guerre 14/18
DIVERS
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Le 18/02/2008 à 10h33
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Question d'origine :
Bonjour
je sais que pendant la guerre 14/18 des serbes avaient étés placés dans les fermes pour aider aux travaux des champs alors que les hommes se trouvaient au front
ma grand mère était dans ce cas ainsi que sa voisine
cette présence masculine ne manquait pas d'engendrer certains problèmes....
je voudrais savoir quelle était l'origine de cette présence car je ne pense pas qu'il s'agisse de prisonniers
Merci
Réponse du Guichet
anonyme
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 18/02/2008 à 14h14
Un petit rappel historique sur les débuts de la Première guerre mondiale et l'implication de la Serbie :
Suite à l'attentat de Sarajevo le 28 juin 1914, l'Autriche-Hongrie adresse le 23 juillet 1914 un ultimatum à la Serbie formulé en des termes inacceptables pour un État soucieux de sa souveraineté. Le 28 juillet, la monarchie austro-hongroise déclare la guerre au petit Royaume de Serbie. Par le jeu des alliances, la guerre devient européenne.
La Serbie parvient à repousser trois offensives autrichiennes en 1914 (batailles du Cer, de la Drina et de la Kolubara). Mais à l'automne 1915, elle n'est plus en mesure de résister aux offensives autrichiennes et allemandes. De surcroît, la Bulgarie choisit le camp des Empires centraux et ouvre un nouveau front à l'est. L'armée serbe connaît une grave défaite et doit se retirer à travers les montagnes d'Albanie, accompagnée du gouvernement et du parlement, ainsi que de nombreux citoyens ; lors de cette retraite en plein hiver, sans nourriture ni vêtements, plus de 150 000 personnes périront. Arrivés sur la côte adriatique à Skadar (Shkodra), les restes de l'armée serbe seront transférés à Corfou, puis sur le front de Salonique, de mai à août 1916. Entre-temps, le Royaume du Monténégro a dû capituler en janvier 1916. (source : BDIC).
Cette note du Centre d'Etudes d'histoire du Ministère de la Défense revient sur les liens établis en la France et la Serbie :
Entre 1915 et 1918, le Front de Salonique, créé afin d’offrir un soutien au front russe, rapproche durablement soldats serbes et français. Pendant cette opération militaire d’envergure (550 000 soldats en 1917), des liens d’amitié se développent à travers plusieurs missions militaires et le sauvetage de l’armée serbe ; La France trouve ainsi l’occasion de s’implanter durablement dans la région.
Au début du XXe siècle, les médias et l’opinion française avaient une méconnaissance pour les Serbes, qu’ils confondaient volontiers avec les autres peuples balkaniques. Pourtant, l’État français menait une politique de soutien au roi Pierre Ier Karadjordjević et un Français, Hippolyte Mondain avait été Ministre de la Guerre de Serbie en 1861. De plus, la « Banque Franco-Serbe » investissait dans les chemins de fer et des participations avaient été acquises dans certaines mines. A la veille de la Première Guerre mondiale, le gouvernement français n’était sûr d’aucun autre allié dans les Balkans et, en concurrence avec les Italiens et les Britanniques en Méditerranée orientale, considérait la Serbie comme une pièce-maîtresse de sa politique balkanique. La France voulait aussi empêcher l’Allemagne de contrôler les richesses du Moyen-Orient et d’étendre son influence économique.
Début 1915, la France décida de soutenir la Serbie qui résistait aux assauts des armées austro-allemandes. Jusque là il n’y avait eu sur place qu’une mission militaire, formée d’artilleurs et équipée d’une frégate, pour défendre Belgrade alors qu’une escadrille de huit avions assurait le contrôle aérien du territoire. Au bout de quelques mois, des liens forts s’établirent avec la population et l’Armée Française d’Orient (AFO) laissa une impression profonde, notamment grâce à une mission médicale qui parvint d’avril à août 1915 à éradiquer le typhus. Mais en octobre l’armée serbe, vaincue, est contrainte de se replier à travers les montagnes albanaises. Alors que les Italiens n’offrirent aucune aide, l’armée française sauva, entre le 15 janvier et le 20 février 1916, 135 000 soldats serbes et leur prodigua l’assistance sanitaire dont ils avaient besoin sur l’île de Corfou. L’armée serbe reconstituée fut ensuite placée au centre du dispositif de l’AFO avec pour mission de garder Salonique qui accueillait les restes du corps expéditionnaire des Dardanelles. Déjà à l’hiver 1915-1916, soldats français et serbes commençaient à se connaître, ce fut le début d’une reconnaissance durable des soldats-paysans serbes à l’égard de l’AFO. [...]
Mais la percée des monts Kaïmaktchalan début 1917 changea les rapports au sein de ce qui est devenu l’Armée d’Orient (AO). De nombreux témoignages concordent sur la grande reconnaissance des Serbes pour les sauvetages de Corfou et Bizerte. L’officier de liaison Strauss évoquait à plusieurs reprises au printemps 1917 les « rapports très cordiaux » entre les deux armées à ce moment de la guerre.
Pour en savoir plus, vous pouvez consulter cet article de l'Union généalogique Midi-Pyrénées-Garonne, Des enfants serbes en France pendant la première guerre mondiale, ainsi que cet article de la Revue de Littérature comparée : Deux périodiques serbes dans la France de la Grande Guerre, en ligne sur Cairn. Les ouvrages les plus documentés le sujet sont ceux de Mirjana Morokvasic, directrice de recherche au CNRS et spécialiste de la Yougoslavie.
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