Question d'origine :
Bonjour,
on parle toujours de la première période anglaise de Van Dyck, mais j'aimerais savoir pourquoi c'est lui qui fut choisi comme invité à la cour et non pas Rubens?
Qu'a t-il apporté de plus à ces portraits de cours?
Je vous remercie par avance pour votre aide.
Réponse du Guichet
bml_art
- Département : Arts et Loisirs
Le 20/10/2011 à 15h22
Bonjour
Dans l’article qui est lui consacré dans le Dictionnaire Larousse de la peinture, il est mentionné que Rubens s’est rapidement imposé comme chef de file de l’école anversoise ; le succès, l’afflux de commandes l’amènent à créer un atelier dont fera partie Van Dyck, qui lui servira de collaborateur chargé de traduire le plus fidèlement possible les schémas créés par le maître.
La renommée de Rubens s’étendait au-delà d’Anvers aussi, en France, la reine Marie de Médicis, veuve d’Henri IV, lui a demandé, en 1621, de bien vouloir décorer une des galeries du Palais du Luxembourg, commande suivie de diverses autres au fil des années.
Dix ans après l’achèvement de la Galerie de Médicis, Rubens est chargé par Charles 1er d’Angleterre de célébrer en neuf tableaux de plafond la gloire de Jacques 1er Stuart.
Le sujet était ingrat,Rubens parvint à le dominer. Il exécuta pour cette vaste décoration des esquisses qui comptent parmi les meilleures.
C’est après la mort d’Isabelle Brant, que Rubens a accepté des missions diplomatiques comme organiser la paix entre l’Angleterre et l’Espagne puis une négociation entre les Etats Généraux de Hollande et les Pays Bas du Sud.
Cette activité diplomatique, même si elle ne fût pas réellement couronnée de succès, lui a permis d’aller à Londres et Madrid où il obtiendra de nouvelles commandes et lui vaudra d’être anobli par Philippe IV d’Espagne et Charles 1er d’Angleterre.
En 1630, Rubens se remarie et c’est une époque où lui sont faites de grandes commandes tant en Angleterre à la gloire du roi Jacques 1er qu’en Espagne.
Sources : Rubens, Van Dyck et Jordaens de Marcel Fryns et Dictionnaire Larousse de la peinture
L’article consacré à Van Dyck mentionne que celui-ci intègre l’atelier de Rubens après être devenu Maître à la Corporation Saint Luc à Anvers (1618) en tant qu’assistant (et non élève), Rubens faisant les esquisses et Van Dyck les exécutant tout en poursuivant sa propre œuvre.
On dit que le portrait de Jacqueline Van Caestre, longtemps attribué à Rubens, démontre l’ascendant qu’avait Rubens sur son jeune collaborateur.
En 1621, Van Dyck se rend à la cour d’Angleterre où le Comte d’Arundel (grand seigneur anglais vers 1585-Padoue 1646, grand amateur d'art qui collectionna les œuvres de Rubens, Holbein, Van Dyck) a préparé sa venue. Le roi lui verse une rente de 100 livres. Cependant il semble subir la concurrence du peintre portraitiste Jan Mytens qui a alors les faveurs de la Cour et repart à Anvers puis voyage en Italie.
Le 1 avril 1632, Van Dyck repart à Londres sur l’invitation de Sir Kenelm Digby. Le 5 juillet 1632, il reçoit une pension de la part du roi au titre de « principal peintre ordinaire de leurs Majestés » et est nommé chevalier. C’est à cette période que Van Dyck exerce au mieux son art du portrait.
« On peut dire que l’art de Van Dyck marquera profondément la peinture anglaise ; dans le domaine du portrait il éclipse un Paul Van Somer ou un Daniel Mytens. Son influence sera dominante au XVIII° siècle.
En Angleterre, Van Dyck scrute avec plus d’attention le visage de ses modèles, il interroge leur caractère, étudie leur personnalité.
On peut dire que c’est au cours de la période anglaise que ses talents de portraitiste arrivent à leur plein épanouissement (…).
Van Dyck inaugure en Angleterre le portrait psychologique, art profondément humain qui impressionna la cour et l’aristocratie anglaise.
C’est alors que Van Dyck use le mieux de cette faculté de traduire en peinture l’état d’esprit d’un personnage ; vu sous cet angle, certains portraits acquièrent la valeur d’une confession spirituelle »
Source : Rubens, Van Dyck et Jordaens de Marcel Fryns
Si l’on examine avec Leo Van Puyvelde les œuvres produites en Angleterre, l’auteur convient que l’exécution de certaines œuvres est contestable mais qu’une bonne centaine présente de grandes qualités : conception, composition, coloris, exécution.
Il apporte, en Angleterre, une conception du portrait noble vraiment humain. C’est cette conception, qui lui était propre, qui lui a permis de rencontrer le succès en Angleterre où il a finalement séjourné sept ans.
Il a sans doute bénéficié de son travail auprès de Rubens et, allant en Italie quinze ans après son maître, il s’inspire des portraits d’apparat génois de Rubens.
Van Dyck utilise des procédés techniques de Rubens mais d’une manière différente et surtout avec plus d’élégance : modèle installé sur un plan élevé, corps allongé, amplification du volume des vêtements, accessoires signes de grandeur, le tout conférant à ces portraits un caractère grandiose, apprécié de ses commanditaires, que n’avaient pas les portraits de Rubens.
De même furent appréciés son sens de l’harmonie des couleurs, la distinction des coloris.
Source : Van Dyck de Leo Van Puyvelde
Ainsi que nous le voyons en recoupant diverses sources, Rubens et Van Dyck eurent l’un et l’autre leur heure de gloire en Angleterre.
Si ensuite Van Dyck a quitté la Flandre pour gagner l’Angleterre, ce n’est pas par manque de travail mais peut être par ambition et pour échapper à la concurrence sévère avec Rubens.
C’est la thèse développée dans un article de la Tribune de l’art, consultable en cliquant ici.
De même, selon cette source, il semblerait que les problèmes de santé de Rubens, à partir de 1635, le contraignèrent à ralentir son activité artistique, ce qui pourrait expliquer la montée en puissance de Van Dyck et sa course effrénée vers la gloire.
« Seul un précaire état de santé, notamment des crises de goutte de plus en plus vives à partir de 1635, empêcha Rubens de réaliser toutes les commandes princières qui affluèrent à lui dans ses dernières années (par exemple celles de Charles Ier d’Angleterre, de Ferdinand II de Toscane, de Frédéric-Henri d’Orange) et qui attestent l’immense réputation dont l’artiste jouissait »
Autres sources à consulter sur les relations Rubens / Van Dyck et leurs parcours respectifs :
Un article publié à l’occasion de la première exposition monographique consacrée au portraitiste flamand Antoon Van Dyck (1599-1641) en France (musée Jacquemart-André, Paris en novembre 2008)
Un article de la revue l’Oeil, toujours à l’occasion de l’exposition Van Dyck au Musée Jacquemart André
Un article où est retracée la carrière de Van Dyck en Angleterre et ses deux séjours à l’appel d’abord du Comte d’Arundel en 1620 qui aura sur le développement de sa carrière une influence considérable. Second séjour, au commencement de 1632, Van Dyck est à Londres, attaché à la maison royale. Il a réalisé son rêve d'ambition. Ses amis dévoués ont ardemment plaidé pour lui auprès de Charles ler, doué d'un goût très vif pour les arts.
L'Age d'or de la peinture flamande : de Rubens à Van Dyck
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