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Réponse du Guichet

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Le 27/04/2011 à 10h02
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« La parenté réelle réside dans la transmission des caractères héréditaires et ceux-ci, dans l’état actuel de nos connaissances dépendent de gènes situés sur les chromosomes. Dans ces conditions, nous serions parents avec un ancêtre, seulement si nous avons reçu de lui un chromosome (ou tout au moins un fragment). Dans ces conditions, nous serions parents avec un ancêtre, seulement si nous avons reçu de lui un chromosome (ou tout au moins un fragment). Or des 64 ancêtres de la septième génération, il y en a au moins 16 qui n’ont transmis aucun chromosome à l’enfant de la génération actuelle. Des 128 ancêtre de la huitième génération, plus de 80 n’en ont fourni aucun et ne sont donc pas parents avec ce même enfant. Dans une génération donnée, le nombre d’ancêtres « apparentés » à leurs descendants serait de 48 au plus. » (p.82)


Le calcul qui permet à l’auteur de faire cette affirmation est assez simple. Le nombre moyen de chromosomes fournis par chaque ancêtre à la première génération, est divisé par 2 à chaque génération, puisque chaque parent lègue en moyenne la moitié de son patrimoine génétique à son enfant…
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Des 24 (sic !) chromosomes légués par le père à ses enfants, 12 pouvaient provenir de son propre père et 12 de sa mère. Remontant à une autre génération, un enfant pourrait avoir reçu 6 chromosomes de chacun de ses arrière-grands-parents. (…) Si l’on envisage maintenant l’espèce humaine avec ses 48 (sic) chromosomes, et que dans leur transmission on s’en tienne aux associations les plus fréquentes théoriquement, celles qui distribuent les chromosomes également parmi les parents, (…) à la sixième génération ancestrale, un enfant a donc 32 parents fournissant chacun un ou deux chromosomes. Théoriquement, on peut donc affirmer que sur 64 ancêtres de la septième génération, 48 au plus peuvent avoir transmis un chromosome. Certains parents de cette génération en fournissant plus d’un, le nombre des « contributeurs » de la septième génération (ou de tout autre plus ancienne) peut-être inférieur à 48, mais jamais supérieur, sauf dans les rares cas où il y a eu scission d’un chromosome et où certains parents n’en ont fourni qu’une fraction !


Les limites de cette analyse
Le nombre précis de chromosomes humains, 46 et non 48, a été défini en 1955, par Joe Hin Tjio; la base du calcul de jacques Rousseau (la première édition de son livre date de 1945) est donc erronée. Selon sa formule, il y aurait donc 64-46= 18 ancêtres sur 64 de la 7ème génération ne donnant pas de chromosomes à l’enfant de la première génération.
La recherche sur la transmission des chromosomes a également progressé depuis la rédaction de cet ouvrage. « La scission d’un chromosome » que Jacques Rousseau évoque comme une exception est désormais considérée comme faisant partie du processus de fécondation.

Lors de la méiose et de la fécondation, le matériel génétique porté par les chromosomes est brassé et réparti de façon aléatoire. Chez les individus diploïdes chaque paire de chromosomes homologues porte un couple d’allèles pour un gène donné. L’individu peut alors être hétérozygote (pour un caractère déterminé, les deux chromosomes d’une même paire portent deux allèles différents) ou bien homozygote ( ses chromosomes homologues portent le même allèle pour un gène donné) selon le gène considéré.
Au cours de la première division de la méiose (processus qui aboutit à la production de cellules sexuelles ou gamètes pour la reproduction), deux types de brassage génétique se réalisent et entraînent une redistribution des allèles au hasard des séparations des chromosomes.
- Brassage intrachromosomique
Lors de la prophase les chromosomes homologues sont très rapprochés et leurs chromatides peuvent entrer en contact. Les allèles réunis à ces endroits peuvent alors s’échanger, on parle de recombinaison homologue par crossing-over. A l’issue de ce phénomène un allèle porté par un chromosome paternel se retrouve sur une chromatide du chromosome homologue maternel et vice versa. Des chromosomes avec un nouvel assortiment d’allèles sont donc produits.
- Brassage interchromosomique
Au cours de la métaphase, le positionnement de chaque chromosome d’une paire se fait de manière aléatoire de chaque coté du plan équatorial de la cellule. Leur migration aux deux pôles de la cellule, lors de l’anaphase, sépare de façon indépendante les allèles maternels des allèles paternels, pour chaque paire de chromosomes.
Ces brassages génétiques entraînent de multiples possibilités de combinaisons alléliques. La fécondation amplifie ce phénomène en reconstituant de façon aléatoire des couples d’allèles lors de la fusion d’un gamète femelle et d’un gamète mâle.

Source : CNRS, Génomes et évolution
Une animation vidéo est également disponible sur ce sujet.

Cette recomposition multiple des chromosomes rend difficile un simple calcul de l’hérédité génétique, en ne tenant compte que d’un processus d’addition et de division des chromosomes, comme si ces derniers étaient conservés à l’identique de génération en génération…

Pour en savoir plus, d'autres réponses du guichet :
Hérédité, phénotype, épigénétique, Génétique, Hérédité, Mutations
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