Antisémitisme
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 26/03/2008 à 21h32
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Question d'origine :
Une autre question, s'il te plaît, cher Guichet:
Pourquoi, dans l'expression usuelle et dans la loi, parle-t-on de "lutte contre le racisme et l'antisémitisme"? Ces deux termes ne recouvrent-ils pas, somme toute, la même idée?
D'ailleurs, pourquoi emploie-t-on le qualificatif antisémite comme synonyme de judéophobe, alors que les Sémites ne sont pas tous juifs et que les juifs ne sont pas tous Sémites?
A nouveau merci pour ta réponse à venir!
Réponse du Guichet
anonyme
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 28/03/2008 à 12h30
Si l'on s'en tient à la définition originelle des termes, le racisme stigmatise les différences biologiques, alors que l'antisémitisme stigmatise les juifs. Ce dernier est plus difficile à définir car il se décline selon plusieurs aspects : religieux (on parle alors d'antijudaïsme), xénophobe (rejet de l'étranger), économique et racial. C'est une forme de racisme très particulière de par son ampleur et sa durée.
Nous vous engageons à lire cet article de Michèle Sinapi, agrégée de philosophie (CIPH), en ligne sur Manifeste des Libertés, qui pose cette question : Que signifie de vouloir maintenir aujourd’hui une distinction entre racisme et antisémitisme ?. Elle y explique notamment que l'antisémistisme se distingue du racisme en ce sens où il en est la forme ultime et extrême, une sorte d'aboutissement idéal concrétisé par le nazisme.
En ce qui concerne votre seconde question, vous avez raison : les juifs ne sont pas tous sémites, et inversement, et le sens du terme antisémitisme (les Sémites sont un ensemble de peuples à caractères linguistiques communs) est contraire à son étymologie :
Les Sémites sont un ensemble de peuples à caractères linguistiques communs réunis conventionnellement. Cette réunion a été souvent abusive, et amène à désigner par les nazis un caractère génétique commun, supposant une ethnie commune. Les peuples sémitiques regroupent, en réalité plusieurs peuples différents, et dont les individus les composant sont, notamment pour les juifs, d'origines ethniques différentes.
[...]
À la fin du XIXe siècle, des judéophobes (dont Léo Taxil) utilisèrent sémite comme synonyme de juif, et forgèrent l'adjectif antisémite. Certaines associations anti-racistes estiment que cette construction étymologique est source de confusion car, disent-elles
* tous les juifs ne sont pas des « sémites », tout spécialement dans le contexte européen et dans l'histoire de la diaspora. En partant du principe qu'une ethnie désigne un groupe humain partageant une même culture et une même langue, on peut considérer les Israéliens juifs comme sémites puisqu'ils parlent la même langue, l'hébreu, et ont une culture en commun, bien qu'ils aient des origines diverses. L'emploi est plus contestable pour les juifs de la diaspora.
* et inversement les sémites sont l'ensemble des peuples bibliques, il est faux anthropologiquement de penser qu'il y ait des descendants actuels d'un point de vue génétique, en ce sens ni arabes ni juifs ne sont sémites, si on considère qu'il y aurait des descendants actuels alors les hébreux n'en seraient qu'une petite partie, qui inclut notamment les arabes. Or les conflits entre israéliens et arabes ont amené à parler dans le cas des extrémistes d'"antisémitisme arabe", expression qui apparaît donc comme paradoxale, et qui sert les antisémites pour se défendre d 'en être.
Ainsi que le souligne cet article de Gilles Karmasyn sur le site de l'association Pratique de l’Histoire et Dévoiements Négationnistes, l'emploi défectueux du mot, attribué à Wilhelm Marr en 1879, est lié à deux raisons : le contexte "scientifique" approximatif de cette époque, et la volonté délibérée d'assimiler les juifs à une race, pour élaborer une théorie raciale. Le sens d'antisémite quant à lui n'a jamais varié au cours de l'histoire, il désigne depuis ses origines la haine des juifs.
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