Question d'origine :
Pourriez-vous m'en dire plus sur les Uniates et sur leurs différences avec les pratiques de l'église romaine.
Merci de votre réponse?
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 10/06/2010 à 16h49
Nous voulons bien vous
L’introduction de l’ouvrage de Jean-Claude Roberti
« L’opinion publique occidentale a redécouvert le phénomène uniate ou uniatisme après la chute des régimes totalitaires d’Europe de l’est. Toutefois, les impératifs de l’information l’ont réduit aux problèmes d’une minorité de chrétiens ukrainiens rattachés à l’Eglise orthodoxe russe après la dernière guerre mondiale. Cette approche partielle et partiale rend mal compte de l’importance de l’uniatisme dans le contentieux historique entre l’Occident et l’Orient chrétiens. Elaboré à une époque (XIIe-XVIe siècle) où, aux yeux des Occidentaux, la communion à l’Eglise romaine était l’unique critère d’appartenance à l’Eglise, l’uniatisme consistait dans le rattachement canonique au Saint-Siège d’une communauté issue d’une Eglise orientale séparée, celle-ci conservant, du moins théoriquement, sa spécificité liturgique, spirituelle et institutionnelle. (…)
«
Pour une première approche du
Sur les différents enjeux théologiques du premier millénaire chrétien (
Selon Jean-Claude Roberti déjà cité, bien que l’on ait l’habitude de dire qu’elles ont conservé les pratiques et usages liturgiques et institutionnels de leurs origines, les églises uniates sont en fait des « hybrides latino-orientaux », sans dénominateur commun.
Alors que presque partout dans l’orthodoxie on célèbre les grandes heures : matines, vêpres, un prêtre catholique se contente d’une messe quotidienne. La lecture du bréviaire, quant à elle, serait une pratique typiquement occidentale.
Par ailleurs, l’absence de monachisme et de théologiens, sauf chez les melkites, et malgré quelques tentatives, est aussi une caractéristique de l’uniatisme.
- Plusieurs chapitres de
Dans l’encadré consacré à l’ «Histoire de l’œcuménisme » (pp 584-585) vous pourrez lire :
« L’Eglise catholique ne désespéra jamais de reconstituer l’unité avec les Eglises orientales séparées (préchalcédoniennes et orthodoxes) avec lesquelles les différences doctrinales sont, dans l’ensemble, moins accusées qu’avec les Eglises de la Réforme (anglicanisme excepté) ; et de fait, à diverses phases de l’histoire, des rapprochements se firent (cf. conciles de Lyon et de Florence) entre Constantinople et Rome, mais ils échouèrent toujours ; par contre, diverses fractions d’Eglises orientales rejoignirent successivement l’Eglise romaine tout en conservant leurs traditions, leur liturgie et leur discipline (prêtres mariés par exemple) ;elles constituèrent ce que les orthodoxes appellent les Eglises uniates (Slaves unis, Grecs et Melchites catholiques, Coptes catholiques, Arméniens Catholiques, Syriens-jacobites catholiques, etc.) . Sans doute ces ralliements, le plus souvent minoritaires par rapport aux Eglises dont ils provenaient, contribuèrent-ils généralement à durcir le climat des relations entre celles-ci et Rome. Cependant outre la richesse de leur apport spirituel et théologique à l’Eglise romaine, les Eglises orientales unies n’ont cessé d’être un facteur stimulant de dialogue en favorisant au sein des Eglises occidentales la connaissance et l’estime du christianisme oriental dans son ensemble. »
L’article «
Reprenons la définition donnée par cette encyclopédie :
« Le terme uniatisme désigne communément le processus par lequel, sous l’influence des missions romaines, surtout à partir du XVIe s., quantité de chrétiens orientaux, souvent emmenés par une partie de leur clergé, sont entrés en communion avec l’évêque de Rome au prix d’une rupture plus ou moins affirmée avec leurs Eglises mères « orthodoxes » ou non chalcédoniennes, voire « non éphésiennes » (dans le cas de l’Eglise chaldéenne ou de l’Eglise syro-malabare). Le terme « uniate » - issu du polonais unia- est en fait dépréciatif : on le trouve pour la première fois attesté peu après le synode de l’Union de Brest (1596), d’où provient l’Eglise gréco-catholique d’Ukraine occidentale : en l’employant, les orthodoxes voulaient montrer du doigt une attitude contraire à leur conception de la véritable union des Eglises (…) aussi le terme n’est-il que mal accepté par les Orientaux catholiques, dont il blesse la conscience ecclésiale, sauf peut-être par ceux qui ont développé une certaine critique de leur latinisation ». (…)
« On pourrait peut-être alors définir plus largement l’uniatisme comme « l’effort de réaliser l’unité d’une Eglise en séparant d’une autre Eglise des communautés » (A. de Halleux). Toutefois, du point de vue romain, le but premier du prosélytisme uniate ne fut jamais la « séparation » mais bien le retour de l’intégralité des Eglises « dissidentes » à l’unité catholique. Les plus retentissantes des Unions des XVIe-XVIIIe s ., celles des Eglises ukrainienne, chaldéenne et melkite, furent d’ailleurs largement sollicitées par des Orientaux eux-mêmes auprès d’un S.-Siège plutôt réticent. (…)
« Les croisades sont sans doute les prémices de l’uniatisme ; elles permettent à l’Eglise maronite de sortir de son isolement et d’affirmer son union au siège romain, union à laquelle se rallièrent aussi les rois de la Petite Arménie (Cilicie) de 1198 à 1375, malgré la résistance d’une bonne partie du clergé et des fidèles arméniens. Après l’échec des tentatives d’union des
« En vertu des principes définis au concile d’union de Florence (1439), Rome affirma d’emblée garantir aux Eglises orientales catholiques leur autonomie canonique et liturgique : dans la réalité, elles furent sans cesse en butte, jusqu’à une époque récente, à des tentatives de latinisation plus ou moins poussée. »
Pour les Eglises orthodoxes, les églises uniates seraient la résultante du prosélytisme latin, tandis que pour l’Eglise catholique romaine, « il [l’uniatisme] a incontestablement assuré une fonction d’éveil et de sensibilisation au christianisme oriental et à l’ecclésiologie de communion dans le monde catholique. ».
-
- Le travail d’une commission pour le dialogue entre orthodoxes et catholiques, qui s’est tenue à
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