Question d'origine :
J'effectue mon travail de fin d'études Sur le role de infirmière en terme de prévention lors d'une cure de sevrage à l'hopital et aimerait avoir plus de renseignements sur ce sujet.
Quelle est cette prévention qui est donné au patient?
Réponse du Guichet
bml_san
- Département : Médiathèque du Bachut Santé
Le 30/11/2010 à 10h58
Votre sujet est évidement lié à une thématique plus générale, à savoir l'éducation thérapeutique du patient ; commençons donc par quelques données bibliographiques, extraites d'un article en accès libre de la base de données médicales EMC « éléments de bibliographie » concernant les soins infirmiers en général.
Pour trouver ces documents, n'hésitez pas à utiliser le catalogue du SUDOC afin de savoir si un établissement universitaire les propose à proximité de chez vous !
•Jovic L. La consultation infirmière à l’hôpital. Rennesn Ensp, 2002.
•Lacroix A. L’éducation thérapeutique des patients : nouvelle approche de la maladie chronique. 2e éd. Maloine, 2003.
•Rouquette C. Éducation et conseils au patient. Lamarre, 2004 (Étudiants Ifsi : les fondamentaux).
•Sandrin-Berthon B. L’éducation du patient au secours de la médecine. Puf, 2000 (Education et formation).
•DGS. Les pratiques en éducation du patient dans les établissements de santé français en 1999Paris : Direction générale de la santé, 2000 [en ligne]
Psychiatrie
Conduites alcooliques : prévention et traitement
M. Lejoyeux : Professeur, Chef de service de psychiatrie et d'addictologie, Hôpital Bichat-Claude Bernard, Paris
« Les traitements de l'alcoolisme posent des questions méthodologiques complexes qui tiennent à l'hétérogénéité des conduites alcooliques, au nombre important de patients perdus de vue et à l'absence d'une technique psychothérapique ou d'un traitement médicamenteux reconnu comme efficace dans toutes les situations. Les objectifs sont l'abstinence, la prévention des rechutes, la réinsertion socioprofessionnelle, l'amélioration de la qualité de vie et de l'état somatique du patient. Selon la sévérité des troubles, le sevrage a lieu en ambulatoire ou dans le cadre d'une hospitalisation. Il est précédé d'un temps d'information. En même temps que l'information, il est possible de réaliser un entretien motivationnel adapté au niveau de conscience qu'a le patient de sa maladie et adapté également à son souhait de changer son comportement. Le sevrage lui-même nécessite un environnement psychothérapique et institutionnel rassurant. »
« Les objectifs principaux du traitement d'une conduite alcoolique sont :
• l'abstinence (ou beaucoup plus rarement et seulement chez les patients non dépendants la réduction des quantités consommées) ;
• la prévention des rechutes ;
• la réinsertion socioprofessionnelle ;
• l'amélioration de la qualité de vie ;
• l'amélioration de l'état somatique.
Les objectifs du traitement doivent être présentés au patient dès les premières consultations. Il est important, si l'on souhaite obtenir son implication dans le soin, qu'il comprenne et accepte le fait que la « privation » d'alcool n'est pas une fin en soi, mais un moyen de retrouver un état somatique, psychique et social de meilleure qualité.»[/I]
« Les différents temps du traitement
Information
Dès qu'un problème d'alcool est dépisté, qu'il s'agisse d'une consommation excessive ou « à risques » ou d'une alcoolodépendance, une information doit être systématiquement délivrée au patient. La précocité de l'information est essentielle : elle est d'autant plus efficace qu'elle s'adresse à un consommateur à risques, chez qui ni la dépendance physique ni les complications somatiques et psychiques ne sont encore apparues. L'information doit être didactique, claire, non culpabilisante : elle porte sur la consommation d'alcool, sa nocivité potentielle ou réelle, ses complications, le caractère réversible de l'évolution du comportement alcoolique, les images sociales et culturelles de l'alcool, les possibilités de traitement. Elle s'adresse tant au patient qu'à son entourage familial et elle doit être personnalisée, répétitive.
Pour faire comprendre au patient la nécessité du sevrage, il est nécessaire, dès les premiers entretiens, d'établir un dialogue véritable dont l'alcool n'est exclu. Le praticien doit éviter les attitudes néfastes en « parlant d'alcool avec un alcoolique » : une attitude d'autorité cherchant à obtenir un aveu et enfermant le médecin dans un rôle punitif et une attitude complice, souvent liée à un refus d'aborder les problèmes réels et qui aboutit, sous couvert d'inutiles conseils de modération ou d'appel à la bonne volonté, à l'établissement d'une relation fausse et vouée à l'échec. Informer le malade, de façon claire et pragmatique et sans moralisme excessif des conséquences néfastes de l'alcoolisme peut favoriser la prise de conscience du trouble et de sa gravité.
L'information doit aussi porter sur la nécessité de réaliser un sevrage total d'alcool, sous contrôle médical, encore appelé cure de sevrage. Nommer la maladie, la considérer en tant que telle en change profondément le sens. La médicalisation de la conduite addictive éloigne les notions de faute ou de manque de volonté souvent associées à l'alcoolisme. Il n'est plus fait appel à un sursaut du patient, à sa conscience « morale », à son sens des responsabilités, mais plutôt à sa capacité à se reconnaître comme malade et à s'engager en tant que tel dans un trajet thérapeutique. L'entourage du patient bénéficie lui aussi de l'annonce diagnostique. Il peut dès lors s'informer sur les causes de sa conduite alcoolique, sur ses conséquences et sur les attitudes les plus adéquates devant être adoptées. Les signes de la dépendance, expliqués clairement, aident le patient à mieux connaître et donc reconnaître sa maladie. Il repère la perte de contrôle, l'envie irrépressible d'alcool, la tendance à la rechute comme des signes de dépendance psychique plutôt que comme des failles de sa volonté. Les mouvements d'anciens buveurs sont eux aussi importants dans la préparation de la cure. La rencontre avec un alcoolique abstinent peut être à l'origine d'une identification facilitant l'initiation du désir de sevrage.
Freyer-Adam et al. ont évalué la pertinence d'une information brève chez les patients hospitalisés dans les suites d'un accident ou d'une maladie due à l'alcool. Leur étude a inclus 595 patients allemands présentant une dépendance. Chacun des patients a bénéficié d'une intervention motivationnelle brève réalisée selon des principes structurés. Cette intervention motivationnelle n'a pas eu un effet significatif sur le pronostic de la conduite alcoolique elle-même. Il a cependant renforcé la motivation des patients. Les alcooliques ayant bénéficié de cette intervention systématique étaient plus motivés pour changer leur comportement. »
« Les stades de motivation de Prochaska permettent de déterminer la situation du patient vis-à-vis de sa dépendance. Ils fournissent aussi un guide d'abord psychothérapique.
. À chacun des stades, une réponse relationnelle personnalisée peut être proposée :
• stade initial de précontemplation : à ce stade, le patient n'envisage pas d'interrompre sa dépendance. L'action préconisée est un conseil minimal ;
• stade de contemplation : le patient envisage la possibilité d'un sevrage sans s'y être réellement engagé. L'action à proposer est un conseil minimal suivi d'une discussion plus approfondie et de la remise éventuelle d'une brochure ou de conseils personnalisés ;
• stade de préparation : à ce stade, l'idée du sevrage a fait son chemin. Le patient envisage la possibilité d'arrêter. Il faut proposer un rendez-vous soit avec le même praticien, soit avec un autre plus spécialisé pour la mise en place d'un sevrage ;
• stade d'action : le patient s'engage effectivement sur un sevrage. Il doit être encouragé et renforcé dans sa démarche ;
• stade de maintien : le patient a réussi à interrompre l'alcool. Il doit être aidé dans sa démarche de maintien de l'abstinence. Des stratégies de prévention sont mises en place. L'échec, s'il survient, est compris comme une étape de la trajectoire de l'alcoolique. Il ne fait pas l'objet de reproches, d'incompréhension ou de culpabilisation. Il est une incitation à reprendre la démarche de sevrage. Le patient, cependant, a dépassé le stade de la précontemplation. Il est souvent prêt à entreprendre un nouveau sevrage. »
Annales médico-psychologiques
(août 2007)
Intérêt des prises en charge coordonnées : l'alcoologie de liaison et les réseaux de santé
A. Schmitt, R. Schwan, P.-M. Llorca
«Les mésusages d'alcool ont des caractéristiques cliniques, psychologiques et sociales. Les prises en charge coordonnées et pluridisciplinaires apparaissent particulièrement adaptées et pertinentes. Le développement récent des équipes d'alcoologie de liaison et des réseaux de soins améliore l'efficacité du système de soins, à tous les stades, malgré certains écueils. »
« Jusque dans les années 1990, les patients hospitalisés dans les services de soins médicaux et chirurgicaux étaient pris en charge pour leurs complications somatiques, mais rarement le champ d'intervention s'étendait au traitement de l'addiction proprement dite. Le rapport Reynaud-Parquet, intitulé « Les personnes en difficulté avec l'alcool : usage nocif, dépendance : propositions », a permis de mesurer l'ampleur de l'insuffisance de l'offre de soins dans ce domaine.
Il en résultait en effet que les patients en difficulté avec l'alcool étaient très insuffisamment diagnostiqués et soignés dans les hôpitaux, alors que c'est un lieu primordial pour les soins envers ces patients : 18 % des personnes hospitalisées en médecine, chirurgie et obstétrique et 25 % en psychiatrie ont un problème avec l'alcool. De même, 20 à 25 % des admissions aux urgences sont liées à un problème d'alcool. « L'hôpital devrait être un lieu de diagnostic, de traitement et de mise en place d'un projet de soins à long terme cohérent. » Alors que dans la pratique, ces trois missions n'étaient que très rarement accomplies, le rapport Reynaud-Parquet proposait alors une équipe d'alcoologie de liaison par hôpital. La circulaire DH/EO4/96-557 du 10 septembre 1996, relative à la constitution d'équipes hospitalières d'alcoologie de liaison, avait conduit, à l'époque, à la création des premières équipes. Les missions de ces dernières s'exerçaient dans plusieurs directions : en direction des patients en difficulté avec le produit, des équipes soignantes, et des acteurs extrahospitaliers. Actuellement, les équipes d'alcoologie de liaison ont été renforcées par le plan cancer (mars 2003), ainsi que par le plan gouvernemental de lutte contre les drogues illicites, le tabac et l'alcool (2004-2008) présenté par la MILDT qui étend le champ à la prise en charge de l'ensemble des addictions par les équipes. »
« Former et assister les équipes soignantes
Le rôle des équipes de liaison est primordial auprès des soignants des différents services de l'hôpital pour conseiller sur les questions de dépistage, de diagnostic, de prise en charge des problèmes d'intoxication aiguë, de sevrage, de prise en charge psychologique et d'orientation. L'équipe est chargée de promouvoir la formation des personnels médicaux et infirmiers. Ainsi, tout soignant doit être capable de donner un conseil minimal, d'informer sur la notion de risque de la consommation d'alcool ou d'autres produits. La formation des infirmières, sages-femmes, médecins, doit être renforcée, ainsi que le personnel des urgences souvent sollicité pour accueillir des patients en difficultés avec l'alcool.
Plusieurs actions peuvent être ainsi menées :
• des séances de sensibilisation afin d'amener les soignants à sortir du déni et les aider à identifier et reconnaître les problèmes d'abus et de dépendance ;
• les séances d'information afin de présenter les rôles, missions et mode de fonctionnement de l'équipe, mais surtout d'échanger autour d'expériences et de problèmes soulevés par les patients ;
• l'intervention au lit du patient et la participation aux réunions d'équipes afin de transmettre le savoir-faire. »
Bon courage pour la suite de vos recherches !
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