Question d'origine :
Bonjour,
le dictionnaire définit une croix gammée comme étant une croix qui se termine par un gamma majuscule (L renversé) , or les symboles maçonniques sont l'équerre (L ou T l'instrument du maçon) et le compas (" A " sans la barre du milieu ) .
Lorsque l'on place un gamma majuscule ( l'équerre maçonnique) au bout d'une croix classique (+) , on obtient une croix gammée .
Les deux ailes qui entourent ladite croix gammée sont VL , avec les doigts, fameux signes du langage maçonnique .
Ma question est donc : Adolf Hitler était-il franc-maçon ? ( et le nazisme une exhalaison maçonnique ) .
Merci pour la réponse .
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 11/04/2008 à 15h43
Quelques éléments de réponse à votre question :
1-La croix gammée semblent avoir des origines complexes et diverses parmi lesquelles on pourrait inscrire celles que vous évoquez:
Dans l’Encyclopaedia Universalis en ligne, consultable sur place à la bibliothèque, on trouve un article :
SVASTIKA
Mot sanskrit dérivé de su (« bien ») et de asti (« il est ») et signifiant : « qui conduit au bien-être », svastika désigne une croix aux bras égaux s'infléchissant selon un angle droit et tournés tous dans le même sens, habituellement le sens des aiguilles d'une montre. Le svastika, en tant que symbole de prospérité et de bonheur, s'est répandu dans toutes les régions du monde antique et moderne. Il apparaissait à titre de motif favori sur les anciennes pièces de monnaie mésopotamiennes et fit ensuite son apparition dans l'art chrétien et byzantin primitif, où il fut bientôt connu sous le nom de croix gammée, à cause de la ressemblance entre chacun de ses bras et la lettre majuscule grecque gamma ; il a été représenté en Amérique du Sud et en Amérique centrale (chez les Mayas), ainsi qu'en Amérique du Nord (principalement chez les Navajos).
En Inde, le svastika continue d'être le symbole de bon augure le plus largement utilisé par les hindous, les jaïns et les bouddhistes. Dans le jaïnisme, où il est l'emblème du septième tîrthamkara, ses quatre branches sont supposées rappeler au croyant les quatre domaines dans lesquels l'homme peut renaître : le monde animal ou végétal ; l'enfer ; la terre ; le monde de l'esprit. Les hindous, ainsi que les jaïns, utilisent le svastika pour marquer les pages de leurs livres de comptes, le seuil de leurs maisons, leurs portes et leurs offrandes. Ils font une nette distinction entre le svastika sinistrogyre (plus correctement appelé sauvastika) et le svastika dextrogyre. Ce dernier est regardé comme un symbole solaire : il imite par la rotation de ses branches la course quotidienne apparente du Soleil qui, dans l'hémisphère Nord, part de l'est pour aller vers le sud, puis vers l'ouest. Le svastika qui tourne vers la gauche symbolise plus fréquemment la nuit, la terrifiante déesse Kâlî et certaines pratiques magiques. Sous le régime nazi, Hitler prit comme emblème de son parti un svastika dextrogyre noir.
2-Nous n’avons parcouru différents dictionnaire des Francs-Maçons et nous n’avons trouvé aucune mention d’Hitler.
A signaler par exemple le Dictionnaire des Francs-Maçons européens.
3-Enfin, l’article « nazisme » dans l' Encyclopédie de la Franc-Maçonnerie, dont vous trouverez, ci-dessous, de larges extraits, devrait répondre en grande partie à vos interrogations :
Les mouvements et les personnalités qui précédèrent ou conduisirent le nazisme au pouvoir sont souvent liés à un fort courant antimaçonnique.
[…]
Durant la République du Weimar, un violent antimaçonnisme se retrouve dans les œuvres de Rosenberg et d’Hitler et dans la presse de l’ultradroite, mais cela n’entrave pas l’essor de la franc-maçonnerie en Allemagne.
Au début de la décennie 1930, les exactions antimaçonniques, principalement menées par les S.A. de Roehm, demeurent sporadiques et désordonnées. La nomination d’Hitler comme chancelier le 30 janvier 1933 va entraîner une première vague de persécutions organisées, notamment en Bavière. De nombreux frères et divers dignitaires, comme le futur grand commandeur du Suprême Conseil, Raoul Koner, et le Grand Maître de la grande loge symbolique, Ludvig Müffelmann, sont arrêtés et déportés au camp de Küstrin, près de Berlin.
[..]
Une ordonnance prise « pour la protection du peuple et de l »Etat » par Goering, ministre-président de la Prusse, en date du 4 janvier 1934, précise dans son préambule ; « L’unité du peuple allemand réalisée par le mouvement national ne justifiait en aucun cas le maintien des loges ». Le texte est le signal d’une deuxième vague de violences antimaçonniques ( janvier-mars 1934). Une cinquantaine de loges sont perquisitionnées, attaquées ou pillées et des maçons sont arrêtés, molestés ou humiliés. L’ordonnance prévoyait l’autodissolution des loges. Le 8 janvier 1934, le tribunal suprême du parti élargit l’ordonnance de mai 1933 en éliminant du mouvement tout ancien maçon.
Le 10 décembre, l’ordonnance 25 du tribunal suprême publie une liste d’organisations qui doivent disparaître : les Grandes loges prussiennes sont nommées. Pourtant ces dernières avaient cherché s’adapter au nouveau régime. De nombreux frères monarchistes avaient soutenu Hitler, dans lequel ils voyaient un prélude à la restauration du Kaiser. Au début de l’année 1935, malgré les interventions du ministre de l’économie HJalmar Schacht (le seul maçon du gouvernement) et des grands maitres prussiens, Hitler décide la fin de toute la maçonnerie dans tout le III° Reich. En croyant survivre, les trois grandes loges prussiennes se transforment en « Ordres nationaux chrétiens du Grand Frédéric ». Parallèlement, elles suppriment de leur symbolique toute référence biblique […]
A cette époque, ces nouveaux ordres crypto-maçonnique comptent moins de 10 000 membres et une ordonnance du gouvernement de Prusse leur donne de se dissoudre avant le 21 juillet. Lees trois grands maitres prussiens rédigent un texte commun d’autodissolution au nom de l’intérêt supérieur du Reich. Le 9 août les trois ex-Grandes loges se réunissent avec l’accord et en présence des autorités civiles, pour célébrer leurs « fêtes » de fermeture définitive. Le Volkischer Beobachter titre : » L’atelier des pionniers d’une république judaïque mondiale est désormais fermé »
La latomophagie nazie s’étend au fur et à mesure que le Reich grandir. »
[…]
Dans la seule Allemagne (frontière de 1919) près de 2000 maçons allemands, dont l’ancien ministre social-démocrate, Wilhelm Leuschner pendu le 29 septembre 1944 pour sa participation au complot anti hitlérien du 20 juillet, le pris Nobel de la paix 1935 Carl Von Ossietzky, décédé en 1938 des suites de son internement en camp de 1933 à 1936, et l’écrivain Kurt Tucholsky, sont exterminés sous le III° Reich.
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