Question d'origine :
Bonjour,
Dans les hôpitaux et cliniques, les déchets sont triés avec grand soin. Mais après, que deviennent-ils. Ils sont sûrement incinérés, mais où et comment ? Les fumées qui en résultent sont forcément polluées, à moins qu'un traitement spécifique leur soit appliqué.
Pourrez-vous satisfaire ma curiosité ? En fait, vu le nombre de questions que je vous ai déjà posées et le nombre de réponses toujours très satisfaisantes, je n'en doute pas un seul instant.
Merci d'avance et avec tous mes compliments pour votre intéressant travail.
Réponse du Guichet
bml_sci
- Département : Sciences et Techniques
Le 12/01/2010 à 12h52
Les déchets d'activités de soins sont issus des activités de diagnostic et de traitement menées par la médecine humaine et vétérinaire, mais également des activités d'enseignement, de recherche, de production industrielle ou de thanatopraxie.
Ils peuvent être classés en 3 catégories :
- les Déchets d'Activités de Soins à Risque Infectieux (appelés DASRI) : seringues et aiguilles, compresses souillées, déchets anatomiques, milieux de culture...
- les déchets d'activités de soins spécifiques non contaminés assimilables aux ordures ménagères (plâtre, couches...)
- les déchets chimiques, considérés au même titre que des déchets dangereux, comme les solvants ou les produits d'analyse.
En France, les déchets d’activités de soins à risques infectieux peuvent être éliminés par incinération ou par désinfection.
Elle peut s’effectuer in situ, en Usine d’incinération d’Ordures Ménagères (UIOM) ou en installation centrale spécialisée :
In situ
Il s’agit de four d’incinération réservé à l’usage d’un établissement de santé et implanté dans son enceinte. Ce type d’incinérateurs tend à disparaître en raison de l’hétérogénéité des DAS à traiter, du fonctionnement discontinu et d’un mauvais entretien des incinérateurs et d’une absence de traitement des fumées.
En UIOM
Les déchets contaminés sont admis en UIOM à condition de respecter :
les prescriptions spécifiques d’aménagement et d’organisation fixées par l’arrêté préfectoral d’autorisation de l’installation.
les prescriptions de l’arrêté du 23 août 1989 portant principalement sur les conditions d’apport, de stockage, de chargement des déchets contaminés et sur les conditions d’exploitation.
En installation centrale spécialisée
Il s’agit d’usine destinée aux seuls DASRI ou d’une unité de traitements des déchets industriels qui utilise sa capacité disponible pour brûler des DASRI.
Les appareils de décontamination doivent être agréés conjointement avant leur installation sur site par les ministères chargés de la santé et de l’environnement, après validation du Conseil Supérieur d’Hygiène Public de France.
Les déchets issus de cette technique sont assimilables aux déchets ménagers et ils peuvent donc être éliminés comme tels. Cette solution est en fait un prétraitement et les DASRI désinfectés peuvent alors être incinérés ou mis en décharge, mais en aucun cas être compostés.
(Extrait de Les déchets d'activités de soins et de médicaments)
C'est le premier procédé qui a été autorisé à partir du 8 août 1978 (Circulaire ministérielle relative au Règlement Sanitaire Départemental Type).
Aujourd'hui, ces fours doivent être conformes aux spécifications de l'Arrêté ministériel du 25 janvier 1991 relatif aux usines d'incinération des déchets hospitaliers contaminés dans des usines d'incinération de résidus urbains. Il s'agit alors d'une installation classée qui doit être soumise à autorisation, conformément à la nomenclature 322B4 des installations classées.
Quant aux installations existantes ayant déjà fait l'objet d'une autorisation administrative, elles devront être également mises en conformité dans le cadre d'un échéancier décrit dans l'Arrêté ministériel du 25 janvier 1991.
L'incinérateur idéal considéré sous les aspects performances et prix ne semble pas encore exister. Les techniques proposées, notamment dans le cas d'unité de petite taille, dérivent des petits incinérateurs brûlant des déchets industriels banals (cartons, bois, plastiques, ...). La plupart des constructeurs proposent des systèmes à combustion pyrolitique, ce qui correspond en réalité à une combustion étagée.
ETAPE 1
réalisée dans une chambre primaire ou chambre de combustion. L'incinération du déchet est conduite en phase réductrice (ou défaut d'air), la température moyenne des fumées est maintenue aux environs de 700-750 °C.
Dans la chambre primaire il est nécessaire de distribuer progressivement l'air de combustion pour permettre :
- de ne pas obtenir une température de flamme élevée dans la première moitié de la chambre (sinon scories adhérentes ou réfractaires, problème de fusion du verre) car le P.C.I. initial du déchet peut être très élevé (4000-7000 kcal/kg).
- épuiser, dans la deuxième moitié, le carbone résiduel dans la fraction inerte (cendres) par une combustion en léger excès d'air.
ETAPE 2
réalisée dans la chambre secondaire ou chambre de post combustion. Les fumées issues de la chambre sont brûlées en phase oxydante avec notamment :
- transformation du CO en CO2
- cracking des molécules à radicaux du type C-M ou équivalent avec production de CO2.
Cette deuxième phase est généralement réalisée en présence d'une flamme (brûleur) ; en excès d'air et sous forte turbulence ; à densité énergétique volumique élevée.
Dans ce type de conduite, moyennant un temps de séjour voisin de 90 minutes accompagné d'un brassage suffisant, le taux d'imbrûlés carbone (mesuré à 500 C) réalisable, est voisin de 2 %. Ce type d'installation traite uniquement des déchets d'activités de soins à risques. Le four spécifique est soit installé à côté d'une usine d'incinération d'ordures ménagères, auquel cas le dispositif de traitement des fumées est commun, soit installé de manière indépendante avec son propre traitement des fumées.
(Extrait de Gestion des déchets solides hospitaliers.).
Pour approfondir le sujet vous pouvez consulter :
- Le site de l'INRS, la brochure sur les Déchets infectieux.
- les documents suivants :
- Guide du traitement des déchets, par Alain Damien.
- Décontamination, bionettoyage, désinfection, stérilisation, par J.C. Darbord.
- Hygiène et propreté des surfaces en établissements de santé.
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