Question d'origine :
Pourquoi les femmes font-elles plus de fausses-couches après 40 ans ?
Réponse du Guichet
bml_sci
- Département : Sciences et Techniques
Le 14/01/2005 à 12h42
L'augmentation du taux de fausses couches chez les femmes de plus de quarante ans s'explique principalement par l'incidence accrue d'anomalies des chromosomes comme l'explique le docteur Joëlle Belaisch Allart dans l'article suivant :
Avortements spontanés et aberrations chromosomiques
Le premier écueil de ces grossesses de la quarantaine est leur taux élevé de fausses couches spontanées (FCS). D'après Warbuton, le taux de FCS atteindrait 33,8 % à partir de 40 ans contre 11,7 % entre 30 et 34 ans, 17,7 % entre 35 et 39, et 53,2 % après 45 ans [41]. Ces valeurs, apparemment très élevées, sont confirmées par les résultats obtenus en procréations médicalement assistées (PMA) où, entre 30 et 35 ans, le taux de FCS n'est que de 16,4 % dans le bilan FIVNAT 1996 [17], alors qu'entre 38 et 40 ans il atteint 24,6 %, et 39,6 % à partir de 42 ans (p < 0,01). On admet généralement qu'au moins 60 % de ces avortements précoces sont liés à des anomalies chromosomiques [8].
L'élévation du taux d'aberrations chromosomiques avec l'âge est bien connue. Le risque de survenue d'anomalies chromosomiques est estimé à 1,6 % à 38 ans, 2,21 % à 40 ans et 4 % à 42 ans [39].
La fréquence des atteintes chromosomiques entre 40 et 45 ans est de 3 % des naissances vivantes [39]. La trisomie 21 représente la moitié des atteintes chromosomiques imputables à l'âge maternel.
Hecht and Hook [24] ont actualisé la prévalence à la naissance des trisomies 21 ; ils l'estiment à 10,4/10 000 à 40 ans, 18,3/ 10 000 à 42 ans, 44,1/10 000 à 45 ans et 107/10 000 à 48 ans.
La prévalence des anomalies chromosomiques est bien sûr plus grande au terme du diagnostic prénatal qu'à terme, et d'autant plus grande que le diagnostic est réalisé tôt, un foetus trisomique risquant beaucoup plus la mort in utero qu'un foetus normal. Les trisomies 13 et 18 augmentent également avec l'âge maternel, de même que les anomalies des chromosomes sexuels, 47 XXX et 47 XXY [24].
De Vigan et al [12] viennent de faire le point [24] sur la politique française qui est de proposer une amniocentèse à partir de 38 ans et aux patientes à risque (avec enfants porteurs d'une anomalie chromosomique ou si l'un des parents est porteur d'une translocation ou encore en cas d'anomalie décelée à l'échographie, et depuis 1997, si les marqueurs sériques l'indiquent). Le registre parisien des malformations congénitales a permis de suivre le retentissement de ces nouvelles attitudes. Le taux de diagnostic prénatal est globalement de 89,9 % dans cette série entre 1992 et 1997. De plus, sur les 41 trisomiques nés chez les femmes de plus de 38 ans pendant cette période, 31 mères avaient refusé l'amniocentèse et huit, connaissant la trisomie, avaient choisi de poursuivre la grossesse. Au total, 39 trisomies sur 41 étaient à rapporter à un choix maternel.
Ces chiffres parisiens ne peuvent être extrapolés à toute la France.
Dans le nord de la France, Dufour, Haentjens et Vinatier n'avaient rapporté que 62,9 % de diagnostic anténatal réalisé au terme approprié, le suivi des primipares ou des paucipares âgées semblant largement supérieur à celui de la population générale, tandis que chez les grandes multipares, il semblait légèrement inférieur [15].
L'étude parisienne démontre également une légère diminution de la prévalence de la trisomie 21 à la naissance de 1992 à 1997, mais une prévalence globale élevée (30,6/10 000), ce qui est pour les auteurs en partie lié à la population parisienne où les parturientes âgées sont plus fréquentes que dans le reste de la France [14].
Enfin, le passé gynécologique de ces patientes (fibromes, synéchies ou béances du col dues à des curettes trop appuyées) expliquent les FCS tardives où les anomalies chromosomiques ne représentent plus que 10 à 20 %.
Source : traité d'obstétrique de l'Encyclopédie médico-chirurgicale
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