoup des premiers chrétiens (dont les Pères du désert) étaient végétariens. Ensuite, les ordres Trappiste, Bénédictin et Carthusien encouragèrent le végétarisme, comme les Adventistes du septième jour. Au XIXe siècle, des membres de la secte de la Bible Chrétienne établirent le premier groupe végétarien en Angleterre et aux États-Unis.
Les Rastafariens suivent en général un régime appelé I-tal, qui évitent d'absorber de la nourriture qui a été artificiellement préservée, aromatisée ou altérée chimiquement. Les Rastas bien souvent ne mangent pas de viande, ils s'en réfèrent pour cela aux écrits bibliques.
La Genèse 1:29 établit « Et Dieu dit: Voici, je vous donne toute herbe portant de la semence et qui est à la surface de toute la terre, et tout arbre ayant en lui du fruit d'arbre et portant de la semence: ce sera votre nourriture. ». Selon de nombreux spécialistes de la Bible juive, cela signifie que l'objectif initial de Dieu était que l'homme soit végétarien. Pour beaucoup de Rabbins, Dieu donna par la suite la permission aux hommes de manger de la viande à cause de la faiblesse des hommes, mais l'idéal pour les hommes serait d'être végétariens. Cependant, d'autres avancent que les gens peuvent manger des animaux car Dieu donna leur domination à Eve et à Adam .(La Torah et le végétarisme).
La population végétarienne est estimée en France entre quelques centaines de milliers d'individus (Quid 1997) et jusqu'à 1,5% de la population française (CFES, 1996), soit un million de personnes. Les statistiques (Vegetarian Society et la Vegan Society) indiquent 3,5 millions de végétariens au Royaume-Uni. Quant aux Indiens, 22% seraient végétariens (Shaakahar ki maansahar ? par le Dr. V.V. Gokhale et Kalyan Gangwal), principalement représentés par les Jaïnistes (3 à 4 millions).
Source (et suite) wikipedia
Qu'entendez-vous par "repas austère" ? frugal ? triste ?
Disons que les repas sans viande sont considérés par certaines personnes comme n'étant pas de "vrais" repas.
La valorisation de la consommation de viande est liée à de nombreux facteurs comme son rapport avec le statut social, les vertus qu'on lui attribue, les privations alimentaires qu'ont pu subir certaines générations, etc.
Au rayon du département Civilisation, on trouve de nombreux ouvrages sur l'homme et son alimentation, notamment la viande. Nous vous donnons quelques extraits et vous encourageons à venir, si vous le pouvez, consulter ces ouvrages :
L'enquête menée par Pierre Henri Chombart de Lauwe dans les familles ouvrières en 1956 révèle une préoccupation constante quant au fait de manger de la viande. Seul un accroissement du revenu permettait en effet d'acheter une ration quotidienne de viande considérée comme indispensable « pour tenir le coup au travail ». « La viande, écrit P.H. Chombart de Lauwe, n'a pas seulement une valeur symbolique parce qu'elle représente l'aliment susceptible de satisfaire le mieux un besoin (que cela soit vrai ou faux). Elle est aussi, comme l'on fait remarquer certains auteurs pour d'autres aliments, un symbole de statut social et l'importance qu'on y attache peut varier en fonction de la transformation des structures et du changement de position sociale du sujet. » L'attachement démontré des familles ouvrières pour un certain type de cuisine mijotée, ragoûts et bouillis, ne reflète que le poids de contraintes économiques niées dans la
sommation de viande rouge. « I! ne s'agit pas, ajoute P.H. Chombart de Lauwe, d'un désir de consommation plus importante de viande, symbolisant l'accession à une position sociale qu'on voudrait occuper, mais d'une préoccupation actuelle à l'égard de la viande due à la crainte de ne pas pouvoir rivaliser avec des
résentants d'un autre groupe plus favorisé. »
Source : La France à table
ou :
C'est donc par la suite, et sans doute sous l'influence des idéologies judéo-chrétiennes, qu'on en vint à parler de cet homme-chasseur, puis devenu pasteur et, enfin et comme à regret, cultivateur...
Et il est toujours bien présent dans notre culture, dans notre inconscient collectif, ce prétendu homme-chasseur de nos origines !
Qu'il y ait dans tout cela une bonne dose du vieux machisme méditerranéen et, par extension, occidental, me paraît assez évident, la force virile ayant le privilège de s'exercer dans l'affrontement avec le redoutable et noble animal ; la faiblesse soumise des femmes se confinant aux tâches domestiques et à celles, modestes et sans risque, de la collecte des végétaux.
Bref, pensée et civilisation occidentales ont privilégié et privilégient volontiers l'animal et sa chasse par le mâle humain.
masculines perdues ? Sans doute ! Tout se passe comme si, par ce rituel déri-
soire, ils voulaient personnifier les vaillants et primitifs chasseurs de la première
étape humaine.
Toujours est-il que nous avons l'animal en tête et bien en tête ; que l'ali-
ment d'origine animale est, chez nous, particulièrement valorisé.
Il n'y a pas si longtemps, notre médecine prescrivait aux anémiés des régimes de grillades saignantes, des extraits de foie et l'on amenait des patients aux
abattoirs pour qu'ils puissent y boire le sang encore chaud de bêtes qu'on venait
d'abattre.
Les viandes « blanches » passaient par contre, passent encore, comme con-
venant aux estomacs délicats, aux foies sensibles...
De telles pratiques diététiques me paraissent relever d'anciennes magies, quand elles ne participaient de l'anthropophagie rituelle qui tendait à s'approprier les vertus ou le principe vital de la victime humaine consommée. Je pense d'ailleurs que, très tôt, les premiers chasseurs qui devaient se sentir quelques affinités biologiques avec les bêtes qu'ils chassaient pensèrent, en les consommant, s'imprégner de leur force ou de leur combativité ou de quelques autres de leurs qualités.
Source : Les hommes et leurs aliments : esquisse d'une histoire écologique et ethnologique de l'alimentation humaine
L'image parfois négative de l'alimentation végétarienne n'est pas propre à la France, voir les sites suivants (en anglais) :
- Beyond Vegetarianism (Large site avec beaucoup d'articles de différents auteurs)
- The Naive Vegetarian
- People for the Eating of Tasty Animals
DANS NOS COLLECTIONS :
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