Question d'origine :
Bonjour,
je cherche le titre d'un film que j'ai vu il y a longtemps et qui m'a marquée, dont je ne sais ni le réalisateur, ni le nom des acteurs. Il s'agit d'un western en noir et blanc, un huis clos entre un shérif et un prisonnier, qu'il escorte (il me semble) à un procès où il doit témoigner. Il règne dans ce film une tension incroyable quand le shérif, bloqué dans une prison, doit faire face à une attaque armée . Pouvez-vous m'aider à retrouver le titre de ce film? Merci d'avance!
Réponse du Guichet
bml_art
- Département : Arts et Loisirs
Le 22/02/2008 à 15h12
Ce pourrait être un western «Trois heure dix pour Yuma » ou « 3h10 to Yuma » réalisé par Delmer Daves, produit en 1957 et qui réunit entre autres Glenn Ford, Van Helfin, Felicia Farr, Leora Dana…
C’est l’adaptation d’une nouvelle de Elmore Leonard.
Le criminel Ben Wade est capturé dans une petite ville. Cela n'empêche pas son gang de sévir, mais on persuade Dan Evans, un éleveur, de convoyer en secret le dangereux hors-la-loi (et désormais prisonnier) par le train de Yuma pour une prime et l'estime de son fils. Très vite se met en place une guerre des nerfs alors que tous deux attendent le train dans un hôtel.
« j’ai essayé de créer un nouveau style dans la manière de raconter une histoire et j’y suis parvenu, du moins je le pense » disait Delmer Daves lors d’un entretien en 1960 avec Bertrand Tavernier.
Cinquième incursion de Daves dans le genre, ce film est typique de ce qu’on a appelé dans les années 50, le ‘sur-western’, westerns dont l’intrigue et la description des personnages s’éloignaient des schémas traditionnels pour tendre vers le drame psychologique, voire même psychanalytique (Le gaucher d’Arthur Penn). Le dépouillement et le classicisme rigoureux de l’adaptation par Halsted Welles du roman d’Elmore Leonard (Jackie Brown) mettent ici en valeur les tensions et les conflits psychologiques des personnages. Le scénario est exemplaire, injectant dans une intrigue linéaire et somme tout assez banale des éléments du film noir, créant un habile suspense autour de quelques lieux et par une habile concentration du temps, et enfin, décrivant avec la même richesse et la même humanité une dizaine de personnages tous aussi fouillés les uns que les autres.
Mais ce western est aussi une fable. De très nombreuses scènes ont pour témoins des enfants et sont filmées à leur hauteur par l’intermédiaire de légères contre plongées : les personnages sont ainsi vus malgré leur complexité, avec une certaine naïveté, faisant de ceux-ci des modèles soit d’honnêteté (le fermier), de perversité (le bandit), de féminité (La barmaid) ou d’humanité (la mère). Le débat sur la responsabilité du citoyen, sa place et son devoir face à la violence ou devant une situation critique pourrait être le sujet de réflexion le plus important du film. Le fermier, après avoir déjoué les ruses physiques et psychologiques du hors la loi, doit en dernier ressort trouver une obligation morale à sa mission (« Les gens ont le droit de vivre en paix ») pour conserver un semblant de fierté et résister à la tentation du méphistophélique bandit. Ce dernier, homme intelligent, ne cesse de chercher la faille qui lui rendrait sa liberté mais peu à peu son gardien le séduit par son incorruptibilité. Une réflexion aussi sur la droiture, l’héroïsme, l’honnêteté qui n’est pas sans rappeler Le train sifflera trois fois mais avec une émotion ici bien plus forte.
Le final symbolique et bouleversant, qui a un peu étonné à l’époque, est à la fois profondément optimiste et assez amoral mais reflète assez bien les idées sincères d’un des réalisateurs hollywoodiens les plus profondément humains. Après avoir été ennemi durant toute la durée de leur périple commun, le bandit sauve la vie du fermier en acceptant de se laisser emprisonner. « De toute façon, il me sera facile de m’évader de la prison de Yuma ». Sur quoi le fermier lui rétorque que ça ne lui ferait rien et qu’alors, ce ne sera plus son problème. Les deux hommes ont appris à s’apprécier et ne pas se juger ; une fois accompli son travail qui lui permet, grâce à la prime, de rendre le bonheur à sa famille, le fermier peu rancunier et sans aucun esprit de vengeance aime à croire que son ennemi ne sera pas condamné. Pour sceller cette réconciliation et l’apaisement des esprits, les vannes célestes s’entrouvrent pour laisser tomber sur la terre aride une pluie bienfaisante, symbole de renaissance. Conclusion assez étonnante pour un western qui finit de le faire entrer parmi les plus originaux du genre.
N’oublions pas le travail des acteurs car l’interprétation est constamment admirable. Van Heflin reprend le personnage de fermier non-violent et fier qu’il interprétait dans L’homme des vallées perdues mais en lui donnant encore plus de consistance. Glenn Ford trouve ici l’un de ses rôles les plus complexes, tour à tour enjôleur, sympathique, pervers, haïssable ; il excelle dans tous ces différents registres. Richard Jaeckel possède lui aussi une présence incroyable. Mais il faudrait surtout s’arrêter sur les deux personnages féminins grâce auxquelles le film atteint un étonnant degré d’émotion. Les actrices composent ici des personnages inoubliables, d’une richesse rarement égalée en si peu de temps de présence. Elles seront toutes deux dans les plus belles scènes du film : Leora Dana, la mère et épouse aimante, dans ce happy end miraculeux et profondément émouvant que n’aurait pas renié Frank Capra ; Felicia Farr (actrice fétiche de Daves), l’ancienne chanteuse de cabaret, dans le morceau de bravoure apaisé et lyrique du film, cette fameuse scène de séduction et d’amour dans le bar avec Glenn Ford juste avant son arrestation : une scène à la fois sensuelle (les gros plans sur les deux visages) et pudique (le couple sortant de l’arrière salle après avoir fait l’amour, la femme relevant sa coiffure et l’homme rehaussant son ceinturon). Rien que pour ces deux moments, le film mériterait d’être gravé à jamais dans les mémoires même si tout le reste est également admirable (La scène du repas de famille avec le bandit, celle de la joute psychologique dans la chambre d’hôtel, celle sèche et violente de la mort de Henry Jones…).
Mélange de classicisme et de modernité, cette fable morale est passionnante de bout en bout grâce aussi à une mise en scène très travaillée. Abandonnant le cinémascope et le technicolor qu’il maîtrisait à merveille, Daves n’en perd pas pour autant son lyrisme et son talent de paysagiste. Sa sincérité et sa profonde sensibilité permettent au film de rester constamment émouvant malgré le formalisme pointilleux et voulu de sa mise en scène. La photo en noir et blanc de Charles Lawton Jr est absolument magnifique et ses cadrages frisent la perfection. Une figure de style récurrente revient tout au long du film : des travellings verticaux, ascendants surtout, qui partent d’un gros plan pour monter et nous offrir des plans d’ensemble de toute beauté.
Sites consultés:
Encyclopédie Larousse
DVDclassik
Wikipédia
Réponse du Guichet
anonyme
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 22/02/2008 à 15h14
Ou il s'agit peut-être de
Le shérif John T. Chance aidé de son adjoint Dude, alcoolique notoire, arrête le meurtrier Joe Burdett. Or, celui-ci n’est autre que le frère de Nathan Burdett, riche propriétaire terrien, fermement résolu à le délivrer avec l’appui de ses sbires. Dans l'attente du juge fédéral qui pourra juger Joe, la prison de la ville devient dès lors le centre de toutes les attentions et de tous les dangers. (Wikipedia).
Il s'inspire (de façon critique) du Train sifflera trois fois (en noir et blanc) de Fred Zinnemann sorti en 1952, avec Gary Cooper.
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