Question d'origine :
Bonjour,
Depuis 1966 (d'après wikipédia), le texte de la prière du "notre père" a changé:
- par exemple: avant (Vatican II?) le récitant vouvoyait Dieu alors que maintenant il le tutoie;
- de meme il était dit me souvient-il: [...pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensé...]
alors que maintenant il est dit : [...pardonne nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensé...] donc le "aussi" semble avoir été introduit...
Ma question : Si je peux comprendre que le tutoiement soit tendanciellement plus "sympa" dans les rapports du chrétien avec Dieu (pour ceux qui sont chrétiens croyants bien sur) je m'interroge par contre sur le "aussi" qui, de mon point de vue et grammaticalement, signifierait une réciprocité présupposée et meme acquise sans conditions alors que la première formulation paraissait la subordonner à la faculté de pardon effective du pecheur...
Mais je fais peut-etre fausse route et vous soumets ma réelle perplexité.
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 07/05/2008 à 13h54
« Le Nouveau Testament offre deux recensions du Pater, l’une courte, en Luc XI, 2-4, l’autre longue en Matthieu VI, 9-15. Ces deux recensions remontent à un original grec, lui-même établi à partir de la masse des manuscrits anciens. » La traduction du Pater pose depuis l’origine problème car les versions et les traductions se sont succédé au cours du temps.
In
La rédaction de la nouvelle version du Notre Père est à replacer dans le contexte du concile de Vatican II. « Le 11 octobre 1962 est une date historique pour l’Église catholique. Ce jour-là s’ouvrait à Rome le concile Vatican II voulu par Jean XXIII. Le Pape donne le ton et l’esprit des travaux dans un discours d’ouverture qui reste dans les mémoires : " Notre devoir n’est pas seulement de garder ce précieux trésor comme si nous n’avions souci que du passé, mais de nous consacrer, résolument et sans crainte, à l’œuvre que réclame notre époque, poursuivant ainsi le chemin que l’Église parcourt depuis vingt siècles ". »
In
« En 1966, les Eglises catholiques, orthodoxes et protestantes ont décidé d’adopter une traduction commune du Notre Père. Cette décision a été facilitée par l’absence de version traditionnelle chez les uns et les autres. Le texte français des catholiques datait de 1952 et celui des protestants provenait de la Bible de Segond du XIXe siècle.
Texte antérieur des catholiques
Notre Père qui êtes aux Cieux,
Que votre nom soit sanctifié,
Que votre règne arrive,
Que votre volonté soit faite
Sur la terre comme au Ciel.
Donnez-nous aujourd’hui
Notre pain de chaque jour.
Pardonnez-nous nos offenses
Comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés.
Et ne nous laissez pas succomber à la tentation,
Mais délivrez-nous du mal.
Texte antérieur des réformés
Notre Père qui es aux Cieux,
ton nom soit sanctifié,
ton règne vienne,
ta volonté soit faite
sur la terre comme au ciel.
Donne-nous aujourd’hui
notre pain quotidien.
Pardonne-nous nos offenses
Comme aussi nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés.
Et ne nous conduit pas dans la tentation,
Mais délivre-nous du malin
(ou du mal).
Texte désormais commun
Notre Père qui es aux Cieux,
que ton nom soit sanctifié,
que ton règne vienne,
que ta volonté soit faite
sur la terre comme au Ciel.
Donne-nous aujourd’hui
Notre pain de ce jour.
Pardonne-nous nos offenses
Comme nous pardonnons aussi
A ceux qui nous ont offensés.
Et ne nous soumets pas
à la tentation,
Mais délivre nous du mal. »
In
Cette traduction a été approuvée par les évêques de France et par le Vatican. « Pour le chrétien, ce n’est pas seulement une prière d’Eglise, c’est une parole de Dieu. Et de ce fait, la nouvelle traduction qui est mise aujourd’hui entre nos mains et nos lèvres participe au statut d’ensemble de la parole de Dieu et de sa traduction. »
« Le Notre Père », In
Référence au Fonds jésuite des Fontaines : SR 255
Si nous comprenons bien, votre question s’intéresse davantage au passage :
« On peut dire que, d’une certaine manière, Dieu calque sa conduite sur la nôtre ; mais la nôtre s’est d’abord calquée sur la sienne, car c’est sa miséricorde qui nous pousse à nous montrer miséricordieux. Le français s’écarte résolument de l’original qui se traduirait : " Remets nos dettes comme nous remettons aussi à ceux qui nous doivent ". Il est clair que cette demande doit se comprendre à partir de la forme qu’elle a dans l’Evangile. Le sens de demande ne faisant pas difficulté, revenons aux termes employés. Le mot kai, " aussi ", complète hôs, " comme " ; il ne faut pas traduire " nous aussi " ou " nous-mêmes " : cela accentuerait trop le rôle que nous avons à jouer et risquerait de donner l’impression d’un marché (…). »
BONNARD P., DUPONT J., REFOULE F. « Notre Père qui es aux Cieux : la prière œcuménique ».
In : Les Cahiers de la traduction œcuménique, n° 3, 1968
Référence au Fonds jésuite des Fontaines : E 168/23
En complément vous pouvez consulter :
Nous tenons à remercier pour son aide, le frère dominicain,
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter