les cafés lyonnais sous l'occupation
LYON, MÉTROPOLE ET RÉGION
+ DE 2 ANS
Le 18/08/2006 à 09h03
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Question d'origine :
Bonjour,
Pourriez-vous me dire ce que l'on pouvait trouver comme boissons dans les cafés de Lyon en 1944? Qu'en était-il du vin?
Merci.
Réponse du Guichet
bml_reg
- Département : Documentation régionale
Le 21/08/2006 à 14h57
Nous avons effectué une recherche sur un certain nombre de documents qui parlent tous de la politique de ravitaillement, des tickets de rationnement durant la période de la guerre. Quant à donner en détail une liste de consommations que l’on pouvait trouver dans un bistrot lyonnais de l’époque, l’entreprise est risquée. Le vin est de consommation courante, c’est une boisson qui sera rationnée avec les années de guerre jusqu’au moment où l’on ne pourra plus en trouver.
D’après
« Les sources se raréfient, les premières mesures contraignantes sont prises et les lyonnais ont la désagréable surprise de se voir rationner, dès le 1er août 1940, le pain, les pâtes, le riz, le sucre, les produits laitiers, l’huile et le savon. Ajout à ce tableau négatif : « Il faut compter que l’on doit aux allemands plus de 4 millions de quintaux avant le 31 mai. La crise vient de ce que 14 millions de quintaux ont été détournés par le marché noir » …la carte de ravitaillement ne constitue malheureusement pas la panacée dans la mesure où les produits alimentaires se raréfient. » ».
Le rationnement se fait également sur le chauffage et les vêtements (La vie quotidienne en France pendant la Seconde Guerre mondiale).
Pourtant, il existait des lieux que l’on continuait de fréquenter comme la bibliothèque pour se réchauffer et les bistrots, lieux de résistance, où l’on allait boire un verre, c’est-à-dire des ersatz de boissons, cafés, vins ou bières.
« La ville, c'est aussi les lieux traditionnels de socialisation, de distraction, qui prirent durant le conflit des résonances toutes particulières : cafés, restaurants, hôtels, cinémas, théâtres, bibliothèques, parcs gagnèrent en fréquentation du fait des restrictions – on allait l'hiver à la bibliothèque pour lire, certes, mais aussi pour avoir moins froid… – mais s'érigèrent aussi en hauts lieux de résistance – ainsi a-t-on pu dresser une carte des bistrots lyonnais de la Résistance – mais aussi de répression » (In : Villes en guerre (1939-1945) : Le cas des Alpes occidentales ).
Mais la situation était telle qu’il fallait être particulièrement ingénieux pour proposer des produits encore consommables.
Voici un certain nombre de recettes en circulation dans les années quarante qui permirent un semblant de vie.
Recettes et produits de remplacement proposés par Laurie Vernay dans
Achetez chez votre pharmacien : 10 g de lichen blanc, 10 g de graines de lin, ajouter 1 litre d’eau et faites bouillir le tout dix minutes. Versez sur un tamis, écrasez les graines au pilon ; récupérez le liquide, le laisser refroidir. Vous aurez de l’huile. D’autres font de l’huile avec des graines de hêtre ou de lin, ou bien de la graisse de cheval ou de l’huile de paraffine (encore faut-il en avoir !)
Vous prenez huit noix, vous les épluchez, vous les pillez, puis vous ajoutez de l’eau tiède. Vous faites une pâte que vous délayez avec du vinaigre. Ajoutez du sel et du poivre. Votre sauce est prête. Un expert en art culinaire proposait de faire les topinambours en salade, avec de la fausse huile. Mets absolument délicieux !
Le plus couramment utilisé était composé d’un mélange de graines d’avoine, de glands de chêne séchés, et de racines de chicorée. Le tout torréfié dans une machine que certains possédaient d’avant la guerre, et que l’on se prêtait ou qu’on louait.
Graines d’orge ou d’avoine, blé et pois chiches grillés. Le marc de café servira à ceux qui en auront à nettoyer l’argenterie.
-la bière de pois
Mettre dans un chaudron, une certaine quantité de cosses de pois verts
Vous y ajoutez de l’eau en quantité suffisante pour qu’elles soient recouvertes de 8 ou 10 cm d’eau
Vous laissez cuire le mélange sur un feu modéré pendant 3 heures
Vous laissez refroidir et vous filtrez le liquide obtenu
Vous y jetez ensuite une forte poignée de sauge pour 15 à 20 litres de liquide et vous laissez fermentez le mélange dans un baril
Vous obtenez ainsi une boisson très acceptable
- le vin de mûres
Dans une pièce de 210 litres, mettez 7 kg de mûres de haies ou de prunelles
Versez dessus deux litres d’eau bouillante dans laquelle vous aurez fait dissoudre une demi-livre de tartre brut rouge, le tartre des tonneaux
Ajoutez encore 24 litres d’eau bouillante
Agitez le mélange fortement avec un bâton et abandonnez au repos pendant 5 jours
Ce laps de temps écoulé, jetez dans le tonneau 5 litres d’alcool trois-six ou six litres d’eau de vie de vin
Remplissez le tonneau avec de l’eau et bouchez la bonde
Laisser reposer et attendez avant de tirer ce vin de mûres que le liquide soit bien éclairci
Mettez en bouteilles.
Cette boisson présente un inconvénient : le suc des mûres tache fortement. Mais voici le remède : le jus des mûres encore vertes, fait disparaître immédiatement les taches que le jus des fruits mûrs peut laisser aux lèvres.
Par Gérard Chauvy,
Par Henri Amouroux,
Par Gérard le Marec,
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