Autre religion
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 09/12/2008 à 10h09
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Question d'origine :
Bonjour,
Entre 1973 et 1998, j'ai eu l'occasion de me rendre souvent à La Clayette en Saône et Loire. Là j'ai entendu parler d'une religion qui serait connue sous le nom de "Les Blancs". Je n'en ai malheureusement jamais su davantage, si ce n'est que ce serait une des nombreuses branches du Christianisme. De plus ils semblerait que les gens qui appartiennent à cette croyance vivent entre eux et ne se marient que dans leur milieu. Ils se localiseraient dans les environs de Vareines-sous-Dun.
A partir de ces maigres indices, pouvez-vous m'apporter quelques précisions supplémentaires? Merci d'avance pour ce que vous pourrez faire.
Réponse du Guichet
anonyme
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 09/12/2008 à 15h17
Réponse du service Guichet du Savoir
Les Blancs constituent une minorité religieuse officiellement séparée de l'Eglise catholique depuis le Concordat de 1801. Ils trouvent leurs origines dans le jansénisme. Ils se distinguent des catholiques romains de deux manières : par leur opposition politico-religieuse (qui les stigmatise et les marginalise) et par le surinvestissement de certains comportements régionaux (leur zèle dans une région pratiquante) qui contribue à maintenir entre eux un lien passionnel, variant de la solidarité à l'agressivité.
Source : cat.inist.fr
Un article issu de la thèse de Marie-Aimée Duvernois : "Les Blancs : minorité religieuse et identité régionale dans le Sud de la Bourgogne", vous apportera de nombreuses informations sur la question.
(extraits)
Les Blancs sont situés sur une zone-frontière, à l'extrême Sud de la Bourgogne et à la pointe Nord du Lyonnais, à cheval sur trois départements : en majeure partie la Saône-et-Loire, une petite portion de la Loire et une frange du Rhône. Sur le plan économique, il s'agit d'une région en régression, éloignée des grands centres urbains plus dynamiques. C'est une région agricole (la population agricole représente 32 % de la population active en 1975 dans le Charollais) : on y pratique l'élevage (viande du Charollais) et la polyculture. On trouve aussi de l'industrie textile et métallurgique (Charlieu, Chauffailles). Cette région peut être considérée comme une zone tampon, économiquement marginale et historiquement peu connue. Son histoire politique fait apparaître l'existence d'un territoire aux frontières mouvantes, phénomène mal vécu par la population qui exprime son malaise sous la forme d'une longue résistance antifiscale aux XVIIe et XVIIIe siècles. Un phénomène cependant est remarquable : l'intense activité religieuse de la région dès le Moyen-Âge (règne de Cluny au XIe siècle, Marguerite-Marie Alacoque à l'origine du culte du Sacré-Coeur au XVIIIe siècle). A l'heure actuelle, on observe encore un surprenant dynamisme religieux (centre de rencontres oecuménique de Taizé, Renouveau Charismatique à Paray-le-Monial, etc.).
[...]
Dans le cadre d'une société plutôt repliée sur elle-même, socialement assez uniforme (mis à part celle des classes sociales, il y a peu de différences ; prédominance des autochtones — très forte endogamie longtemps pratiquée — donc les contrastes culturels n'existent pas), les Blancs, en s'opposant aux catholiques (ils n'assistent pas aux offices de la paroisse ; ils votent à gauche, dans une région majoritairement à droite), deviennent les représentants de LA différence. Pour les catholiques, un Blanc est notamment celui qui insiste particulièrement sur la pratique du jeûne : cela se remarque à l'occasion des repas en commun, à la cantine scolaire ou à celle de l'usine.
L'opposition des Blancs correspond à une logique de la distinction : « exister socialement, c'est être perçu, et perçu comme distinct ». L'opposition Blancs/catholiques — qui opère un classement en divisant chaque commune en deux « clans » (ils font tables séparées au débit de boissons) — met en oeuvre cette logique de la distinction et de repérage du monde intérieur : en principe, on est Blanc ou catholique (de parent à enfant, par « héritage » en quelque sorte) ; l'identité de chacun s'établit à partir de ces deux pôles.
Les Blancs constituent une minorité religieuse officiellement séparée de l'Eglise catholique depuis le Concordat de 1801. Ils trouvent leurs origines dans le jansénisme. Ils se distinguent des catholiques romains de deux manières : par leur opposition politico-religieuse (qui les stigmatise et les marginalise) et par le surinvestissement de certains comportements régionaux (leur zèle dans une région pratiquante) qui contribue à maintenir entre eux un lien passionnel, variant de la solidarité à l'agressivité.
Source : cat.inist.fr
Un article issu de la thèse de Marie-Aimée Duvernois : "Les Blancs : minorité religieuse et identité régionale dans le Sud de la Bourgogne", vous apportera de nombreuses informations sur la question.
(extraits)
Les Blancs sont situés sur une zone-frontière, à l'extrême Sud de la Bourgogne et à la pointe Nord du Lyonnais, à cheval sur trois départements : en majeure partie la Saône-et-Loire, une petite portion de la Loire et une frange du Rhône. Sur le plan économique, il s'agit d'une région en régression, éloignée des grands centres urbains plus dynamiques. C'est une région agricole (la population agricole représente 32 % de la population active en 1975 dans le Charollais) : on y pratique l'élevage (viande du Charollais) et la polyculture. On trouve aussi de l'industrie textile et métallurgique (Charlieu, Chauffailles). Cette région peut être considérée comme une zone tampon, économiquement marginale et historiquement peu connue. Son histoire politique fait apparaître l'existence d'un territoire aux frontières mouvantes, phénomène mal vécu par la population qui exprime son malaise sous la forme d'une longue résistance antifiscale aux XVIIe et XVIIIe siècles. Un phénomène cependant est remarquable : l'intense activité religieuse de la région dès le Moyen-Âge (règne de Cluny au XIe siècle, Marguerite-Marie Alacoque à l'origine du culte du Sacré-Coeur au XVIIIe siècle). A l'heure actuelle, on observe encore un surprenant dynamisme religieux (centre de rencontres oecuménique de Taizé, Renouveau Charismatique à Paray-le-Monial, etc.).
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Dans le cadre d'une société plutôt repliée sur elle-même, socialement assez uniforme (mis à part celle des classes sociales, il y a peu de différences ; prédominance des autochtones — très forte endogamie longtemps pratiquée — donc les contrastes culturels n'existent pas), les Blancs, en s'opposant aux catholiques (ils n'assistent pas aux offices de la paroisse ; ils votent à gauche, dans une région majoritairement à droite), deviennent les représentants de LA différence. Pour les catholiques, un Blanc est notamment celui qui insiste particulièrement sur la pratique du jeûne : cela se remarque à l'occasion des repas en commun, à la cantine scolaire ou à celle de l'usine.
L'opposition des Blancs correspond à une logique de la distinction : « exister socialement, c'est être perçu, et perçu comme distinct ». L'opposition Blancs/catholiques — qui opère un classement en divisant chaque commune en deux « clans » (ils font tables séparées au débit de boissons) — met en oeuvre cette logique de la distinction et de repérage du monde intérieur : en principe, on est Blanc ou catholique (de parent à enfant, par « héritage » en quelque sorte) ; l'identité de chacun s'établit à partir de ces deux pôles.
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