Question d'origine :
Question qui m'embarasse: Pouqoi les médecins nous font-ils dire 33?
Merci pour votre recherche.
Cordialement
Réponse du Guichet
bml_sci
- Département : Sciences et Techniques
Le 17/11/2006 à 13h55
Lors d'une auscultation, les médecins demandaient aux patients de dire trente-trois. Trente-trois aurait été choisi parce qu'il produit de façon significative des sons graves permettant la perception des vibrations de la cage thoracique transmise par la voix. Le thorax se comporte comme une caisse de résonance, vis à vis des vibrations laryngées, surtout pour les voix graves.
Chez les anglophones c'est le "Say 99" qui est utilisé pour les mêmes raisons.
Normalement, les vibrations produites au niveau de la glotte sont transmises à la paroi sous forme d’un frémissement léger. L’augmentation des vibrations vocales traduit une condensation du parenchyme pulmonaire sous-jacent. La diminution ou l’abolition des vibrations vocales traduit l’interposition d’une poche liquidienne.
Avant l'invention du stéthoscope en 1816 par le docteur René Laënnec, le diagnostic du médecin n'était établit que suite à un interrogatoire: on prenait le pouls mais on ne le comptait pas, on se contentait de le décrire. Il n'y avait donc aucune donnée objective de la maladie. La congestion pulmonaire était inconnue. Côté méthodes, la palpation et la percussion ne donnaient que de piètres résultats. Dans le domaine cardiaque, les connaissances étaient encore plus fragmentaires. On ne soigne pas, on observe les malades, on attend leur mort. La connaissance des affections pulmonaires est alors plus qu'élémentaire. On regroupe sous le nom générique de phtisie tout un ensemble de maladies. Dans un océan d'ignorance, la méthode d'investigation se réduit à l'examen de la douleur, celui des troubles fonctionnels, l'analyse de la respiration et celle de l'expectoration. La phtisie est à la fois la tuberculose et la bronchite, la gangrène du poumon et l'oedème, l'emphysème et l'apoplexie. On confond pleurésie et pneumonie dont les symptômes (fièvres, toux) sont semblables.
Au prix d'un effroyable labeur, le docteur Laënnec écrit en 1819 le 'Traité de l’auscultation médicale' qui va littéralement révolutionner le monde de la médecine. Il a ainsi ouvert la voie à la médecine nouvelle et ses travaux, toujours enrichis, n'ont jamais été remis en cause.
L'histoire ou la légende veut que Laënnec ait aperçu des enfants jouant à se transmettre les bruits (inaudibles) de petits coups d’épingles frappées aux extrémités d’une poutre ; ils les reçoivent par application directe de l’oreille sur le bois. "Je fus consulté en 1816 par une jeune personne qui présentait des symptômes généraux de la maladie du cœur et chez laquelle l’application de la main et la percussion donnaient peu de résultats en raison de son embonpoint. L’âge et le sexe de la malade m’interdisant l’espèce d’examen dont je viens de parler (l’auscultation immédiate), je vins à me rappeler un phénomène acoustique fort connu : si on applique l’oreille à l’extrémité d’une poutre, on entend distinctement un coup d’épingle donné à l’autre bout. J’imaginais que l’on pouvait peut-être en tirer parti. Je pris un cahier de papier, j’en formai un rouleau fortement serré dont j’appliquais l’extrémité sur la région précordiale et, posant l’oreille à l’autre bout, je fus aussi surpris que satisfait d’entendre les battements du cœur d’une manière nette et distincte".
Laënnec, Traité de l’auscultation médicale, ch.I, 1819
Il n’est plus nécessaire que nous provoquions des modifications (la percussion) ni même que nous cherchions à recueillir le sourd vacarme organique. Il sera seulement demandé au patient de parler (le fameux trente-trois à prononcer). Il devient la source. Nous en récolterons les effets.
A la suite de cette découverte, le docteur Laënnec regagne l'hôpital Necker et mobilise ses étudiants. Ceux-ci fabriquent en série des cylindres de papier puis de divers bois tournés que l'on appelle stéthoscope (en grec: "Je vois dans la poitrine"). Avec sa merveilleuse oreille de musicien, le maître se met à écouter les poitrines des mille malades annuels de ses quatre salles d'hôpital. Il enregistre, compare, synthétise puis vérifie attentivement, lors des autopsies systématiques des quatre cents malades qui décèdent dans l'année.
Ainsi le stéthoscope lui permet de décrire les signes cliniques de maladies pulmonaires. Il s'est attaché à reconnaître tous les bruits normaux et anormaux de la respiration et de la transmission des voix dans les différentes maladies
respiratoires et cardiaques. A l'aide de la pectoriloquie (bruits révèlant l'existence de cavités pulmonaires), il relie ces signes aux caractères cliniques de la maladie et, grâce à l'autopsie, aux lésions tissulaires.
(extrait du site omnihilus)
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