Dépression et tiers-monde
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 15/04/2008 à 16h00
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Question d'origine :
Bonjour,
On entend souvent dire que la dépression ne touche que les pays riches, que les gens qui en souffrent ne voient pas leur bonheur. On dit qu'ils feraient mieux de regarder du côté des pays du tiers-monde les plus pauvres où là les gens n'ont rien, où ils auraient beaucoup plus de raisons d'être malheureux et que pourtant ils assument la vie quotidienne sans sombrer dans la dépression.
Par ailleurs j'ai lu ici ou là que la dépression est un trouble qui concerne le monde entier même les pays en voie de développement, sans parvenir toutefois à trouver des références confirmant cela (j'ai peut-être mal cherché cela dit !).
Qu'en est-il exactement ? Trouve-t-on aussi cette maladie psychiatrique dans le tiers-monde ? Si oui, est-il aussi touché que les pays "occidentaux" ? Les symptomes sont-ils les mêmes ? Ou ce trouble est-il seulement "causé" par un mode de vie privilégiant le confort matériel et l'individualisme au détriment du bien être et des liens sociaux ?
Merci d'avance pour votre éclairage.
Réponse du Guichet
anonyme
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 16/04/2008 à 14h48
Les troubles mentaux et du comportement sont courants : plus de 25 % de la population mondiale vient à en souffrir un jour ou l’autre. Ils sont universels : les peuples de tous les pays et toutes les sociétés, populations rurales et urbaines, riches et pauvres, hommes et femmes de tous âges sont touchés. Ils ont des conséquences économiques pour les sociétés et nuisent à la qualité de vie des individus et des familles. Les troubles mentaux et du comportement touchent environ 10 % de la population adulte. Près de 20 % de tous les patients vus par les professionnels des services de santé primaires présentent un ou plusieurs troubles mentaux.
Dans une famille sur quatre, une personne au moins risque de souffrir de troubles mentaux ou du comportement.[...]
Les troubles mentaux ne sont pas le lot d'un groupe particulier : ils sont universels. Ils s'observent dans toutes les régions, tous les pays et toutes les sociétés. Ils frappent les hommes et les femmes à tous les stades de leur vie, les riches comme les pauvres et la population urbaine comme le milieu rural.
On estime que 450 millions de personnes dans le monde sont atteintes d’affections neuropsychiatriques dont font partie la dépression unipolaire, les troubles affectifs bipolaires, la schizophrénie, les troubles liés à l’alcool et à l’utilisation de certaines drogues, la maladie d’Alzheimer et autres démences, l’état de stress post-traumatique, le trouble obsessionnel compulsif, le trouble panique et l’insomnie primaire.
Ce texte introduit le Rapport mondial sur la santé 2001 de l'OMS qui mettait l'accent cette année-là sur les troubles mentaux. Dans l'ensemble des troubles mentaux, la dépression majeure arrive en tête :
Si l’on s’en tient à la seule incapacité, les affections mentales et neurologiques représentent, d’après les estimations de la CMM en 2000, 30,8 % de toutes les années vécues avec une incapacité (AVI). De fait, la dépression est la première cause d’incapacité, avec presque 12 % du total. Six autres affections neuropsychiatriques figurent parmi les vingt premières causes d’incapacité dans le monde (AVI) : dépression unipolaire, l’alcoolisme, la schizophrénie, les troubles affectifs bipolaires, la maladie d’Alzheimer et autres démences, et la migraine
On trouve également dans ce rapport une définition précise de la dépression selon des critères applicables indépendamment du contexte culturel :
La dépression se manifeste par une tristesse de l'humeur, une perte d'intérêt pour toute activité et une baisse de l'énergie. Les autres symptômes sont une diminution de l'estime de soi et de la confiance en soi, une culpabilité injustifiée, des idées de mort et de suicide, des difficultés à se concentrer, des troubles du sommeil et une perte d'appétit. La dépression peut aussi s'accompagner de symptômes somatiques. Les états dépressifs sont courants, surtout après une épreuve douloureuse, mais on ne diagnostique un trouble dépressif que si les symptômes atteignent un certain seuil et durent au moins deux semaines. La dépression a différents degrés de gravité, qui vont de léger à grave. Elle est le plus souvent épisodique, mais peut être aussi récurrente ou chronique. Elle est plus fréquente chez les femmes que chez les hommes. D'après les estimations de la CMM en 2000, la prévalence ponctuelle des épisodes dépressifs unipolaires est de 1,9 % chez les hommes contre 3,2 % chez les femmes, et quelque 5,8 % des hommes et 9,5 % des femmes auront un épisode dépressif sur une période de 12 mois. Les chiffres diffèrent selon les populations et sont parfois plus élevés chez certaines.
De façon quelque peu cynique le rapport explique qu'effectivement ces maladies sont moindres dans les pays en développement, parce que prévalent d'autres affections mortelles : maladies épidémiques, affections natales et périnatales, maladies sexuellement transmissibles. Le risque de dépression tendant à augmenter avec l'âge (même si les enfants et les adolescents peuvent en souffrir), il est possible de constater que dans des pays où l'espérance de vie est nettement moins élevée que dans les nôtres, la prévalence de la dépression est moindre. Mais, souligne ce même rapport, les troubles neuropsychiatriques sont tout de même à l’origine de 17,6 % de toutes les AVI* en Afrique.
*AVI : années de vie vécues avec une incapacité.
Il est aussi expliqué dans ce rapport que la pauvreté est un facteur aggravant, la dépression est plus répandue chez les pauvres que chez les riches, même dans les pays riches. Le tableau ci-dessous indique la prévalence de la dépression dans les groupes à faible revenu par rapport aux groupes à haut revenu, dans certains pays. On y constate notamment que les classes sociales pauvres du Zimbabwe sont davantage concernées par la dépression que celles des Pays-Bas ou des Etats-Unis :
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