Question d'origine :

Réponse du Guichet

Avatar par défaut bml_reg - Département : Documentation régionale
Le 04/05/2011 à 15h35
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"Par le pont du Change, on atteint le quartier de l'église Saint-Nizier, véritable épicentre de l'activité urbaine où fourmillent de nombreux artisans et commerçants. La rue Mercière où s'alignent les enseignes des imprimeurs s'étire à l'époque jusqu'à la place Bellecour. Sur la rive droite du Rhône se dresse l'Hôtel-Dieu, vaste bâtiment rectangulaire comprenant une apothicairerie, une grande salle commune ; à l'extrémité, une chapelle permet la célébration quotidienne de la messe, suivie par les fidèles de la salle commune."


Remplissant sa charge de médecin à l'Hôtel-Dieu, alors appelé également "Hôpital du Rhône", Rabelais a sans doute parcouru de nombreuses fois la rue Mercière, qui abritait alors entre 75 et 100 ateliers d'imprimerie, pour suivre l'avancement de l'édition de ses œuvres littéraires.

À propos de l'édition de ses œuvres, la lecture de l'ouvrage d'Anne Buttin et de Nelly Gabriel, Dans les pas des écrivains en Rhône-Alpes, est assez éclairante :

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"Au printemps 1532, François Rabelais s'établit à Lyon. Pas par hasard : la ville est loin de la Sorbonne et de ses censeurs, et c'est un haut lieu de l'humanisme et de l'imprimerie. Il y fréquente les milieux cultivés, joue les correcteurs chez Sébastien Gryphe. Le 1er novembre 1532, il est nommé médecin de l'hôtel-Dieu de Notre-Dame–de-Pitié-du-Pont-du-Rhône. Et le 3, premier jour de foire, fait paraître sous la signature-anagramme d'Alcofribas Nasier les premiers livres de Pantagruel.
En 1542, Rabelais fait rééditer ses œuvres à Lyon, chez François Juste, en apportant des corrections de précaution aux attaques qui y sont portées contre les théologiens de la Sorbonne. […]
En 1546, la condamnation par la Sorbonne du Tiers Livre, publié pourtant avec le privilège de François Ier, le contraint à quitter Lyon pour Metz, ville libre.
L'été 1547 voit Rabelais passer de nouveau par Lyon pour déposer chez l'imprimeur un manuscrit du Quart Livre qui paraîtra en 1548. C'est le dernier séjour de l'écrivain dans cette cité où il a écrit une partie de son œuvre et publié l'essentiel.
Importante dans l'histoire de son édition, Lyon, par l'air de fête qui y règne alors, par son milieu de carabins, n'est sûrement pas étrangère à l'esprit, à la couleur de son œuvre. Ainsi se plaît-on à dire que dans ses trois premiers livres, Rabelais croque un certain nombre de figures de "Myrelingue", et que l'"abbaye de Thélème" lui aurait été inspirée par les réunions des "compagnons de l'Angélique" sur la colline de Fourvière."


L'ouvrage des Archives municipales, déjà cité plus haut, signale que Rabelais a notamment travaillé avec l'imprimeur Sébastien Gryphe pour l'édition de ses œuvres médicales et érudites, et avec l'imprimeur Claude Nourry pour l'édition de ses ouvrages plus "populaires", sous l'anagramme d'Alcofribas Nasier.

En ce qui concerne ses fonctions médicales, Rabelais exerçait à l'Hôtel-Dieu (situé sur l'emplacement actuel) ; il est également admis qu'il a pu commenter des opérations chirurgicales dans l'enceinte de l'hôpital, enseignant ainsi son savoir, même s'il n'a obtenu sa licence de médecine qu'en 1537.

Le logement qui lui était alloué se trouvait à l'extérieur de l'hôpital. La découverte d'un inventaire du pennonage* de la rue Dubois, entre l'église Saint-Nizier et les Cordeliers, laisse penser qu'il logeait peut-être dans cette rue. Voici reporté l'extrait du rôle des pennonages de 1536, tel que reproduit dans Lyon, les années Rabelais :

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"Depuis le grand portal des cordelliers tirant par la grant rue de la Grenecte jusques au coing de l'Estappade entrant par la ruete en la rue Duboys tirant depuis ladicte ruete par la dicte rue du Boys d'autre a la maison maitre Michel Dubois Mareschal et d'illec a la porte des Cordelliers devers le seoir seulement
Pennonage. Jehan de la Faye
Quarteniers. Rollyn Greffet Maitre Claude Prost
… [barré] M° Andre Gozebault [en marge] M° Francoys Rabellayz" (AML EE , folio 40r° et 42r°)


Ainsi, le quartier que Rabelais fréquentait essentiellement était la Presqu'île, dans un bandeau compris entre Bellecour (place de l'Hôpital, rue Mercière) et Saint-Nizier/Cordeliers. Il est bien sûr très probable qu'il ait également fréquenté la rive droite de la Saône, et qu'il ait traversé à plusieurs reprises le pont de la Guillotière, alors seule voie d'accès vers l'Est (Italie, Savoie).

Pour des recherches plus approfondies sur la présence de Rabelais à Lyon, vous pouvez consulter :

-"Les années lyonnaises de Rabelais", Alain Bouchet, Conférences d'histoire de la médecine; cycle 1991-1992, p. 63-87
-Rabelais à Lyon : 1532-1534, Vital de Valous
-"Rabelais : médecin de l'Hôtel-Dieu de Lyon", Georges Gauthier, Médecine et hygiène, Genève n° 394, 30 avril 1958
-Le séjour de Rabelais à Lyon, Alexis Bertrand


* Pennonage = troupes de milice urbaine constituées par les habitants, à l'époque médiévale. Elles correspondent aux pennons, qui sont des délimitations de quartiers.


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