Question d'origine :
bonjour,
voici ma question:
je souhaiterai connaître le rôle du Procureur du tribunal d'Irkoutsk en janvier/février 1920 lors du "procès" Koltchak ?
Ce Procureur a été nommé par le tsar.
Les "Rouges", par les armes, ont occupé Irkoutsk et "fait prisonnier" l'Amiral Koltchak.
Le Procureur en titre était toujours "présent", avec quelles fonctions ?
dans quelle langue s'est déroulé le "procès"?
existe-t-il des "minutes", un compte-rendu de ce "procès", dans quelle(s) langue(s)?
où peut-on le consulter ?
Mille mercis pour votre aide et vos conseils bibliographiques ou autres...
bien à vous
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 13/12/2011 à 12h52
Bonjour,
Votre question nous laisse dubitatifs. Aucun des documents que nous avons consultés n'évoque la tenue d'un procès.
Ainsi les ouvrages d'époque que nous conservons dans notre fonds, comme :
- La guerre des rouges et des blancs : l'aventure de l'amiral Koltchak du Général J. Rouquerol
- Deux ans chez Koltchak et chez les Bolchéviques pour la Croix-Rouge de Genève (1919-1921) de George Montandon
- Ma mission en Sybérie : 1918-1920 du Général Janin
- La tragédie sibérienne : le drame d'Ekaterinenbourg : la fin de l'amiral Koltchak de J. Lasies
- etc.
... n'en font pas mention, si ce n'est pour relater que "Koltchak avait été fusillé par les bolcheviks", ou "vers le 15 janvier 1920, "Son Excellence" était collée au mur" ou encore "malgré les prescriptions du gouvernement de Moscou, qui recommandait de ne pas toucher à la vie de l'amiral il fut extrait de la prison où il avait enfermé et fusillé en même temps qu'un de ses ministres, et un bourreau chinois".
Alexandre Vassilievitch Koltchak a été choisi par les gouvernements alliés pour rétablir l’ordre en Russie et vaincre les Rouges. Militaire courageux et efficace, chef admiré par tous les nationalistes russes, il semble un choix idéal, notamment pour Winston Churchill.
Mais bientôt "lâché" par les Alliés, un Comité révolutionnaire bolchevik se met en place et Koltchak est appelé à comparaître devant une Commission d’enquête extraordinaire de cinq membres, présidée par les commissaires politiques rouges Tchoudnovsky et Popov. Il est interrogé du 21 janvier au 6 février 1920.On l’accuse de tous les crimes commis par les chefs de guerre, même ceux qui sont le fait de ses ennemis personnels, comme Semenov et c’est le cas de l’exécution de trente et un prisonniers politiques. Sur ordre de Moscou, il est condamné à mort le 6. Il est un danger pour le gouvernement soviétique. Il faut le tuer vite. (cf. wikipedia)
Les ouvrages récents relatent les faits de la façon suivante :
- Les Russes blancs d'Alexandre Jevakhoff :
Le chef suprême du gouvernement russe a été fusillé le 7 février à cinq heures du matin, en compagnie du président de son gouvernement, le frère du général Pepelaiev [...].
- La révolution russe : 1891-1924, la tragédie d'un peuple d'Orlando Figès
Le 21 janvier, une commission de cinq hommes (deux bolcheviks, deux SR et un menchevik) l'interrogea.
- La guerre civile russe (1917-1922) : armées paysannes, rouges, blanches et vertes de Jean-Jacques Marie :
[...] le pouvoir du Soviet de coalition, formé de bolcheviks, de S-R et de mencheviks, qui condamne à mort Koltchak, fusillé le 7 février 1920.
- etc.
D'autre part, dans un document reproduit sur Google books : The organs of Soviet administration of justice : their history and operation, on apprend qu'en Union soviétique, après l'enquête préliminaire, c'est le juge d'instruction qui rédigeait l'accusation finale que le procureur approuvait ensuite. Puis ce même procureur rédigeait un document appelé "Acte d'accusation".
Rien ne semble indiquer que ces démarches, relativement longues, aient été mises en place. La période révolutionnaire, forcément très troublée, ne permettait guère l'établissement d'une justice sereine, respectueuse des procédures.
Pour finir, toujours dans ce même document, il est indiqué que le corps des procureurs de l'époque tsariste avait été aboli, ainsi que les autres institutions judiciaires, par décret, le 24 novembre 1917. D'où, semble-t-il, l'impossibilité de l'action d'un procureur tsariste en 1920.
Commentaire de
carita :
Publié le 13/12/2011 à 14:28
Bonjour,
je vous remercie pour votre travail de recherche:
ma question s'appuie sur les éléments que l'on peut lire dans Wikipedia, au sujet de Koltchak:
citation:
" Le 2 janvier (1920) les dirigeants socialistes cèdent officiellement la place à un comité révolutionnaire bolchevik et le lendemain 21, Koltchak est appellé à comparaître devant une Commission d'Enquête extraordinaire de 5 membres présidée par les commissaires rouges Tchoudnovsky et Popov.
Il est interrogé du 21 janvier au 6 février 1920.
...
sur ordre de Moscou, il est condamné à mort le 6 février...
les "sources françaises" (Général Janin) sont à "nuancer ! ce général a livré aux rouges Koltchak !
j'ignorais le décret auquel vous faites référence: je vous en remercie vivement ...
les conditions de la guerre civile russe (1917/1922) étaient d'une violence inouïe, inconnue et surtout occultée en France pour des raisons aisées à comprendre...
Les rouges - en position militaire délicate - avaient besoin des "structures" juridiques présentes (tsaristes), ne serait-ce que vis à vis de "l'Occident"...
voilà pourquoi je souhaite clarifier: quel a été le rôle du procureur du tribunal au cours de ce "procès" (simulacre de procès, bien sûr... ).
A-t-i été "greffier" ?
ses "connaissances" pouvaient être utilisées ...
tout particulièrement ... d'interprète...
Koltchak a été Gouverneur de Sibérie, il y a eu un gouvernement...
il s'agissait d'une guerre civile...
de même le "compte-rendu" du "procès" aurait été édité en Russie ... ?
merci de votre aide, si c'est possible bien sûr...
peut-être des ressources "en russe" se rencontreraient ?
malheureusement, j'ignore cette langue...
ai essayé de trouver réponse aux bibliothèques régionales, musées d'Irkoutsk, universités,
tant par mail que par lettres...
silence et indifférence...
bien cordialement à vous...
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 15/12/2011 à 11h19
Bonjour,
Nous comprenons bien que vous recherchez le maximum d'éclaircissements sur cette affaire.
Malheureusement, les outils dont nous disposons : livres en notre possession, recherches sur internet (en français et en anglais) ne nous permettent pas de répondre à votre demande de précisions.
Vous semblez d'ailleurs avoir des sources qui ne sont pas à notre disposition, lorsque vous affirmez que les rouges - en position militaire délicate - avaient besoin des "structures" juridiques présentes (tsaristes), ne serait-ce que vis à vis de "l'Occident", alors que que le décret que nous mentionnions, indique justement que l'ancien système judiciaire tsariste avait été aboli dès 1917 (p 407).
Nous n'avons donc pas trouvé trace d'un éventuel procureur, de greffier, etc. pas plus que du compte-rendu des interrogatoires.
L'Encyclopaedia Universalis confirme simplement l'existence d'un compte-rendu, sans plus de détails :
Le 4 janvier 1920, il démissionne en faveur de Denikine et, le 7 janvier, il quitte Nijne-Ndinsk pour Irkoutsk. Les Tchèques, d'accord avec le général Janin, décident de le livrer aux autorités révolutionnaires (bolcheviks et socialistes-révolutionnaires) d'Irkoutsk. Le 6 février 1920, il est condamné à mort et fusillé le lendemain.
La consultation du Sudoc (catalogue des bibliothèques universitaires) indique qu'une thèse a été rédigé sur le thème :
Illusions sibériennes [Texte imprimé] : l'échec du gouvernement Koltchak, novembre 1918-janvier 1920 de Virginie Coulloudon ; sous la dir. d'Alain Besançon.
Elle date de 1997, est rédigée en français. Sa lecture vous apportera peut-être d'autres renseignements et d'autres sources d'informations.
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