Question d'origine :

Réponse du Guichet

Avatar par défaut bml_reg - Département : Documentation régionale
Le 05/11/2010 à 09h05
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Les vitraux anciens de la cathédrale ont beaucoup souffert du temps ; et certaines réparations - bâclées à cause du manque de ressources peut-être aussi d'un manque d'intérêt, ont amené la disparition complète des verrières des fenêtres hautes de la grande nef et celles de toutes les chapelles latérales.

Le vitrail le plus ancien - et le mieux conservé - se situe au chevet de la chapelle absidiale au nord. Il doit dater du début du XIII' siècle. Il représente, dans une tonalité particulière, des épisodes de la vie de saint Pierre et de saint Paul. Au-dessus de cette fenêtre, des ouvertures rondes sont closes par des médaillons de facture antérieure, et qui proviennent peut-être de la basilique pré-carolingienne.

Ensuite, ce sont les sept fenêtres basses de l'abside qui reçoivent à leur tour des cloisons de verre historié. Au centre, on trouve le vitrail de la Rédemption qui, en sept tableaux, nous conduit de l'Annonciation à l'Ascension. Chaque tableau est accompagné, en bordure, de sujets en rapport avec la scène centrale : par exemple, Moïse et le buisson ardent, la toison de Gédéon, aussi bien que l'aigle qui retrouve une vie nouvelle en s'élevant vers le soleil.

A notre gauche nous trouverons, toujours en sept tableaux : l'histoire de saint Etienne, titulaire de la première cathédrale, celle de l'adoration des Mages, puis la résurrection de Lazare. Du côté droit, on verra une histoire de Jean-Baptiste, mais le tableau du bas fixera le nom du donateur, Renaud de Forez (archevêque de 1193 à 1226) ; celui du haut montre la vindicative Hérodiade, tenant la tête de Jean-Baptiste que vient de lui apporter Salomé, et lui perçant la langue de son épingle !

Ensuite, on trouve, en raccourci, l'histoire de Jean l'Evangéliste, histoire qui s'achève dans la légende. On voit d'abord le premier miracle de Jean : accompagné de Pierre, il guérit le boiteux à la porte du Temple ; ensuite nous le voyons plongé dans l'huile bouillante ; puis sont peintes les deux premières visions de l'Apocalypse ; enfin nous voyons l'Apôtre, averti par le Seigneur du moment de sa mort, s'étendre dans la tombe, tandis que ses amis voient son âme monter au ciel sur un rayon de soleil.

La dernière fenêtre à droite évoque saint Polycarpe, évêque de Smyrne : l'ordination d'un évêque qui part en mission vers l'Occident, son arrestation et son martyre.

Le choix du sujet de ces deux fenêtres, celle de saint Jean et celle de saint Polycarpe, est guidé par l'histoire de l'Eglise de Lyon. Nous savons, par une lettre des premiers chrétiens martyrisés à Lyon en 177, et par les écrits de saint Irénée, que les premiers évêques, Pothin et Irénée, venaient de Smyrne, envoyés par saint Polycarpe, évêque de cette ville ; et celui-ci était un disciple de saint Jean l'Evangéliste.

Plus haut, entre les retombées des ogives, les fenêtres sont habitées par de grands personnages. Au centre de l'abside, nous voyons le Christ et sa Mère, assis face à face : Marie est revêtue d'un manteau rouge. Sous leurs pieds, les armes du Chapitre: de gueule au griffon d'or et au lion d'argent affrontés. Puis, de part et d'autre, toujours dans l'abside, il y a les douze apôtres. Sur les côtés et, en retour, dans la première arcade du transept, là où les fenêtres sont groupées par trois, les quatre grands prophètes, Abraham et David sont encadrés, chacun, de deux «petits prophètes» ; les noms de chacun sont marqués et, sur la banderole tenue en main, on peut lire un passage de l'Ancien Testament qui les concerne.

Cette série de vitraux a été abondamment restaurée : on doit la dater de la fin du XIIIe siècle, tandis que les fenêtres du bas sont du milieu de ce même siècle.
Dans les extrémités plates des bras du transept se découpent, légères, deux magnifiques rosaces ; tout de suite on remarque l'opposition de la teinte froide des verts et des violets de la rosace méridionale à la chaleur rouge et orangée de celle du nord.

Dans les douze branches rayonnantes de la verrière du midi, des médaillons arrondis développent l'histoire des deux Adam : à partir de Dieu le Père, régnant au sommet, d'une part nous est montrée la création d'Adam et d'Eve, le péché originel, la fermeture du Paradis terrestre et l'obligation du travail, tandis crue de l'autre côté le Christ, nouvel Adam, passant par la représentation de l'Annonciation, de la Nativité et de la Crucifixion, rencontre enfin Adam et Eve dans les enfers.
La rosace du transept nord, elle, ne raconte pas d'histoire, mais elle présente, tout autour du Christ régnant dans le ciel, des anges adorateurs aux figures remarquablement expressives ; deux ou trois d'entre eux sont placés la tête en bas : ce sont les anges déchus, les démons. Sur le bord de la rosace, à gauche, le verrier a placé le portrait du doyen Arnaud de Collonge donateur du vitrail.
Et voici la rosace du couchant, au-dessus de la grande porte ; avec douze mètres de diamètre, elle occupe bien tout le mur, proche des retombées de l'arc, elle vient toucher l'ogive vers le haut. Finement découpée en forme de fleur à six pétales, terminée en 1392, elle fut vitrée les années suivantes par. Henriet de Nivelle, d'origine parisienne, et verrier attitré de Saint-Jean depuis 1378. Le découpage de la rose lui permettait de décrire la vie de saint Jean-Baptiste dans une série de petits panneaux ronds, réalisant ainsi un air de famille avec les rosaces du transept. Mais une nouvelle couleur, un jaune chromé seulement translucide, vient se mêler aux teintes que l'on pourrait dire classiques de ce Moyen Age qui s'achève. Et aux soirs d'été, lorsque le soleil à son déclin, à travers cette verrière, illumine toute la nef, c'est une abondante et chaude lumière qui fait chanter à la cathédrale sa prière du soir.

Tous ces vitraux anciens avaient été déposés et mis à l'abri en 1939. En 1945, ils reprennent leur place, soigneusement nettoyés et consolidés. A partir de ce moment les verrières des fenêtres hautes sont remises en état : ce ne sont que des motifs géométriques, mais discrètement teintés, pour colorer une lumière abondante sans retenir autrement l'attention.

Nous avons vu, en passant dans la chapelle latérale des Bourbons, ces verrières toutes neuves, disposées, elles aussi, pour ne pas s'imposer, mais pour laisser toute sa valeur au poème de décoration flamboyante de cet oratoire.

Mais en 1972 et 1973, la chapelle absidiale sud avait accueilli, dans son architecture romane, trois vitraux réalisés par Monsieur Grubert, verrier à Paris. Cette chapelle, autrefois, était dédiée à la Sainte Vierge et désignée par le titre de Notre-Dame du Haut Don : Marie est donc le centre des images qui se dessinent maintenant. D'un même regard on les compare aux images anciennes des grandes fenêtres de l'abside, ce qui amenait le dessinateur à réaliser une sorte de similitude par une disposition en panneaux étagés en hauteur.

Dans des couleurs voisines, mais où domine le bleu, une première verrière au levant trace l'histoire de la Vierge Marie depuis sa naissance jusqu'à son triomphe au ciel.

La fenêtre suivante, au midi, expose ce que l'on pourrait appeler la théologie mariale de l'Eglise de Lyon : saint Irénée et sa méditation sur les deux Eve, et le noble Chapitre, champion de l'Immaculée Conception, en face des hésitations de saint Bernard ; celui-ci ne fut peut-être pas convaincu, mais Lyon célèbre toujours avec ferveur cette fête du 8 décembre, marquée par les illuminations.

La troisième fenêtre enfin évoque la miséricorde de Marie. Elle est la Mère de son peuple et elle accueille : à Notre-Dame de Brouilly, en Beaujolais, les vignerons ; à Notre-Dame de Vernay, sur les bords de la Loire, les bateliers ; à Notre-Dame de PHermitage, dans la montagne du Forez, les bergers et les bûcherons ; à Notre-Dame de Valfleury, dans la vallée du Gier, les ouvriers.

La cathédrale de Lyon est fière de toutes ces couleurs, de toutes ces images de verre. Elle en souhaite plus ardemment encore que les dernières fenêtres soient «habillées» dans un proche avenir : mais il en reste encore six dans la hauteur du transept et une dizaine dans les chapelles latérales...


Si vous souhaitez approfondir le sujet, les revues savantes du XIXe l'ont amplement couvert : vous pourrez consulter à profit la Revue du Lyonnais consultable en ligne.

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