Question d'origine :
Très cher Guichet,
je suis entrain de regarder le premier volet de la série documentaire "Die Deutschen" sur la ZDF consacré à Otto der Große. La bataille de Lechfeld vient d'être abordée et je me posais une question. Que deviennent les corps par la suite ? Sait-on ce qui se pratiquait à cette époque pour enterrer ou brûler le corps ? Ou alors les laissait-on comme ça ? Enterrait-on les morts du camp vainqueur en laissant ceux du camp perdant ?
Mille mercis de ta réponse,
Tinodela.
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 04/11/2008 à 16h32
Source : Dictionnaire encyclopédique d’Histoire, Michel Mourre.
Voir aussi :
L’article de Wikipedia.. Il est doté d’une bibliograhie conséquente et de références d’historiographie médiévale.
Ou encore cet autre article :
La bataille du Lechfeld eut lieu le 10 août 955. Elle marque probablement l'endiguement des incursions des Hongrois (Magyars) en Europe centrale, avec le contrôle de la la trouée pannonienne. Ce fut une victoire décisive des forces du futur empereur Otton le Grand contre le khan Horka Bulcsu. Situé près d'Augsbourg, le Lechfeld s'étend entre les rivières Lech et Schmutter.
Otton avait rassemblé autour de lui environ 10 000 cavaliers lourds, pour combattre environ 50 000 soldats de la cavalerie légère hongroise. A l'approche de l'ennemi, Otton fut pris de flanc par une partie des forces adverses : il se trouvait ainsi enserré par deux forces plus nombreuses, ce qui aurait pu causer sa défaite. Mais les Hongrois qui l'attaquaient sur son aile mirent pied à terre pour piller la caravane de bagages germaniques. Otton envoya alors une partie de ses forces contre ces troupes vulnérables. Une fois celles-ci éliminées, les cavaliers se regroupèrent et chargèrent les lignes hongroises. Malgré les flèches, en grande partie détournées par les boucliers germaniques, l'armée d'Otton frappa la ligne adverse et l'enfonça. Horka Bulcsu tenta de feindre la retraite pour désorganiser les Germains lors d'une éventuelle poursuite mais les troupes d'Otton maintinrent leur ligne et les mirent en déroute. Les prisonniers furent soit exécutés, soit libérés avec les oreilles et le nez coupés. (Les sources ne sont malheureusement pas précisées.)
Après avoir consulté moult ouvrages dont l’énumération vous lasserait, nous rendons les armes en espérant un sort moins funeste que celui, hypothétique, des prisonniers de la bataille de Lechfeld.
Citons toutefois ce savant travail de synthèse de Philippe Contamine qui, faute d’apporter une réponse précise à vos questions, fait le point sur l’art militaire, le phénomène guerrier , les armées au Moyen Age. En voici quelques extraits :
En 955, les Hongrois entreprirent le siège d’Augsbourg (8 août). La ville avait une enceinte de pierre, mais peu élevée et dépourvue de tours. Tandis que les chevaliers de l’évêque se tenaient en dehors des murailles pour contenir le premier assaut, la population travaillait fébrilement aux remparts, en renforçant les points faibles .Le lendemain, les Hongrois s’approchèrent, avec des machines de siège. Apprenant l’arrivée d’Otton et des ses contingents souabes, bohémiens, saxons, franconiens et bavarois, ils interrompirent leur manœuvre pour attendre l’adversaire. Pendant la journée du 9, selon la coutume, les combattants allemands jeûnèrent. Le lendemain matin, au Lechfeld, ils se jurèrent paix et aide mutuelle. L’armée d’Otton était composée de huit unités de cavalerie (legiones) ; après une première escarmouche malheureuse ,Otton disposa ses troupes en une ligne de bataille (acies) ; l’attaque frontale de la cavalerie loude allemande provoqua la fuite des hongrois, qui dans leur majorité ne disposaient ni d’écu, ni de casque, ni de haubert. La poursuite fut fructueuse. Pour affaiblir durablement ses ennemis, Otton ordonna de massacrer leurs chefs prisonniers. Le calcul se révéla efficace : dans les annales du royaume allemand, il faut descendre jusqu’à 1030 pour voir un souverain conduire une nouvelle grande armée contre les Hongrois…
Autres éléments d’information sur l’art militaire :
Le moyen Age a ressenti l’avantage pour un chef de demeurer, le jour de la bataille, au dessus et à l’écart de la mêlée, d’une part afin de s’échapper le cas échéant, d’autre part afin qu’entouré d’une sorte d’état major il puisse prendre toutes les dispositions utiles.
Enfin, de même qu’au niveau de la stratégie le recours aux espions était considéré comme indispensable, au niveau de la tactique, il était formellement recommandé de prévoir des « chevaucheurs », des « guettes », des « escoutes », des » « gardiseurs » « pour garder l’ost et pour regarder la convine de leurs ennemis »…
…Il faut également songer à la fureur des combats, aux prescriptions éventuelles des chefs de guerre. Tout cela aboutit à ce que nombre de batailles furent sangnates, surtout du côté des vaincus, car, comme l’observe Froissart, « c’est une rieule general que le grosse pertes se traient sus les desconfitures ».
Au moins pour les deux derniers siècles du Moyen Age, des données en apparence très sûres sont disponibles pour évaluer les pertes humaines lors des batailes rangées. En effet, c’est l’une des tâches du vainqueur que de recenser les morts (et éventuellement les prisonniers), de les identifier, de leur donner une sépulture chrétienne, tout cela sous la direction de quelques chevaliers et officiers d’armes… Malheureusement cette comptabilité, telle que les chroniqueurs l’ont souvent consignée ou tels qu’en subsistent des procès verbaux isolés, n’inspire pas toujours confiance : a-t-on relevé tout le monde, ou seulement les nobles ? Qu’en est-il des morts survenus lors de la « chasse », des blessés mortellement ? sans compter la tentation toujours présente des grossir les pertes des vaincus pour rehausser d’abord la gloire des vainqueurs. En sorte qu’il convient de manier ces sources avec prudence et de les confronter avec d’autres données, quand elles existent.
L’examen de tout une série de batailles, du XIe au XVe siècle, amène à penser que les vaincus eurent de 20 à 50 % de tués par rapport à la totalité de leurs effectifs…
Autant d’éléments qui vous permettront peut-être de juger, en matière de documentation, de la qualité de votre série télé.
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