Question d'origine :
Bonjour,
Je recherche un artiste chinois contemporain qui mangerait des cadavres d'enfants chinois avortés, grillés...
J'ai furtivement aperçu cela dans un extrait, très récent (aujourd'hui, donc l'extrait ne doit pas dater de plus de quelques jours...) à la télévision...
L'artiste en question répondrait aux sonorités de "chu yu", l'orthographe que je lui donne est plausible en chinois occidentalisé mais pas certaine...
Merci d'avance à toutes vos réponses à cette question farfelue mais ô combien sérieuse!!
Réponse du Guichet
bml_chin
- Département : Fonds Chinois
Le 20/11/2006 à 10h35
Nous estimons que vous faites référence à l’artiste chinois contemporain 朱 昱 Zhu Yu, né en 1971.
« Au cours de deux dernières années [1998-2000] le milieu de l’art chinois a vu l’apparition du groupe Cadavre. Ces jeunes artistes, âgés d’une trentaine d’années, utilisent des cadavres humains dans leurs œuvres. En Chine, ce phénomène fait scandale. À l’étranger, certains ont pensé que ce type de matériau était plus facile à obtenir en Chine qu’ailleurs, et l’utilisation des cadavres plus aisément acceptable par la tradition chinoise. Rien de tout cela. Il s’agit d’un pur phénomène avant-gardiste. Ces jeunes artistes manifestent leur dédain vis-à-vis des courants principaux de l’art contemporain chinois, ils sont en révolte contre la professionnalisation, l’enfermement et le non-sens du monde artistique. Ils sont animés par le désir d’imposer leur image à l’aide de moyens violents et provocateurs. Pour eux, en effet, le cadavre est non seulement un vocabulaire permettant d’exprimer la violence, mais ils ont parfaitement conscience qu’il s’agit d’un support extrêmement sensible sur le plan moral. La présentation de leurs œuvres lors des expositions de Pékin (Post-sens, 1999 ; Obsession with Harm, 2000) et de Shanghai (Fuck Off, novembre 2000) a porté ces artistes sur le devant de la scène. Leur notoriété n’a depuis cessé de croître, et ils ont très vite été invités à participer à d’importantes expositions, telle la Biennale d’art contemporain de Lyon en 2000. »
(tiré de Transgresser le principe céleste, par Fei Dawei, référencé ci-dessous, p. 60-61).
« Zhu Yu, représentant de l’art performance , habite à Pékin, Chine. Son œuvre aborde de sujets ayant trait à la moralité. Sa pièce d’art conceptuel , intitulée Shi ren 食人, est la plus connue et a été présentée au Festival des Arts de Shanghai en l’an 2000. Elle consiste en une série de photographies montrant l’artiste en train de cuisiner et manger ce qui est prétendu être un fœtus humain. Une image, circulant sur l’Internet via courriel en 2001, a fait l’objet d’investigations de la part tant du FBI que de Scotland Yard. La thématique cannibale de son œuvre a fait sensation au Royaume-Uni, quand en 2003 un documentaire explorant l’art moderne chinoise a diffusé l’œuvre de cet artiste. En réponse aux réactions du public, M. Yu a affirmé : 'Aucune religion n’a interdit le cannibalisme. Ni j’ai pu trouver une lois nous interdisant de manger les personnes. J’ai profité de la marge entre moralité et loi et j’y ai basé mon œuvre'. Toutefois, un examen de près de l’image
(Entrée au nom de l'auteur dans Wikipédia, traduction de l'anglais par nos soins).
« Zhu Yu est un artiste très connu en Chine. Il défraie la chronique dès l'an 2000 pour un "travail" effectué avec des foetus. Il n'est pas le seul. Avec certains autres artistes chinois, il fait partie de ce que les critiques occidentaux ont nommé le mouvement "cadavres", où la matière première est constituée par le corps humain : cadavres des morgues, des prisons, des avortements, dans un pays accusé régulièrement d'en faire le commerce. Mythe ou réalité ? Les accusations portées à l'encontre de Gunther Von Hagens, le père de la plastination, installé dans la ville de Dalien en Chine et le procès qui devrait s'ouvrir, pourrait nous en dire plus. Quoi qu'il en soit, ce genre de performance s'expose dans le vieil empire du Milieu sans que cela ne choque quiconque.
Zhu Yu donne sa réponse. Elle n'engage que lui... et sa morale !
La question qui nous titille toujours, c'est au fond : pourquoi le cannibalisme est-il interdit ? Existe-t-il un commandement dans l'une quelconque des religions qui nous dise que nous ne pouvons pas manger de chair humaine ? Existe-t-il un pays où l'on peut trouver une loi contre cette pratique ? C[’]est une simple question de moralité. Mais qu'est-ce que c'est que la morale ? N'est-ce pas simplement quelque chose que les hommes s'imposent mais qui change en fonction de ce qu'ils veulent être dans la course du progrès humain ? A partir de là, nous devons conclure que dans la mesure où le cannibalisme n'est pas considéré comme un crime, ma[n]ger son prochain n'est pas interdit par quiconque, ni par quelque ordre social ou religieux qui soit. Moi, si je le fais, c'est pour dénoncer cette idée selon laquelle on ne peut moralement manger de la chair humaine. »
17 octobre 2000
(Source Radio France, réf. ci-dessous).
Nous rappelons à nos lecteurs l’existence, en France,
En vous rappelant que les références ci-dessous peuvent contenir des images choquantes et des propos discutables, nous vous engageons à lire:
* L’article de Fei Dawei, cité ci-dessous, Transgresser le principe céleste : dialogue avec le groupe Cadavre, paru dans Représenter l'horreur,(sous la dir. de Richard Leydier), n° hors série de la revue Artpress, mai 2001, où des entretiens avec les artistes peuvent vous fournir des éclaircissements sur la démarche intellectuelle et artistique des représentants du groupe Cadavre, dont Zhu Yu.
* Eating People, cité ci-dessus et contenu dans le dossier de Radio France Echos de la nouvelle scène culturelle chinoise.
* Sur l’irruption du corps et du nu dans l’art chinois contemporain, cf. Chine, le corps partout ? = 身体•中国 = China, the body everywhere ?, catalogue de l’Exposition au Musée d'art contemporain de Marseille (2004).
* Cannibalism and the Chinese Body Politic: Hermeneutics and Violence in Cross-Cultural Perception, par Carlos Rojas, Professeur à l’Université de Floride.
* Cette page personnelle Le groupe de Pékin et la 5e Biennale d’art contemporain de Lyon.
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