Question d'origine :
Bonjour , j'ai plusieurs questions qui concerne le même thème :
-A-t-il était démontré historiquement , à votre connaissance , que le prophète Mohamed(saw) a existé ? Même question pour Moïse , Abraham , Jesus , Noé , et marie.
Merci.
Réponse du Guichet
anonyme
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 13/12/2006 à 15h59
Quelle est la véritable traduction du nom d'Allah , est- Dieu ,l'unique , ou juste Dieu ?A quoi correspond , symboliquement , le mois du ramadan ?
Réponse du Guichet
anonyme
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 13/12/2006 à 16h05
Quelles sont les diférences entre les sunnites et les chiites ? Qu'est-ce qui justifie , selon eux , le droit de s'entretuer ? Car il est dit dans le coran que les musulmans ne doivent s'entretuer en aucune manière puisque le Jihad n'est concédé que lors d'une violation de terres appartenant aux musulmans ou lorsque qu'un individu influence un musulman pour qu'il s'écarte de l'islam non ?
Réponse du Guichet
anonyme
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 13/12/2006 à 16h41
Je m'interroge sur la veracité d'une information : Est-il vrai que dans l'Islam il est péché d'écouter de la musique et quelle en est la sanction ? Quelle serait l'origine de cet interdit et pourquoi certains instruments seraient autorisés et pas d'autres ? Même question pour la télévision , les livres et internet.
Est-ce de provenance coranique ou de hadith sahih ?
Est-ce de provenance coranique ou de hadith sahih ?
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 16/12/2006 à 10h01
«La naissance d’un prophète
Mahomet naît vers 571 à la Mecque […] Avant de poursuivre la présentation de ce destin exceptionnel, une précision s’impose à propos des sources d’information, essentiellement musulmanes, auxquelles se réfèrent les historiens. La première source reste le Coran, même si ses allusions à la vie de Mahomet ne sont en général pas très détaillées, ni toujours très claires. Le Coran, en effet n’est pas un livre d’histoire, mais le recueil de la révélation divine accordée à Mahomet, et ses différents chapitres, les sourates, ne suivent pas un ordre chronologique précis. Néanmoins, ces informations restent primordiales car l’essentiel du Coran a été fixé dès la fin du VIIe siècle, soit à une date très proche de la disparition du Prophète en 632. En revanche, les deux autres sources dont on dispose, la Sunna et la Sîra de Mahomet, sont plus tardives. […]
"Relatant quantité de faits aussi remarquables qu’exceptionnels, afin de souligner l’exemplarité de la vie du prophète, la tradition historique musulmane affiche ainsi un caractère hagiographique prononcé et comporte une bonne part de merveilleux, comme toujours avec les récits fondateurs des religions…
Cela ne signifie pas, pour autant, que tout ce que transmet la tradition musulmane relève de la pure invention, car il ne fait guère de doutes que le fondateur de l’islam ait été un être humain d’exception. Comme pour toutes les grandes figures religieuses, la difficulté est de faire la part des choses. C’est pourquoi toute biographie de Mahomet demeure en grande partie la reconstruction artificielle, plus ou moins romancée, d’une vie dont l’essentiel nous est connu par son histoire sainte. »
Mahomet et l’islam des origines, de Serge Lafitte
Mahomet est sans doute, des personnages que vous citez, celui dont la biographie est la mieux connue, et le seul à avoir une notice biographique très détaillée dans les dictionnaires de noms propres. Malgré tout, comme le montre l’extrait ci-dessus, aucune des sources qui permettent de bâtir cette biographie n’est à proprement parler historique.
Si bien que, plus radicale, Jacqueline Chabli, professeure à l'université de Paris VIII, chercheuse en histoire du monde musulman médiéval, peut écrire :
«Mahomet, forme francisée passée par le latin de l'arabe Muhammad, " le Loué ", est une figure qui semble revêtir une historicité parfaitement confirmée. Dans les milieux musulmans, il s'agit d'une évidence qui ne souffre aucun doute. Aujourd'hui, cela amène certains à vouloir vivre, se vêtir, se restaurer, soigner sa barbe ou se brosser les dents comme ils croient que le prophète musulman l'a fait au début du VIIe siècle en Arabie, dans sa ville d'origine La Mekke ou, plus tard, dans sa cité d'exil Médine.
La force de l'évidence est tellement puissante que, conjuguée à la faiblesse de l'enjeu - puisqu'il s'agit d'une croyance des " autres " - les non-musulmans, y compris dans les milieux de l'enseignement, ne posent guère de questions historiques sur l'historicité de Mahomet et sur tout ce que la tradition musulmane d'hier ou d'aujourd'hui narre à son sujet en de prolixes récits. On ne se soucie guère de remarquer qu'il s'agit en fait non d'un personnage accessible à l'appréciation historique directe mais d'une figure à la construction de laquelle chaque génération musulmane a apporté sa pierre pour se donner l'image d'un fondateur de religion.
L'accumulation presque sédimentaire des récits agglomérés qui tournent autour de Mahomet est passionnante à étudier. En tant que tels, ces récits relèvent sans aucun doute d'une approche historique. Mais du point de vue des sciences humaines d'aujourd'hui, ils parlent moins du Mahomet de l'histoire que de celui des générations qui ont produit ces représentations et ces reconstructions du passé. Chacune se projette en son prophète et s'en approprie la figure, tout en croyant dire la vérité du personnage. D'un point de vue social et religieux, il s'agit d'une illusion, nécessaire sans doute mais illusion quand même. […] Où est donc le Mahomet de l'histoire dont l'on peut supposer - supposer seulement - qu'il a existé ? Il demeure à découvrir. Homme de son temps et de sa société, en Arabie occidentale au début du VIIe siècle, c'est aujourd'hui un personnage presque inconnu et tout entier à reconstruire. Quant au prophète tel que l'ont représenté les sociétés musulmanes qui se sont succédé dans le temps, dans des milieux et des contextes très variés, ses diverses figures sont elles aussi à découvrir, chacune pour elle-même. Tout comme le Coran, le personnage de Mahomet a fait l'objet de multiples lectures dont chacune avait ses raisons que justement l'historien et l'anthropologue d'aujourd'hui doivent tenter de démêler. Mais les hypothèses à proposer sont à construire seulement en fonction des documents et des sources disponibles. Il faut d'ailleurs s'attendre à ce que les réponses demeurent partielles, tout comme il en va de ces statues mutilées ou ces tessons que les archéologues mettent au jour de dessous les tells du Proche Orient. Au contraire du théologien ou de l'apologiste, l'historien et l'anthropologue ne sont pas tenus à un devoir de réponse s'ils manquent d'éléments pour fournir une réponse satisfaisante »
Comment parler des figures fondatrices ? : Mahommet, Jacqueline Chabli.
Ces propos semblent d’autant plus valables pour les personnages bibliques et coraniques sur lesquels vous vous interrogez par ailleurs. Nous les connaissons par des écrits largement postérieurs à leurs dates supposées d’existence, écrits issus d’un contexte socio-économique, politique et religieux précis, qui par ailleurs n’ont pas une ambition purement historique et essentiellement par les livres saints, Torah, Bible ou Coran. Les textes ont de plus été interprétés et relus suivant les époques, là aussi dans des contextes bien précis. Ces personnages existent par ailleurs à la fois dans la tradition biblique et dans la tradition coranique. S’agit-il des mêmes personnages historiques ?
On peut donc supposer que les personnages des textes saints ont été « inspirés » par des personnages réels, ou par des récits eux-mêmes inspirés de personnages réels, mais la distance entre le récit et la réalité reste et restera sans doute l’objet de passionnantes recherches et discussions. Cette impossibilité de trouver de réelles « preuves » historiques, laisse la place à des interprétations radicales, certains croyants revendiquant la lecture littérale des textes consacrés, certains athées les tenant pour des récits mythiques.
Pour en savoir plus :
*Sur Mahomet :
Enquêtes sur l’Islam, Anne-Maire Delcambre, Joseph Bosshard …
Divers biographies et ouvrages, disponibles à la BML, consacrés à Mahomet qui vous permettront de mieux comprendre ce que l’on sait de sa vie, principalement par le Coran, les Hâdiths et les Sirat, et les différentes façons de le présenter.
*Sur Jésus :
Le Christ, une précédente question du guichet du savoir qui fait le point sur l’historicité de Jésus ainsi que la question Evangiles, datation, historicité.
L’ouvrage : Jésus-Christ : de quoi est-on sûr ? vient par ailleurs de paraître .
*Sur Moïse :
« La Torah peut se lire comme une biographie littéraire et théologique de Moïse. En revanche, il est impossible d’écrire la vie du Moïse historique. Une enquête à partir du nom égyptien de Moïse mène vers des personnages haut placés ayant vécu à l’époque des Ramsessides. L’origine de la figure biblique de Moïse se trouve peut-être parmi l’un d’eux, bien que les textes égyptiens ne mentionnent aucun événement semblable à l’Exode biblique. »
Voir toute la suite du chapitre 3 : L’homme Moïse, dans Moïse « lui que Yahvé a connu face à face», de Thomas Römer, qui expose les différentes hypothèses et les différentes sources qui les motivent.
*Sur Abraham :
Abraham : enquête sur un patriarche, Abraham Ségal mène l’enquête sur la mémoire plurielle du personnage biblique à travers les religions et les cultures, et dans le monde contemporain. Il interroge archéologues, historiens, théologiens, philosophes … L’ importante bibliographie qui le clôt vous donnera d’autres pistes.
*Sur Noé :
Vous trouverez des éléments de réponse dans l’article Noé sur Wikipédia, mais il faut bien dire que l’historicité du Déluge a provoqué plus d’intérêt que celle de Noé. Voir une précédente question au guichet :[url=http://www.guichetdusavoir.org/ipb/index.php?showtopic=16229&hl=déluge]Le déluge, la Terre dans tous ses états[/url].
*Sur Marie :
La page Notes de lecture sur Marie de Jacques Duquesne d’un site très « marial » sur un livre qui l’est moins peut vous donner une idée des polémiques qui entourent la question de Marie et notamment celle de sa virginité.
Voir Marie, de Jacques Duquesne, le livre incriminé.
La Vierge Marie : histoire et ambiguïté d’un culte, du même auteur, avec Alain Houziaux.
Marie la musulmane, Michel Dousse.
Allah : «Le terme Allâh, dont la signification semble être « la divinité par excellence » ou al-ilâh, serait devenu par contraction Allâh – encore que les philologues ne soient pas toujours d’accord sur ce point. »
Dictionnaire historique de l’Islam, Janine Sourdel et Dominique Sourdel.
« Il y a eu une vingtaine d'avis différents parmi les grammairiens arabes anciens sur l'étymologie du mot « Allah », comme le rapporte Ibn Manzhûr (XIIIe siècle) dans le dictionnaire de référence Lisân ul-'Arab. Il privilégie l'opinion selon laquelle le mot est composé de « Al » et « Ilâh », et que la hamza a été supprimée à cause de la fréquence d'usage du mot. Cette opinion est aussi attribuée au célèbre grammairien Sîbawayh (VIIIe siècle). En revanche, Al-Fayrûz Abâdî (XIVe siècle), dans Al-Qâmûs Al-Muh'ît, autre dictionnaire de référence, soutient l'hypothèse que c'est un mot non dérivé. Un des arguments pour cette opinion est que lorsqu'on lui ajoute le mot « yâ » d'interpellation, on dit « yâ Allâh », tandis que pour tous les mots portant un article, l'article est supprimé après le « yâ ».
Les exégèses détaillées (telles que celle d'At-Tabariy, d'Ibn Kathîr ou d'Al-Qurtubiy) discutent les différents avis sur l'étymologie du mot « Allah », au début de l'exégèse de la première sourate. »
Article Allah, dans Wikipedia.
Ramadan :
« Le jeûne au cours du mois sacré de ramadan :
Lors de la période antéislamique, le dixième jour du mois de mouharram étaient pour les juifs de Yatrib (Médine) un jour de jeûne qui commémorait la délivrance de Moïse et la fin de Pharaon. Dans un premier temps Mohammed donna la même consigne mais en l’an deux de l’Hégire, après que lui eurent été révélés le verset 185 de la deuxième sourate, le mois de ramadan fut décrété mois de jeûne.
C’est au cours de ce même mois que la tradition place l’évènement le plus important de l’islam, la « descente » du Coran lors de la nuit du divin décret (lilat al-qadr). Ce mois au cours duquel les hommes se défont de leurs liens terrestres en jeûnant a donc un caractère sacré. ».
Voir aussi la suite p. 111 à 115 de Rencontre avec l’Islam, Bruno Sandkühler.
« Ramadan :
[…]« Ramadan est le seul nom de mois qui figure dans le Kur’an (II, 185) : le mois de ramadan est celui dans lequel le Ku’ran a été « envoyé sur terre » lit-on dans un passage où il est question de l’institution du jeûne du ramadan. La discussion sur l’origine de cette prescription ne peut encore pas être considérée comme close : » ….
Voir la suite de l’article Ramadan de l’Encyclopédie de l’Islam.
Torah, Bible, Coran: livres de parole
"Le Sama’
Le terme sama signifie à la fois écoute musicale et musique. Il a donné naissance à une prolifération d’écrits, essentiellement à caractère polémique, qui traitent de la licéité* de la musique selon un point de vue juridique, théologique et mystique, et renvoient à la musique sacrée et religieuse. Dans ce sens, il s’oppose au ghina’, qui connote la musique profane et savante, mais englobe également la musique rurale ou d’autres formes simples, comme le vieux chant bédouin du dromadaire, dénommé huda’.
Dans le débat sans fin autour de la question du sama’, juristes, théologiens, maîtres spirituels, gardiens de la moralité, literati et soufis s’illustrèrent d’ne façon ou d’une autre. Le débat suscita des points de vue contradictoires : de l’interdiction absolue, d’une part, à l’autorisation de toutes les formes musicales, y compris la danse, d’autre part. Entre ces deux extrêmes se situe une infinité de nuances – certaines, par exemple, tolèrent une forme rudimentaire de cantillation en y ajoutant le tambour sur cadre, du moins sans cymbalettes, mais réprouvent toute autre espèce d’instruments de musique et toutes formes de danse. Les ordres mystiques pour qui musique et danse formaient l’essentiel des exercices spirituels, furent sérieusement malmenés. Ils participèrent ardemment à cette polémique. La controverse concerna un grand nombre de sujets musicaux, parfois dans le but de les réfuter, parfois dans le souci d’en justifier l’adoption.
Dans l’islam, aucune autorité juridique ou religieuse ne peut empêcher ou autoriser des faits à priori ; une décision est obligée de s’appuyer sur des références écrites religieuses ou procéder par analogie. La source la plus sacrée est le Qur’an. Les partisans de la musique ou, au contraire, ceux qui l’ont condamnée se sont référés au texte sacré coranique, équivoque, puisque rien dans le livre saint n’évoque la musique de manière explicite.
Les polémistes se sont alors tournés vers l’exégèse qui prônait l’interdiction ou, à l’inverse, la licéité. »
Suit un long développement que nous vous invitons à lire dans La musique dans le monde de l’islam, d’Annon Shiloah, p 79 et suivantes.
La conclusion de ce chapitre rappelle l’enseignement du grand théologien Abu Hamid al-Ghazali (1058-1111) pour lequel « aussi bien le statut légal que les rapports d’analogie rendent la musique licite ». Son point de vue prolonge celui du célèbre mystique al-Darani selon qui « la musique ne provoque pas dans le cœur ce qui ne s’y trouve pas. »
[…] « En d’autres termes, la nature de l’influence de la musique sur l’homme dépend principalement des intentions de l’auditeur et de la raison pour laquelle la musique est utilisée. Al-Ghazali énonce de façon claire sept cas où la musique est autorisée et cinq autres où elle est frappée d’interdit :
La musique est en usage pour :
1-Encourager le pèlerinage, uniquement pour ce à qui ce périple et permis.
2-Inciter à la guerre.
3-Inspirer le courage aux combattants sur le champ de bataille.
4-Evoquer la plainte ou la lamentation – le chagrin est de double nature, d’une part il est condamnable d’autre part, il est louable.
5- Communiquer la joie les jours de fête et à l’occasion des réjouissances familiales.
6- Provoquer l’amour ou l’ardeur.
7- Evoquer l’amour de Dieu.
La musique est interdite :
1- Lorsqu’elle est tributaire des femmes, mais sous certaines conditions.
2- Si les instruments auxquels elle a recours sont expressément interdits.
3- Lorsque le contenu du chant n’est pas compatible avec l’esprit et les préceptes d la religion.
4- Lorsque l’auditeur est sous l’emprise de la luxure ou
5- Si l’on écoute de la musique dans son propre intérêt »
Pour trouver une réponse complète concernant
Sur la différence entre les chiites et les sunnites, nous vous renvoyons d’une part à
Voici un extrait de la conclusion de cet ouvrage :
« L’analyse de la prégnance du fait religieux dans les conflits démontre que si la religion est présente dans maints conflits à la surface du globe, les conflits purement religieux sont pour le moins rares. Ils résultent essentiellement de la dynamique terroriste islamiste, c'est-à-dire d’acteurs non étatiques. Pour le reste les Etats ne font pas globalement la guerre pour des motifs purement religieux, purement prosélytes, même s’ils ne dédaignent pas instrumentaliser le domaine religieux, c'est-à-dire en faire un moyen de légitimer un conflit, d’exhorter les foules au combat, de fixer un but de guerre supplémentaire. Mais, dans les faits, les conflits religieux sont aussi des conflits grandement sécularisés, où les motivations sont multiples. Les Etats sont globalement mus par des impératifs dictés par la Realpolitik laquelle fait souvent fi des bons sentiments ou des scrupules éthiques et dogmatiques. »
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