Question d'origine :

Réponse du Guichet

Avatar par défaut bml_reg - Département : Documentation régionale
Le 14/02/2011 à 11h50
QUOTE

« Des dépôts, tantôt lacustres, tantôt marins (sables, gypse, sel massif, marnes calcaires et marnes) se sont accumulés dans une grande fosse d’effondrements, le fossé bressan. Au cours de l’ère quaternaire, deux glaciers venant des Alpes l’ont modelé. L’un a recouvert la Dombes en y laissant des argiles et des galets variés. L’autre a usé le bord de la côtière, de laquelle le vent a soulevé les particules fines pour les déposer sur la Dombes. Les limons et loess ainsi obtenus en font la fertilité des sols.
Dans la plupart des endroits, le loess s’est décalcifié et reste riche en silice ; ce sont les sols ingrats qui secs, se craquellent et deviennent comme du béton. Gorgés d’eau, ils deviennent imperméables, collants et lourds. Les étangs sont construits dans ces endroits où souvent stagne l’eau. L’évolage (période où les étangs sont en eau et pendant laquelle sont élevés les poissons) enrichit ces terres.
La nappe aquifère, qui alimente en eaux les forages destinés à l’irrigation des cultures et l’arrosage des golfs, se situe à moins trente voire moins soixante mètres. La nappe aquifère n’est pas un lac souterrain ; c’est un immense réservoir qui se constitue à travers une couche géologique et possède un sens d’écoulement. Cette eau ne proviendrait pas de la pluie mais des glaciers des Alpes, du Jura, des grandes vallées…

(….) A Lyon, vu le prix du poisson de mer, la demande en poisson d’eau douce était très forte. C’est ainsi qu’à partir du XVe de nombreux étangs furent créés  par le clergé et la noblesse pour produire du poisson. Inondant souvent la terre du voisin, une pratique s’établit – et qui devint coutume – de pouvoir inonder le champ du voisin à condition de lui permettre de cultiver tous les trois ans sa terre enrichie par l’évolage. Au XVIIe siècle, la Dombes était recouverte de 20 000 hectares d’étangs.
L’histoire montre que, selon l’époque, des campagnes sont menées visant soit à la destruction des étangs jugés trop nombreux et responsables de nombreux maux, soit à leur remise en eau s’ils ont été asséchés.
Ces milieux, qui paraissent naturels, sont en fait créés, gérés et entretenus par l’homme selon ses objectifs.
» In : Découvrir la Dombes par Françoise Martin-Blondet , La Taillanderie, 2001



Ou encore : fin de l’article d’Isabelle Roussel : « La Dombes façonnée par les glaciers » publié dans le n° 31, 2010 de la revue Dombes publiée par l’Académie de la Dombes :
« L’histoire et la géologie sont imbriquées pour façonner des territoires bien différents (dans l’Ain). La moraine constitue un élément déterminant du territoire dombiste, mais elle est aujourd’hui plus particulièrement concurrencée dans son rôle par l’activité des populations qui façonnent et modifient selon leurs intérêts au fil du temps. »
C’est dès le 11e siècle que les étangs ont été aménagés par les moines bénédictins à la place des marais.

Pisciculture et agriculture :

L’étang n’est pas seulement de l’eau, il est aussi un terrain inondé. Immergé quelques années de suite pour l’élevage du poisson, il redevient terre, durant un an, pour la culture des céréales*. Cette alternance qui s’effectue selon un rythme biennal mais plus souvent triennal et tend à se rallonger depuis deux décennies (entre trois et cinq ans en eau) porte deux appellations distinctes : l’évolage (eau, poisson) et l’assec (terre, céréales)
*Essentiellement avoine ou maïs. Autres cultures dans les Dombes : colza, blé, orge, tournesol…
Principaux poissons pêchés : la carpe, le brochet, le gardon, la tanche
La chasse est une activité très importante en Dombes, la pisciculture devient elle moins rentable.

Vidange des étangs :

Les étangs se vident les uns dans les autres. On doit l’eau à son voisin du dessous. La gestion de l’eau dans la Dombes est primordiale et complexe. Les usages locaux s’appliquent en dernier recours, encore, suivant des règles établies au 19e siècle par Truchelut

Grenouilles et écrevisses :

Il faut trois ans aux grenouilles pour devenir consommables or, elles sont malmenées par les pesticides ou les oiseaux. Il n’y a plus d’élevage des grenouilles seulement une cueillette faite par des pêcheurs amateurs.
Il y a eu auparavant quelques élevages d’écrevisses. Aujourd’hui on rencontre l’écrevisse de Louisiane, mais c’est un prédateur qui détruit tout. Il n’y a pas de pêche d’écrevisses.

Vous posez plusieurs questions et chacune mériterait en fait un long développement pour être correctement traitée ; ce qui n’est pas possible dans le temps imparti. Mais, parmi les Points d’actu déjà réalisés par la bibliothèque celui-ci très documenté répondra sans doute à vos interrogations :
Des carpes et des grenouilles au pays des mille étangs.

Des réponses à des questions posées au guichet du savoir sont également proposées dans ce point d’actu, notamment :
- A propos du thou et de la vidange des étangs
- Ou encore, cette réponse à propos des grenouilles dans la Dombes


Sites à consulter :
Ce site entièrement consacré à la Dombes présente une partie : La Dombes et ses étangs, une question d'équilibre qui fournit de nombreuses explications. D’autre part, les sources utilisées sont présentées et constituent une bibliographie.
le site du Syndicat des propriétaires et exploitants d’étangs de la Dombes
le site de l’Office de tourisme Centre Dombes et canton de Chalamont qui organise des visites sur place. Monsieur Jean-Paul Mas pourrait vous fournir des explications. Nous le remercions pour les éléments de réponse qu’il nous a donnés.

Quelques ouvrages consultables à la bibliothèque en plus de ceux cités dans le Pointd’Actu :
La dombes mère et fille de l’eau par Georges Helminger, La Taillanderie
La Dombes , les hommes et l’eau par Georges Helminger, La Taillanderie
Coutumes et usages des étangs de la Dombes et de la Bresse
Une terre en partage : liens et rivalités dans une société rurale par Vanessa Manceron contient, de plus, une bibliographie importante.

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