Question d'origine :
Bonjour,
Je suis étudiant à Nice et je fait des recherches sur le "Livre des Rites" de Confucius, appelé aussi "Mémoires sur les Bienséances et les Cérémonies" ("LIJI" ou "LIKI" en chinois).
Ce qui me pousse à vous écrire c'est que face aux règles établies par Confucius je me suis demander quelle était l'origine de celles ci. On pourra noter par exemple la place sur la table, des aliments (liquides à droite, saucisse courbée à droite, pas courbée à gauche...), les règles du deuil...
Ainsi ma question est la suivante, Confucius a-t-il donner ces préceptes au hasard, ou bien y a-t-il des raisons, et si oui lesquelles?
Merci par avance.
James23.
Réponse du Guichet
bml_chin
- Département : Fonds Chinois
Le 13/02/2006 à 16h15
Votre question, telle qu’elle est posée, demande impérativement d’apporter les précisions suivantes:
1/
Confucius stricto sensu n’a pas écrit Les Mémoires sur les Rites (禮記 Li ji);
2/
Confucius n’a rien inventé ex-novo, quant aux règles qui se trouvent pour ainsi dire fixées dans l’ouvrage qui vous occupe.
En effet il est utile de préciser clairement que Les Mémoires sur les Rites
Il est aussi à signaler que les textes les plus anciens ne sont que des
La tradition confucianiste nous a transmis la trace des institutions de la Chine pré-impériale à travers trois recueils canoniques qui n’ont pris leur forme définitive qu’à l’époque des Han postérieurs (25-220) ». Au III siècle en effet on comptait Neuf canons issus du corpus primitif, dont les quatrième, cinquième et sixième canons sont Les Trois canons des rites : le Zhou guan 周官(ou Zhouli 周禮), le Yi li 儀禮 et le Li ji. « Le Zhou guan est un code de l’organisation des pouvoirs publics sous les Zhou (fin du II millénaire-256 av. J-C.) [qui] nous a été transmis [dans une version établie dans la deuxième moitié du 1er siècle av. J.-C.]. Le Yi li est un code du cérémonial en usage chez les Zhou pour la célébration de diverses solennités de la vie religieuse et de la vie sociale […]. Le Li ji est un recueil de quarante-six monographies (en 49 chapitres) traitant
Dans la littérature confucéenne, le corpus des textes portant sur les rites restent donc de date et paternité incertaine. Le Li ji, tel qui nous est parvenu dans sa forme actuelle, a été assemblé par Dai Sheng 戴聖 au tout début du 1er siècle av. J.-C. (dynastie des Han antérieurs, 206 av. J.C.-24), à partir de textes datables de la tarde période des Zhou (770-221 av. J. C.), Qin (221 av. J.C.-207 av. J.C.), et Han. Certaines sections ont traditionnellement été attribuées à des disciples directs de Confucius, mais cette thèse a été désormais réfutée par les chercheurs. Du reste, « beaucoup des idées dans le Li ji sont exprimées ou illustrées sous la forme d’anecdotes sur Confucius et ses disciples. Il est peu vraisemblable de pouvoir prêter à cela une quelconque base historique. Certains d’entre eux furent probablement inventés afin de donner un cadre aux affirmations de Confucius […] ; d’autres simplement lui empruntent son nom pour une question d’autorité. D’autres encore, comme ceux du chapitre intitulé ‘Tan gong’ sont probablement
Tout compte fait, vous avez entre vos mains un ouvrage où sont exposés les arguments et les interprétations confucéennes des rites chinois anciens. Le nom même de l’ouvrage l’indique si l’on considère qu’il s’agit bien de 記 ji «Mémoires » sur les 禮 li « rites ». Comme l'a très bien dit le savant Léon Vandermeersch :
Traditionnellement le mot 'li' 禮 des rites est assimilé à son homonyme 'li' 履 chaussure [dans sa prononciation ancienne – aujourd’hui ce caractère se prononçant lü] , par transposition sur le plan de la démarche morale, sur le plan de la conduite et de l’action, de la nécessité d’une forme qui maintienne le pied en le garantissant du risque d’entorse dans la démarche physique.
‘La vertu de l’humanité consiste à humaniser celle-ci (à savoir, la piété filiale) ;
A vous maintenant de continuer vos recherches et réflexions, en vous penchant peut-être d’une part sur la question des rites et la valeur que la philosophie confucéenne leur accorde et / ou d’autre part sur la question des rites pratiqués dans la Chine ancienne… .
Ne sachant pas si vous connaissez le chinois, nous nous limiterons à vous indiquer quelques références d’ouvrages en langues occidentales :
* Confucius, par Jean Lévi.
* Étude sur le confucianisme Han, par Anne Cheng. (BM de Lyon, Fonds chinois, cote CH 32878).
* Etudes sinologiques, par Léon Vandermeersch, Paris : P.U.F., 1994 (BM de Lyon, silo moderne, cote K 90620). Voir en particulier la deuxième partie ‘Le ritualisme chinois’, qui reprend des textes par le même auteur déjà parus, dont :
* Wangdao ou la Voie royale (1) : Structures cultuelles et structures familiales et Wangdao ou la Voie royale (2) : Structures politiques, les rites, par Léon Vandermeersch (également disponible au Fonds chinois, cote CH 33125/2).
* State and court ritual in China, sous la direction de Joseph P. McDermott, Cambridge : Cambridge University Press, 1999.
* Confucianism and family rituals in imperial China: a social history of writing about rites, par Patricia Buckley Ebrey, Princeton : Princeton University Press, 1991.
(Compte tenu de votre lieu de résidence, nous vous précisons que tous ces ouvrages peuvent être localisés en France via le Catalogue Sudoc).
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