Question d'origine :
Bonjour,
Travaillant sur la réception critique de l'érotisme littéraire dans les années 70, je suis à la recherche de cet appel commun d'opposition qui a été signé en 1975 par dix associations féministes (Choisir, l'Union féminine civique et sociale, le Groupe de liaison d'information femmes-enfants, la Ligue du droit des femmes, etc.) afin de protester contre le coup de projecteur médiatique apporté alors à Histoire d'O et à la pornographie en général.
Je n'ai pas réussi à localiser le texte de cet appel : savez-vous où il est possible de se procurer ce texte?
Je vous remercie très sincèrement d'avance de m'aider,
Bien cordialement,
Alexandra Destais
Réponse du Guichet
bml_soc
- Département : Société
Le 09/08/2006 à 14h25
Malgré moultes recherches, nous n’avons pas trouvé trace du manifeste auquel vous faites allusion. En revanche, le Manifeste des 343 parfois nommé « Manifeste des 343 salopes », pétition parue dans le magazine français le Nouvel observateur du 5 avril 1971 et signée par 343 femmes affirmant avoir subi un avortement, et s'exposant ainsi à des poursuites pénales pouvant aller jusqu'à l'emprisonnement, a eu un grand retentissement. (voir en ligne le Manifeste des 343 salopes).
Dans un article signé Jérôme Garcin, paru dans le Nouvel observateur du 8 Août 2002, nous apprenons effectivement que l'adaptation cinématographique du livre de Pauline Réage « Histoire d’O » par Just Jaeckin en 1975, ainsi que les articles publiés dans la presse française à la sortie du film, notamment dans L'Express (N° 1260, 1261, 1262 parus entre le 1er et le 21 septembre 1975) ont provoqué de violentes réactions non seulement chez les féministes mais également de la part de personnalités issues des milieux politiques, religieux, intellectuels, syndicaux etc. :
(…) il suffit de l’adaptation cinématographique de son livre par Jaeckin et de la une de « L’Express » consacrée, le 1er septembre 1975, à « Histoire d’O » pour que resurgisse le scandale.
Aux cris de : « Pas d'argent sur notre corps ! », des militantes du MLF prennent d'assaut l'hebdomadaire de JJSS sur les murs duquel elles tracent au rouge à lèvres des inscriptions vengeresses. Elles sont soutenues par Mgr Marty, archevêque de Paris, qui condamne « le spectacle de la personne humaine dégradée » ; par Michel Droit, qui signe aussitôt un pamphlet intitulé « La coupe est pleine » ; et par François Chalais qui, dans une « Lettre ouverte aux pornographes », écrit d'« Histoire d'O » que c'est « la Gestapo dans le boudoir ». Les deux Georges, Marchais et Séguy, s'y mettent à leur tour pour vitupérer le capitalisme corrupteur et pourrissant. A la Chambre, on interpelle le gouvernement pour réclamer des sanctions. Devant cette étrange ligue bien-pensante qui compte des pétroleuses, des prélats, des syndicalistes, des gaullistes et des communistes, les législateurs décident de classer X les films à caractère porno et créent pour eux la taxe exceptionnelle de 33%.
Ainsi donc, vingt et un ans après sa parution, « Histoire d'O », ce livre « intolérable », selon le mot de Mauriac, continue de choquer la France sans troubler pour autant Pauline Réage, qui garde le silence comme on porte le voile. Adepte du « never explain, never complain », la plus célèbre des clandestines vit très bien avec son secret et ses regrets. « C'est insupportable, lui disait Paulhan, mort en 1968, vous trouvez moyen de faire remarquer que vous êtes effacée. » Une seule fois, la petite dame de « la NRF » s'est coupée, pendant un comité de lecture de Gallimard. On discutait d'un manuscrit érotique. « C'est mieux qu'"Histoire d'O" ! », lâche un lecteur. Et Dominique Aury, d'une voix de confessionnal: « Oh, ce n'est pas gentil pour moi... (…)
Des articles de presse :
*
* Libération 19 septembre 1975 : Après Histoire d’o dans l’Express : un fouet pour JJSS
Le début de l’article : « Jeudi soir (18 septembre 1975) une cinquantaine de femmes (Pétroleuses, Ligue du droit des femmes, Groupe psychanalyse et politique, Tribunal international des crimes contre les femmes) ont envahi le bureau de Servan Schreiber au sixième de l’immeuble de l’Express, aux cris de « JJSS maquereau ! » et en chantant. Mais JJSS n’était pas là pour recevoir le fouet que les femmes lui apportaient. Motif de cette action : protester contre la publication par l’Express » de photos d’ »Histoire d’o », d’extraits du livre et d’articles expliquant qu’après tout les femmes aiment tre violées et soumises….. Après l’occupation symbolique de l’Express, les femmes sont allées manifestées devant le cinéma Ambassade (sur les champs Elysées) ou Histoire d’O est projeté….Les slogans fusaient : « la police protège le viol », « Flics, proxènètes comme à Lyon », « Histoire d’O protégé, histoire d’A interdit »…. (…)
*
Un mémoire : Institut d’études politiques de Lyon :
Un extrait : Des militantes féministes envahissent les locaux de L'express après que celui-ci ait fait la couverture avec Histoire d'O et s'en prennent (sans grands dommages) aux salles qui le projettent, entendant donner corps à l'idée que le porno est une forme de prostitution qui exploite les femmes et en donne une image dégradante. S'y ajoutent des « troubles à l'ordre public », issus des affichages sauvages et pas vraiment glamour sur les murs des villes. A la fin de septembre 1975, un sondage de Paris-Match fait ressortir le ras-le-bol et contredit de précédentes enquêtes qui indiquaient une grande bienveillance de la population pour le sexe à l'écran (et par extension, pour moins de censure). Cette fois, 56 % des personnes interrogées se proclament en faveur de la censure. (...) Le 7 novembre 1975, les Associations familiales catholiques (regroupant deux cents associations) et l'Union des associations (qui en revendique quarante trois) portent plainte devant la justice contre L'essayeuse, de Serge Korber. Bien que le film, suite à la création du label X en est écopé le 23 avril 1976, le 4 octobre, le réalisateur, le scénariste, la chef monteuse et la vedette sont répondaient devant la 17ème chambre correctionnelle de Paris du délit d'outrage aux bonnes moeurs. Le 8 novembre, le film est condamné à être brûlé, chose unique dans le cinéma français depuis l'Occupation.(...)
Source : Censure cinématographique en France
Sur Internet :
* Histoire d'O sort sur les écrans et remet à l'honneur cette vieille idée que les femmes aiment être dominées, battues, voire violées. Les féministes qui protestent passent pour des puritaines
Source : Ainsi soient-elles au XXIe siècle
* Histoire d’O : le roman et le film
Source : Wikipédia
* (…) Évolution des moeurs et des genres
Depuis que l'Homme a su dessiner ou sculpter, les services et produits à caractère pornographique ont été fait pour les hommes, car les plus grandes civilisations du passé étaient patriarcales.
La pornographie s'est vulgarisé depuis le début du XXe siècle. Actuellement, elle n'est pas uniquement destinée à certaines catégories de personnes et touche également des personnes en couple ou ayant une vie de famille, mais également les jeunes et les femmes.
Source : Wikipédia
Pour finir une
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter