Question d'origine :
Bonjour, je voudrait avoir des infos sur les zones militaire côté belge, britannique, français et américain en 14-18. Plus précisément, quelles étaient les consignes par rapport aux civiles dans les zones proches des premières lignes, était-on autorisés à s'approcher des zones de combat (je ne parle pas de la possibilité réel de le faire mais de la possibilité par rapport à la libre circulation des personnes, il est évident que le danger aurait du repousser les gens loin des combats)? Je suppose qu'à X kilomètres on ne pouvait plus s'approcher, mais qu'en est-il vraiment? et les personnes habitant dans ces zones militaires, étaient-elles obligées de partir? Quelles sanctions encourait ceux et celles qui passaient au dessus des consignes? Merci pour votre réponse
Réponse du Guichet
anonyme
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 15/12/2009 à 20h09
Bonjour, je voudrait savoir à quel fréquence les soldats français et allemand retournaient en permission en 14-18? Y avait-il des régimes différents selon les situations familiales? Combien de temps duraient-elles? Merci
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 17/12/2009 à 16h52
En avant-propos nous vous recommandons vivement de consulter la page consacrée au
Vous demandez si l’ « on était autorisé à s’approcher des zones de combat ». Peut-être faudrait-il retourner la formule, car, dans le cas d’une invasion d’un pays par une armée étrangère, c’est le front qui se rapproche des civils !
Pour avoir un bon aperçu des conditions de vie des civils dans les zones de combat, nous vous recommandons la lecture de plusieurs chapitres de Encyclopédie de la grande guerre 1914-1918 « Les occupations » d’Annette Becker, « Les réfugiés » de Philippe Nivet, « Atrocités et exactions contre les civils » de John Horne.
Bien que les conventions de La Haye de 1907 aient établi le statut juridique du non-combattant et la protection des populations civiles en temps de guerre, les invasions de 1914 furent l’occasion de violences intenses à l’encontre des populations civiles belge et française.
Au début des hostilités, en aout-octobre 1914, les Allemands « furent convaincus qu’ils se trouvaient confrontés à un soulèvement massif des populations civiles belge et française, orchestré par les gouvernements et dirigé par les élites locales ». Des rumeurs circulaient sur ces prétendus « francs-tireurs », et des représailles sévères furent ordonnées (exécutions collectives, incendies, boucliers humains et déportation d’environ 15 000 civils belges et français vers l’Allemagne. En tout, près de 6500 civils furent tués avant la mi-octobre 1914.
« Dès le début, les autorités allemandes réquisitionnèrent des travailleurs en Belgique et dans le Nord de la France pour remettre en ordre l’arrière de la zone militaire. (…) Après une phase de recrutement plutôt volontaire (afin de respecter le droit international), l’année 1916 vit une militarisation systématique de la main d’œuvre des pays occupés, mise au service de la production de guerre allemande. » (ouvrage cité, p. 376)
La zone dangereuse avant l'apparition de l'aviation comme arme massive de bombardement (en 1916), n'allait pas au-delà d'une quinzaine de km du front. Un civil ne pouvait pas pénétrer dans la zone des armées sans autorisation. Certains départements étaient interdits aux non résidents (Marne, Meuse, Somme, Oise, Vosges, Haute-Marne). Les sanctions pouvaient aller jusqu'à l'accusation d'espionnage et donc entraîner la prison à vie, voire la mort. Mais il y avait un tel trafic ferroviaire que tout ne pouvait être contrôlé.
Les populations du nord et de l’est de la France proches du front (Reims, Pont-à-Mousson, Verdun, Arras, Compiègne, Soissons) furent évacuées vers l’intérieur du pays, où l’accueil ne fut pas particulièrement chaleureux.
Exécutions, viols, déportations frappaient les civils, et ce n’était pas parce que ceux-ci, par curiosité ou nécessité, s’étaient approchés de trop près du feu des combats.
Vous pouvez vous reporter à l'entrée "Permission" du lexique du
L'article "Permission" du
"Mobilisés à l'été1914 pour une guerre que l'on prévoyait courte, les soldats du front qui sont ainsi séparés de leurs familles, partent sans qu'il soit question de permission. Leur seul lien avec l'arrière est donc la correspondance, et ce jusqu'au printemps 1915, lorsque les politiques et les états-majors, sous la pression des opinions publiques, doivent rétablir les permissions. En France, elles entrent en vigueur pour les combattants à partir du 1er juillet 1915, après avoir d'abord été rétablies pour les soldats mobilisés à l'arrière puis pour les officiers. L'objectif est alors de soutenir le moral des populations civiles et militaires, de permettre aux combattants de se reposer, de freiner la chute de la natalité et de soutenir la vie économique. Les permissions restent pendant toute la guerre rare et de courte durée, car les autorités militaires répugnent à réduire les effectifs, même si elles reconnaissent les bienfaits des séjours à l'arrière sur les hommes. Les Français bénéficiaient en théorie d'une semaine de permission tous les 4 mois à partir de 1916, mais la réalité était très différente selon la situation militaire, les unités ou le pays d'origine. Les moins bien lotis étaient les soldats mobilisés dans les Balkans ou originaire des colonies, qui sont rarement rentrés chez eux. Les soldats alliés issus des colonies ou des régions envahies étaient parfois très isolés, sans contacts à l'arrière, si bien qu'un grand nombre ont passé leurs jours de congé à Paris, faisant de la capitale le véritable centre des permissions alliées."
Le chapitre « Permissions et permissionnaires » de l’
« Les hommes mobilisés à l’arrière, en revanche, sont d’autant plus privilégiés aux yeux des combattants qu’ils bénéficient rapidement de permissions le dimanche et les jours fériés, tandis que les affectés spéciaux des usines, nombreux dans les régions industrielles comme la région parisienne, rentrent chez eux tous les soirs. Dans le cas des combattants français, seuls les blessés évacués du front ont pu passer quelques jours en famille à partir de décembre 1914, où les autorités militaires leur reconnaissent le droit à un congé de convalescence de sept jours lorsqu’ils sortent des formations sanitaires, à titre de récompense. Les permissions pour des évènements familiaux importants, comme le décès d’un proche ou la naissance d’un enfant, sont restées exceptionnelles, accordées avec parcimonie aux combattants français à partir de 1915, mais le plus souvent refusées aux Anglais, et exclues pour les Canadiens ou les Américains. (…) A partir du printemps 1915, entre 3 et 7 % des combattants allemands peuvent partir en permission. Le 30 juin 1915, Joffre accorde aux combattants français huit jours de congé dans leur famille, à tour de rôle. Ils sont réduits à 6 jours à la mi-août : ce sont alors 5 % des unités combattantes et 10 % des unités de réserve qui peuvent partir simultanément en permission lorsque la situation militaire le permet. (…) Ainsi, une journée de permission accordée aux soldats français enlève-t-elle au front 35 000 combattants en principe, ce qui représente au début de l’année 1916, pour six jours de permission, 9 % de l’effectif. »
La situation familiale n'entrait en général pas en ligne de compte pour les permissions, mais dans l'affectation des soldats. Les pères de 5 enfants, les veufs pères de 2 enfants, les soldats ayant eu 3 frères tués etc. étaient affectés à des unités chargées des étapes, contrôle des trains, des gares, travaux forestiers, travaux de défenses, instruction dans les dépôts...
Un exemple de permission pour les soldats originaires de l'outre-mer est cité dans une conférence Rachel Mnemosyne (Docteure en histoire militaire contemporaine), que vous trouverez sous le titre
"L'arrière c'est aussi les permissions. Mais attention ! On ne les donne pas comme ça. Une permission c'est, au mieux, 25 jours. Il faut 2 fois 1 mois pour faire l'aller-retour à La Réunion. Si on compte environ un mois de séjour, cela fait au total 3 mois d'absence. On ne commence à accorder ces permissions qu'en 1917. Quant aux bénéficiaires de permissions courtes (de l'ordre de la semaine), ils vont visiter la France en logeant dans des foyers militaires. Ils sont également autorisés à séjourner dans les pays nord-africains. C'est de ces lieux de permission qu'ils auront le loisir d'écrire, à leurs familles, avec images à l'appui. Ceux qui ont la chance de rentrer à La Réunion sont tiraillés entre la joie d'être au pays et la tristesse de retrouver des familles encore plus misérables qu'à leur départ. Ce sont les plus forts, donc les plus productifs, qui sont partis à la guerre. Privées de cette force de travail, les familles ont du mal à joindre les deux bouts et à survivre dans le besoin. Les soldats en seront fortement affectés. Ce double effet de la permission fait que le moral retombe vite."
Il existait aussi des «
« Avant les travaux de chaque nouvelle saison agricole, la question des permissions des agriculteurs va susciter des conflits d’intérêts, surtout en France, où elle se pose dès l’automne 1914. Il faut préciser que ce sont les paysans qui ont bénéficié de la plus faible proportion d’exemptions lors des conseils de révision. Une circulaire d’octobre 1914 leur a bien octroyé deux semaines de permission pour les travaux d’automne, mais la mesure est impossible à mettre en application à cette période. (…) Il faudra attendre les mutineries de 1917 pour que les permissions agricoles soient plus régulièrement accordées, qu’elles soient portées à trois semaines, que soient déclarés sursitaires les hommes âgés d’au moins quarante-six ans et que soient retirés du front 180 000 agriculteurs pères de familles de cinq enfants. »
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