Question d'origine :
Concernant les trembleurs de la première guerre, j'ai plusieurs questions:
1 quels traitements étaient tentés? et quel étaient les résultats?
2 Ces hommes guérissait-ils avec le temps, et dans quel mesure?
3 Étaient-ils renvoyés au front ou était-ils réformés?
4 Quelle était leur espérance de vie?
5 Étaient-ils aptes à reprendre une vie professionnelles?
6 Étaient-ils en mesure d'avoir une vie affective?
7 Quels était l'impacte psychologique que le trouble lui même (je ne parle pas de la cause du trouble) pouvait avoir sur ces hommes?
Merci pour vos réponses.
Réponse du Guichet
gds_alc
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 29/12/2009 à 13h29
Réponse du service Guichet du Savoir
Bonjour,
Les études sur le phénomène des "trembleurs" sont peu abondantes, les chercheurs privilégiant souvent une approche plus générale soit l'ensemble des troubles mentaux et névroses de guerre.
Cependant, Jean Lépine consacre un chapitre auxtremblements, secousses et attitudes vicieuses dans son ouvrage les Troubles mentaux de guerre et mentionne :
La chose est possible cependant, et j'ai vu, soit des tremblements post-commotionnels, soit une fois au moins d'une attitude courbée "camptocormique" liés à un état de confusion mentale très net. Du reste, on sait que les tremblements post-commotionnels sont loin d'être tous de nature pithiatique (...)
Les tremblements, comme l'a bien montré Henry Meige, sont influencés chez certains sujets par la préoccupation obsédante de trembler, la trémophobie (...)
Ces tremblements interviennent suite au traumatisme crée par les explosions d'obus ou de mines. En outre, pour les névroses de guerre, Sophie Delaporte rapporte que dans le cas français, on compte plus de 20 000 lits attribués à ce type de malades, ce qui représente près d'un septième des disponibilités médicales totales. In : Encyclopédie de la Grande Guerre, 1914-1918 : histoire et culture.
Face à l'ampleur des traumatismes psychiques chez les combattants, le corps médical s'organise et s'oppose parfois sur les traitements à adopter :
En France, G. Milian, dans sa publication du 2 janvier 1915 sur l'"hypnose des batailles" (sorte de réaction émotionnelle confuso-onirique), insistait sur le fait que la récupération de ces réactions transitoires était toujours totale et définitive, en quelques jours sous l'effet du simple repos (...) Mais l'habitude fut prise de mêler les cas psychiques aux blessés physiques, et de les intégrer dans les mêmes circuits d'évacuation, vers les formations sanitaires de l'arrière, puis vers les hôpitaux de l'intérieur. Beaucoup de cas psychiques persévéraient dans leurs symptômes, ce qui leur évitait de repartir au front. (....) Pourtant encore, beaucoup de psychiatres d'armée avaient remarqué que si le blessé psychique était traité précocement, et à proximité du front, il avait plus de probabilité de guérir (...) Aussi, très tôt, P. Chavigny, préconisa-t-il la création d'unités psychiatriques de triage et de soins, à installer juste derrière la ligne du front (...) ces unités auraient pour mission de recevoir les cas "douteux" adressés directement du front, et de recevoir aussi des blessés psychiques. In : Les traumatismes psychiques de guerre.
Vous pouvez vous référer aux documents suivants pour obtenir de plus amples précisions sur le phénomène des "trembleurs" :
* La revue neurologique, notamment l'article d'Henry Meige, "Les tremblements consécutifs aux explosions", 1916
* Les psychonévroses de guerre / G. Roussy, Jean Lhermitte, 1917
Pour aller plus loin sur les traumatismes de guerre :
* Les névroses traumatiques : le psychothérapeute face aux détresses des chocs psychiques / Claude Barrois, 1998
* Le service de santé aux armées pendant la Première Guerre mondiale / Alain Larcan, 2008
* Conséquences psychologiques des traumatismes de guerre : état de stress post traumatique et troubles associés / thèse de Stéphane Hautecouverture, sous la direction de Frédéric Rouillon, 2002
* Shell-shock : a history of the changing attitudes to war neurosis / Anthony Babington, 1997
* Forgotten lunatics of the Great War / Peter Barham, 2004
* Hysterical men : war, psychiatry, and the politics of trauma in Germany, 1890-1930 / Paul Lerner, 2003
* A war of nerves : soldiers and psychiatrists in the twentieth century / Ben Shepard, 2001
Bonjour,
Les études sur le phénomène des "trembleurs" sont peu abondantes, les chercheurs privilégiant souvent une approche plus générale soit l'ensemble des troubles mentaux et névroses de guerre.
Cependant, Jean Lépine consacre un chapitre aux
La chose est possible cependant, et j'ai vu, soit des tremblements post-commotionnels, soit une fois au moins d'une attitude courbée "camptocormique" liés à un état de confusion mentale très net. Du reste, on sait que les tremblements post-commotionnels sont loin d'être tous de nature pithiatique (...)
Les tremblements, comme l'a bien montré Henry Meige, sont influencés chez certains sujets par la préoccupation obsédante de trembler, la trémophobie (...)
Ces tremblements interviennent suite au traumatisme crée par les explosions d'obus ou de mines. En outre, pour les névroses de guerre, Sophie Delaporte rapporte que dans le cas français, on compte plus de 20 000 lits attribués à ce type de malades, ce qui représente près d'un septième des disponibilités médicales totales. In : Encyclopédie de la Grande Guerre, 1914-1918 : histoire et culture.
Face à l'ampleur des traumatismes psychiques chez les combattants, le corps médical s'organise et s'oppose parfois sur les traitements à adopter :
En France, G. Milian, dans sa publication du 2 janvier 1915 sur l'"hypnose des batailles" (sorte de réaction émotionnelle confuso-onirique), insistait sur le fait que la récupération de ces réactions transitoires était toujours totale et définitive, en quelques jours sous l'effet du simple repos (...) Mais l'habitude fut prise de mêler les cas psychiques aux blessés physiques, et de les intégrer dans les mêmes circuits d'évacuation, vers les formations sanitaires de l'arrière, puis vers les hôpitaux de l'intérieur. Beaucoup de cas psychiques persévéraient dans leurs symptômes, ce qui leur évitait de repartir au front. (....) Pourtant encore, beaucoup de psychiatres d'armée avaient remarqué que si le blessé psychique était traité précocement, et à proximité du front, il avait plus de probabilité de guérir (...) Aussi, très tôt, P. Chavigny, préconisa-t-il la création d'unités psychiatriques de triage et de soins, à installer juste derrière la ligne du front (...) ces unités auraient pour mission de recevoir les cas "douteux" adressés directement du front, et de recevoir aussi des blessés psychiques. In : Les traumatismes psychiques de guerre.
* La revue neurologique, notamment l'article d'Henry Meige, "Les tremblements consécutifs aux explosions", 1916
* Les psychonévroses de guerre / G. Roussy, Jean Lhermitte, 1917
* Les névroses traumatiques : le psychothérapeute face aux détresses des chocs psychiques / Claude Barrois, 1998
* Le service de santé aux armées pendant la Première Guerre mondiale / Alain Larcan, 2008
* Conséquences psychologiques des traumatismes de guerre : état de stress post traumatique et troubles associés / thèse de Stéphane Hautecouverture, sous la direction de Frédéric Rouillon, 2002
* Shell-shock : a history of the changing attitudes to war neurosis / Anthony Babington, 1997
* Forgotten lunatics of the Great War / Peter Barham, 2004
* Hysterical men : war, psychiatry, and the politics of trauma in Germany, 1890-1930 / Paul Lerner, 2003
* A war of nerves : soldiers and psychiatrists in the twentieth century / Ben Shepard, 2001
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