Question d'origine :
Bonjour,
Après lecture de l'article de wikipedia à ce sujet, je ne comprends pas exactement ce qu'est le Commonwealth.
De quelle nature est l'entraide des États membres à cette organisation ?
Quels sont les intérêts, de l'Inde par exemple, d'y avoir souscrit (en 1947) alors même que ce pays accédait à son indépendance (politique) à la même époque ?
Merci pour vos éclaircissements.
Réponse du Guichet
bml_soc
- Département : Société
Le 28/10/2011 à 12h37
C’est en 1884 que Lord Rosebery pense au Commonwealth, pour définir le lien entre la Grande-Bretagne et ses colonies.
En 1887, la création du statut de dominion pour le Canada crée un tournant dans l’élaboration de cette association volontaire des anciennes colonies britanniques, aujourd’hui Etats souverains. Ce statut permet une large autonomie aux pays, notamment sur le plan de la politique intérieure. Par la suite, il est accordé à l’Australie en 1901, à la Nouvelle-Zélande en 1907 et à l’Afrique du Sud en 1910. Dès 1911, des conférences impériales sont organisées (elles deviendront en 1944 les Rencontres des Premiers ministres du Commonwealth) et celle de 1926 fixe les règles d’adhésion à cette association. Ainsi, les membres sont égaux et unis par l’allégeance à la couronne britannique et sont librement associés dans le cadre d’un British Commonwealth of Nations.
En 1949, la Déclaration de Londres crée le Commonwealth moderne puisque les membres ne sont plus tenus de faire allégeance à la couronne. C’est à cette date que l’Inde, devenue indépendante en 1947, choisit de rejoindre cette association d’Etats.
Les objectifs du Commonwealth, définis dans la Déclaration de Singapour en 1971 puis de Harare en 1991, demeurent la promotion de la paix, de la démocratie, des libertés individuelles et du libre-échange, de l’éducation, du développement durable et la lutte contre les inégalités. Ainsi, est menée une variété de projets grâce à la Commonwealth Foundation ou le Commonwealth Youth Programme pour le développement des nouvelles technologies, le financement de microcrédits ou encore la lutte contre le VIH.
De surcroit, cette « communauté » s’exprime dans l’organisation des Jeux du Commonwealth.
Concernant la stratégie militaire, le Commonwealth ne dispose pas d’armée commune mais représente un vecteur de coalition militaire. Citons en exemple la guerre des Boers (1899-1902) qui avait réuni les troupes des colonies et dominions britanniques en Afrique du Sud.
Cependant, si les enjeux de cette association sont clairement définis, l’histoire du Commonwealth nous montre également ses limites et ses obstacles, le faisant paraitre parfois comme une nébuleuse confuse. Ainsi, l’unité du Commonwealth a connu plusieurs crises. Rappelons l’opposition à la politique de l’Apartheid entre 1948 et 1991 provoquant l’exclusion de l’Afrique du Sud en 1961, réintégrée en 1998. Citons également la guerre civile entre les communautés blanches et noires en Rhodésie entre 1965 et 1980, provoquant des divisions et montrant l’impuissance de l’organisation à arbitrer ce conflit.
Aujourd’hui, le Commonwealth représente plus de deux millions de personnes et comporte 54 Etats, dont voici la liste : Afrique du Sud, Antigua-et-Barbuda, Australie, Bahamas, Bangladesh, Barbade, Belize, Botswana, Brunéi Darussalam, Cameroun, Canada, Chypre, Dominique, Fidji, Gambie, Ghana, Grenade, Guyana, Inde, Jamaïque, Kenya, Kiribati, Lesotho, Malaisie, Malawi, Maldives, Malte, Maurice, Mozambique, Namibie, Nauru, Nigeria, Nouvelle-Zélande, Ouganda, Pakistan, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Royaume-Uni, Rwnda, Sainte-Lucie, Saint Kitts-et-Nevis, Saint-Vincent et les Grenadines, Salomon (Îles), Samoa, Seychelles, Sierra Leone, Singapour, Sri Lanka, Swaziland, Tanzanie, Tonga, Trinité-et-Tobago, Tuvalu, Vanuatu, Zambie.
Le Commonwealth reste surtout un très vaste héritage historique et postcolonial, une association pluriethnique et pluriculturelle, permettant par exemple à l’Inde, de concilier en 1949 sa nouvelle indépendance et des liens culturels, commerciaux et économiques avec la couronne britannique. Des pratiques communes telles que la langue véhiculaire et un système administratif et judiciaire (hérités de la colonisation britannique) représentent l’histoire de ces pays et font du Commonwealth un ensemble géopolitique dont la Grande-Bretagne et les autres membres semblent rester attachés.
Vous pouvez consulter le site internet officiel www.thecommonwealth.org ainsi que ces quelques ouvrages :
- Dictionnaire de géopolitique, sous la direction d'Yves Lacoste, 1993
- Dictionnaire des relations internationales de 1945 à nos jours, Frank Attar, 2009
- Dictionnaire de géopolitique et de géoéconomie, sous la direction de Pascal Gauchon, 2011
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