Les étrangers dans le système de caste indien
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 30/06/2011 à 07h24
472 vues
Question d'origine :
Bonjour!
Je suis en train de lire un livre qui se situe en Inde, et constamment les castes auxquelles appartiennent les différents protagonistes influent sur leur vie: dans des domaines privés comme le mariage bien sûr, mais aussi pour trouver un emploi ou choisir un quartier pour s'installer...
Du coup, je me demandais quelle est la place que les Indiens accordent aux étrangers dans leur système de caste? Y a t'il une caste "spéciale", et si oui à quel niveau se situe t'elle par rapport aux autres castes? ou alors les étrangers sont tout simplement "hors jeu", mais dans ce cas comment s'organisent les relations?
Un grand merci par avance pour votre réponse
Réponse du Guichet
anonyme
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 02/07/2011 à 11h33
Réponse du service Guichet du Savoir
Bonjour,
Dans le système indien des castes, les étrangers sont hors-caste.
La civilisation de l'Inde ancienne, dans le chapitre "la caste" rubrique "les hors-caste" :
Quant aux Mleccha, ce terme, qui signifie "barbare", c'est-à-dire proprement "bafouilleur, vise les étrangers : étrangers à l'Inde ou bien, suivant les textes, étrangers à la zone indienne régie par l'ordre brâhmanique.
Dictionnaire de la civilisation indienne :
Mlechcha : "non aryen", terme sanscrit quelque peu péjoratif désignant tous les peuples étrangers à la foi hindoue, considérés comme hors-castes par les hindous orthodoxes. ce mot de Mlechcha correspond peut-être aux populations des Melukkha dont il est fait mention dans les textes sumériens.
Le Mlechcha-avatâra est un des avatâra mineurs de Vishnu représentant un étranger. On a parfois avancé qu'il désignait le Christ (?)
Dans l'ouvrage de Célestin Bouglé, Essence et réalité du régime des castes, qui date de 1935, les rapports entre Hindous et Européens sont ainsi décrits :
On a souvent noté le dégoût que les Européens inspirent aux Hindous. Un voyageur remarque qu'un Brahmane avec lequel il avait lié connaissance lui rendait visite de très bon matin : c'est que le Brahmane préférait le voir avant l'heure du bain, afin de se purifier aisément des souillures qu'il aurait pu contracter. Un Hindou qui se respecte mourrait de soif plutôt que de boire dans un verre qui eût servi à un « Mleccha » [note 42]. Ce qui est remarquable, c'est que les Hindous semblent éprouver, à l'égard les uns des autres, quelque chose de cette même répugnance ; preuve qu'ils restent jusqu'à un certain point des étrangers les uns pour les autres. On eut beaucoup de peine à établir à Calcutta une canalisation d'eau : comment les gens de castes différentes pourraient-ils se servir du même robinet ? Le contact des Parias inspire une véritable horreur. C'est pourquoi on les obligeait, comme leur nom l'indique, à porter des clochettes révélatrices de leur présence [note 43]. Sur la côte de Malabar, il y a encore des gens que l'on force à aller presque nus, de peur d'être touché par leurs vêtements flottants [note 44]. La crainte de « l'atmosphère impure » est, de tout temps, un des traits dominants de l'âme hindoue [note 45]. Les Jâtakas sont pleins d'anecdotes qui témoignent du dégoût qu'ont inspiré de tout temps le contact ou même la vue des races impures. Un Brahmane s'aperçoit qu'il a fait route avec un Tchandala : « Sois damné, oiseau de malheur ; ôte-toi de mon vent ! » Deux amies, la fille d'un gahapati et d'un purohita jouent aux portes de la ville. Surviennent deux frères Tchandalas, qu'elles aperçoivent. Elles se sauvent aussitôt et vont se laver les yeux [note 46].
Et sans doute toutes les races ne provoquent pas un dégoût pareil. Cependant, toute caste autre que la sienne, quelle qu'elle soit, est en un sens impure aux yeux de l'Hindou orthodoxe. Et ce sentiment de répulsion latente se manifestera clairement en certaines circonstances.
D'après ce document, Le culte postmortem des saints dans la tradition hindoue : expériences et institutionnalisation du culte de Ma Anandamayï (1896-1982) (à partir de la page 307) qui date de 2008, le statut d'intouchable des étrangers semble toujours de mise dans les ashrams.
A la lecture de certains témoignages, c'est également le cas dans la vie courante :
Selon la tradition hindoue, les étrangers sont impurs et n’ont pas le droit de participer aux cérémonies, ou encore de toucher un Indien. Dans les mariages suivants la plus pure tradition hindoue, certains étrangers ont le droit de participer à certaines cérémonies, pour autant qu’ils portent l’habit adéquat et suivent toutes les instructions. (cf. revedelinde.net)
Mais cela est sans doute en train de se modifier, notamment à travers les rapports commerciaux : Travailler avec les indiens, ou le monde étudiant : Etudier en Inde.
Bonjour,
Dans le système indien des castes, les étrangers sont hors-caste.
La civilisation de l'Inde ancienne, dans le chapitre "la caste" rubrique "les hors-caste" :
Quant aux Mleccha, ce terme, qui signifie "barbare", c'est-à-dire proprement "bafouilleur, vise les étrangers : étrangers à l'Inde ou bien, suivant les textes, étrangers à la zone indienne régie par l'ordre brâhmanique.
Dictionnaire de la civilisation indienne :
Mlechcha : "non aryen", terme sanscrit quelque peu péjoratif désignant tous les peuples étrangers à la foi hindoue, considérés comme hors-castes par les hindous orthodoxes. ce mot de Mlechcha correspond peut-être aux populations des Melukkha dont il est fait mention dans les textes sumériens.
Le Mlechcha-avatâra est un des avatâra mineurs de Vishnu représentant un étranger. On a parfois avancé qu'il désignait le Christ (?)
Dans l'ouvrage de Célestin Bouglé, Essence et réalité du régime des castes, qui date de 1935, les rapports entre Hindous et Européens sont ainsi décrits :
On a souvent noté le dégoût que les Européens inspirent aux Hindous. Un voyageur remarque qu'un Brahmane avec lequel il avait lié connaissance lui rendait visite de très bon matin : c'est que le Brahmane préférait le voir avant l'heure du bain, afin de se purifier aisément des souillures qu'il aurait pu contracter. Un Hindou qui se respecte mourrait de soif plutôt que de boire dans un verre qui eût servi à un « Mleccha » [note 42]. Ce qui est remarquable, c'est que les Hindous semblent éprouver, à l'égard les uns des autres, quelque chose de cette même répugnance ; preuve qu'ils restent jusqu'à un certain point des étrangers les uns pour les autres. On eut beaucoup de peine à établir à Calcutta une canalisation d'eau : comment les gens de castes différentes pourraient-ils se servir du même robinet ? Le contact des Parias inspire une véritable horreur. C'est pourquoi on les obligeait, comme leur nom l'indique, à porter des clochettes révélatrices de leur présence [note 43]. Sur la côte de Malabar, il y a encore des gens que l'on force à aller presque nus, de peur d'être touché par leurs vêtements flottants [note 44]. La crainte de « l'atmosphère impure » est, de tout temps, un des traits dominants de l'âme hindoue [note 45]. Les Jâtakas sont pleins d'anecdotes qui témoignent du dégoût qu'ont inspiré de tout temps le contact ou même la vue des races impures. Un Brahmane s'aperçoit qu'il a fait route avec un Tchandala : « Sois damné, oiseau de malheur ; ôte-toi de mon vent ! » Deux amies, la fille d'un gahapati et d'un purohita jouent aux portes de la ville. Surviennent deux frères Tchandalas, qu'elles aperçoivent. Elles se sauvent aussitôt et vont se laver les yeux [note 46].
Et sans doute toutes les races ne provoquent pas un dégoût pareil. Cependant, toute caste autre que la sienne, quelle qu'elle soit, est en un sens impure aux yeux de l'Hindou orthodoxe. Et ce sentiment de répulsion latente se manifestera clairement en certaines circonstances.
D'après ce document, Le culte postmortem des saints dans la tradition hindoue : expériences et institutionnalisation du culte de Ma Anandamayï (1896-1982) (à partir de la page 307) qui date de 2008, le statut d'intouchable des étrangers semble toujours de mise dans les ashrams.
A la lecture de certains témoignages, c'est également le cas dans la vie courante :
Selon la tradition hindoue, les étrangers sont impurs et n’ont pas le droit de participer aux cérémonies, ou encore de toucher un Indien. Dans les mariages suivants la plus pure tradition hindoue, certains étrangers ont le droit de participer à certaines cérémonies, pour autant qu’ils portent l’habit adéquat et suivent toutes les instructions. (cf. revedelinde.net)
Mais cela est sans doute en train de se modifier, notamment à travers les rapports commerciaux : Travailler avec les indiens, ou le monde étudiant : Etudier en Inde.
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter