Question d'origine :
Violette Nozière était-elle réellement syphilitique ?
Pourquoi a-t-elle été réhabilitée ?
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 20/05/2009 à 14h32
Réponse du service Guichet du Savoir
Bonjour,
Voici ce qu'indique Jean-Marie Fitère, l'auteur du livre intitulé Violette Nozière disponible à la bibliothèque municipale de Lyon :
Depuis le mois d'avril 1932, Violette se rend deux fois par mois à l'hôpital Bichat, à la consultation du docteur Henry Déron. Une maladie de foie, des malaises divers et imprécis, des accès de fièvre et des maux de tête répétés la tourmentent. Des ganglions apparaissent dans la région du cou, les cheveux tombent, s'éclaircissent. Questionne, le médecin demeure évasif. Il traite la malade aux rayons X et ultraviolets. Seize séances au total.
— Dites-moi la vérité. Docteur. Suis-je vraiment si malade? Allons, la vérité...
Elle n'est pas bonne à dire. Violette conclut du silence obstiné du praticien qu'un mal redoutable la ronge. Et si c'était la syphilis ?
Il s'agit bien en effet de cela. Mais l'origine de ce mal spécifique ne sera jamais déterminée à coup sûr. Il est permis de croire pourtant qu'à cette époque Violette tient Pierre Camus pour responsable. Du moins si l'on interprète dans ce sens la lettre dont le brouillon sera découvert par la mère de la jeune fille :
« Pierre, mon Pierre, que vais-je devenir? Je te pardonne et je t'aime toujours. »
[...]
Au mois de mars 1933, les malaises multiples supportés par la jeune fille s'aggravent. Le docteur Déron pense pendant un moment se trouver devant une tuberculose latente.
Pour la première fois, il ordonne une analyse de sang. Pratiquée à Bichat le 16 mars, elle révèle : « Sérum normal en ce qui concerne la tuberculose ; sérum anormal en ce qui concerne la syphilis. » Le médecin fait faire une contre-analyse par le laboratoire de l'hôpital Bichat ; les conclusions sont les mêmes : syphilis.
Le médecin communique ces résultats à Violette. Elle s'y attendait et ne manifeste pas de désarroi excessif.
Un journal de l'époque, l'hebdomadaire Vu, paru le 6 septembre 1933 (n°286) contient un article de Louis Martin-Chauffier intitulé "Violette Nozières la double parricide : le poison dans le sang", qui confirme ceci : "Or, elle était syphilitique, et répandait généreusement son mal avec ses faveurs."
C'est le 18 mars 1963 que Violette Nozière a été réhabilité. Voici ce qu'écrit Jean-Marie Fitère dans son livre Violette Nozière :
C'est vrai. Il n'y a plus de Violette Nozière. Si la réhabilitation ne transforme pas rétroactivement un coupable en innocent, elle le remet en possession de tous ses droits et prérogatives. C'est un être juridiquement neuf. Le mot « néant » s'inscrit face au mot « condamnations » imprimé sur le bulletin N° 2 du casier judiciaire, celui que peuvent demander magistrats et administrations, et le N° 3 que peuvent exiger employeurs éventuels et l'intéressé. Mais pour Violette, cette mesure qui récompense sa vie exemplaire après l'exécution de sa peine a surtout un retentissement moral. Ce bon point est pour elle une source de fierté, mais il lui apparaît surtout comme le couronnement des efforts silencieux, opiniâtres, de son avocat. Violette salue cet exploit, car c'en est un : c'est la première fois en effet, dans les annales de la justice française, que l'auteur d'un crime de droit commun est réhabilité après avoir été condamné à la peine capitale.
Pour Me de Vésinne-Larue, cet arrêt de la Cour de Rouen, qui le comble, va très loin. Il démontre d'une façon éclatante l'inanité de la peine de mort. La réhabilitation de Violette Nozière est, pour lui, la preuve qu'il existe pour tout être
humain, aussi bas qu'il soit tombé, des possibilités de rachat.
Combien parmi ceux qui périssent encore sous le couperet de la guillotine ne seraient pas capables de suivre une voie comparable à l'admirable chemin de la parricide ? On frémit en songeant que si, en 1934, la peine de mort n'avait
pas été abolie pour les femmes, Violette Nozière eût été exécutée, emportant avec elle ses prodigieuses capacités de repentir et de rachat.
Bonjour,
Voici ce qu'indique Jean-Marie Fitère, l'auteur du livre intitulé Violette Nozière disponible à la bibliothèque municipale de Lyon :
Depuis le mois d'avril 1932, Violette se rend deux fois par mois à l'hôpital Bichat, à la consultation du docteur Henry Déron. Une maladie de foie, des malaises divers et imprécis, des accès de fièvre et des maux de tête répétés la tourmentent. Des ganglions apparaissent dans la région du cou, les cheveux tombent, s'éclaircissent. Questionne, le médecin demeure évasif. Il traite la malade aux rayons X et ultraviolets. Seize séances au total.
— Dites-moi la vérité. Docteur. Suis-je vraiment si malade? Allons, la vérité...
Elle n'est pas bonne à dire. Violette conclut du silence obstiné du praticien qu'un mal redoutable la ronge. Et si c'était la syphilis ?
Il s'agit bien en effet de cela. Mais l'origine de ce mal spécifique ne sera jamais déterminée à coup sûr. Il est permis de croire pourtant qu'à cette époque Violette tient Pierre Camus pour responsable. Du moins si l'on interprète dans ce sens la lettre dont le brouillon sera découvert par la mère de la jeune fille :
« Pierre, mon Pierre, que vais-je devenir? Je te pardonne et je t'aime toujours. »
[...]
Au mois de mars 1933, les malaises multiples supportés par la jeune fille s'aggravent. Le docteur Déron pense pendant un moment se trouver devant une tuberculose latente.
Pour la première fois, il ordonne une analyse de sang. Pratiquée à Bichat le 16 mars, elle révèle : « Sérum normal en ce qui concerne la tuberculose ; sérum anormal en ce qui concerne la syphilis. » Le médecin fait faire une contre-analyse par le laboratoire de l'hôpital Bichat ; les conclusions sont les mêmes : syphilis.
Le médecin communique ces résultats à Violette. Elle s'y attendait et ne manifeste pas de désarroi excessif.
Un journal de l'époque, l'hebdomadaire Vu, paru le 6 septembre 1933 (n°286) contient un article de Louis Martin-Chauffier intitulé "Violette Nozières la double parricide : le poison dans le sang", qui confirme ceci : "Or, elle était syphilitique, et répandait généreusement son mal avec ses faveurs."
C'est le 18 mars 1963 que Violette Nozière a été réhabilité. Voici ce qu'écrit Jean-Marie Fitère dans son livre Violette Nozière :
C'est vrai. Il n'y a plus de Violette Nozière. Si la réhabilitation ne transforme pas rétroactivement un coupable en innocent, elle le remet en possession de tous ses droits et prérogatives. C'est un être juridiquement neuf. Le mot « néant » s'inscrit face au mot « condamnations » imprimé sur le bulletin N° 2 du casier judiciaire, celui que peuvent demander magistrats et administrations, et le N° 3 que peuvent exiger employeurs éventuels et l'intéressé. Mais pour Violette, cette mesure qui récompense sa vie exemplaire après l'exécution de sa peine a surtout un retentissement moral. Ce bon point est pour elle une source de fierté, mais il lui apparaît surtout comme le couronnement des efforts silencieux, opiniâtres, de son avocat. Violette salue cet exploit, car c'en est un : c'est la première fois en effet, dans les annales de la justice française, que l'auteur d'un crime de droit commun est réhabilité après avoir été condamné à la peine capitale.
Pour Me de Vésinne-Larue, cet arrêt de la Cour de Rouen, qui le comble, va très loin. Il démontre d'une façon éclatante l'inanité de la peine de mort. La réhabilitation de Violette Nozière est, pour lui, la preuve qu'il existe pour tout être
humain, aussi bas qu'il soit tombé, des possibilités de rachat.
Combien parmi ceux qui périssent encore sous le couperet de la guillotine ne seraient pas capables de suivre une voie comparable à l'admirable chemin de la parricide ? On frémit en songeant que si, en 1934, la peine de mort n'avait
pas été abolie pour les femmes, Violette Nozière eût été exécutée, emportant avec elle ses prodigieuses capacités de repentir et de rachat.
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