chevaliers du temple

Quelle a été l'influence du général des Jésuites et des Jésuites en général dans la déchéance des pauvres chevaliers du Temple de Salomon ?

Pourquoi est-il difficile d'identifier les documents relatifs au procès des pauvres chevaliers du Temple de Salomon dans la bibliothèque papale?

Réponse du Département Civilisation et du Département Fonds ancien

L’ordre des Templiers, issu d’une milice fondée en 1119 par Hugues de Payens (Pauperes commilitones Christi Templique Solomonici = Pauvres chevaliers du Christ et du Temple de Salomon) reçut sa règle écrite, rédigée par Bernard de Clairvaux, lors du Concile de Troyes du 13 janvier 1128. Les conciles de la France capétienne jusqu’en 1215.
Sa fondation fut entérinée par une bulle délivrée par le pape Innocent II le 29 mars 1139 ( voir le Dictionnaire historique de la papauté p. 1225).

Pour une courte introduction à l’histoire de cet ordre, vous pouvez vous reporter à cet article en ligne intitulé L’origine des ordres religieux militaires . Toutefois, l’histoire des Templiers est le cas type où «l’insuffisance des documents de l’époque a permis et permet les plus étonnantes divergences d’opinion ». C’est dire qu’il y a beaucoup d’inconnu dans l’histoire des Templiers et si les textes sont parfois nombreux, ils ne sont pas toujours faciles à expliciter. Pourtant les pauvres chevaliers du Temple ont donné matière à d’innombrables recherches et publications. Il a paru en 1928 la Bibliographie de M. Dessubré sur l’ordre des Templiers (imprimés et manuscrits) 1201 numéros, puis en 1972, celle de Laurent Dailliez intitulée Bibliographie du Temple qui ne regroupe pas moins de 2173 numéros. Tout cela indique l’abondance des études et des sources de toutes sortes, mais tous les points n’ont pas été nécessairement abordés..

Pour répondre à vos questions :
1°) Quant aux écrits apocryphes, voici une petite présentation générale, tirée du livre de Madeleine Scopello, Les écrits apocryphes :
« Les évangiles apocryphes furent pour la plupart écrits entre la fin du Ier siècle et le IIIe siècle de notre ère, en grec, langue parlée tout autour du bassin méditerranéen. Certains d’entre eux sont quasi contemporains des textes dits canoniques. Dans les siècles qui suivirent , ils furent traduits en plusieurs langues de l’Orient (copte, syriaque, éthiopien, géorgien, arménien, arabe) pour l’usage des communautés chrétiennes qui s’y étaient implantées. Ce sont ces manuscrits, plus tardifs, inlassablement recopiés, éventuellement corrigés, adaptés ou remaniés, qui ont permis l’extraordinaire diffusion des évangiles apocryphes et qui les ont fait exister bien au-delà de l’an mille. Les traditions véhiculées par l’ensemble de la littérature apocryphe franchirent ainsi les siècles, malgré l’hostilité de l’Eglise officielle, et constituèrent une source d’inspiration pour l’art et la littérature du Moyen Age chrétien. »

Les ouvrages bien documentés, comme celui d’ Alain Demurger ne font pas mention de liens particuliers entre ces écrits apocryphes chrétiens et les Templiers, grands possesseurs et convoyeurs de reliques chrétiennes par ailleurs (p. 177-186).

2°) A l’égard de l’influence du général des jésuites dans la déchéance des chevaliers du Temple, il y a un anachronisme. L’ordre du Temple ayant été officiellement dissout par le pape Clément V le 22 mars 1312 et la Compagnie de Jésus ayant été fondée le 27 septembre 1540 par Ignace de Loyola, il ne peut y avoir une influence de l’un sur l’autre

3°)Les documents relatifs au procès des Templiers sont conservés pour certains dans les archives vaticanes, mais pour d’autres aux Archives nationales dans le trésor des chartes [Layettes, série J. 413-J417 (Procès des Templiers, suppression de l’ordre, réunion de leurs biens à l’ordre de l’Hôpital)].Archives nationales. En ce qui concerne les archives secrètes du Vatican, les documents concernant les Templiers sont dispersés dans différents fonds, où il est toujours possible de faire des découvertes : aussi récemment les documents consacrés au procès des templiers ont réunis en fac-similés en un ouvrage : « Processus contra templarios » en collaboration avec la société Scrinium tirage limité à 800 exemplaires (5.9000 euros l’exempalire !). Cet ouvrage s’inscrit dans la série des « Exemplaria praetiosa » reproduisant les documents les plus rares des archives secrètes du Vatican. Il est à signaler que la plupart de ces actes sont connus, mais il reste des découvertes à faire. .
« Les actes de leur procès conservés au Vatican sont épluchés par les historiens depuis le début du XXe siècle. Un document leur a longtemps échappé, car sa description dans un inventaire du XVIIIe siècle était peu engageante. Il y a sept ans, Barbara Frale, attachée aux Archives secrètes, a donc exhumé cet original des interrogatoires conduits en 1308, à Chinon, par trois cardinaux envoyés par le pape. Les Templiers emprisonnés leur avouèrent avoir « craché à côté » du crucifix et avoir renié le Christ verbalement « mais pas de coeur ». Repentis, ils furent absous et auraient dû être libérés. Mais les temps étaient mauvais pour la papauté. En 1314, les trois cardinaux, après avoir réentendu les accusés, les condamnèrent à la prison à vie. Ces derniers se rebiffèrent et, considérés comme relaps, furent conduits au bûcher. Les historiens le savaient, » Processus. (Figaro. 8/11/2007)
Il existe aussi des sources françaises qui donnent des détails supplémentaires :

DUPUY (Perre). Traittez concernant l’histoire de France ; scavoir la condamnation des Templiers avec quelques actes. Paris Vve Mathurin du Puys et Edme martin, 1654. Réf.
BOUTARIC (Edgar). Notices et extraits de documents inédits relatifs à l’histoire de France sous Philippe le Bel. Paris : Imprimerie impériale, 1861.
BOUTARIC (Edgar). Actes du Parlement de Paris. 1ère série (1154-1328). Paris, 1863-11867. Réf
MAILLARD DE CHAMBURE. Règles et Statuts des Templiers, publiés sur les manuscrits des archives de Dijon, de la bibliothèque Corsini à Rome, de la Bibliothèque royale à Paris et des archives de l’ordre. Paris, Brockhaus, 1840. Réf.
JAGER (Abbé Jean-Nicolas). Histoire de l’Eglise catholique en France d’après les documents les plus authentiques. T. I-XXI. Paris ; A Leclère, 1862-1875.Réf.
CURZON (Henri de). La Règle du Temple, publiée pour la Société de l’Histoire de France. Paris, Amonard, 1886. Réf.
ALB0n (Mis). Recueil des chartes et des bulles de l’ordre du Temple (119-1150). Paris : Champion, 1913
Et Cartulaire manuscrit de l’Ordre du Temple (1150-1318). Bibliothèque nationale. NAL, 1921-1923. Bibliothèque de l’Ecole des chartes (1924), t. LXXXV Réf.