Question d'origine :
bonjour,
j'aimerais connaître les différentes phases d'occupation de ce bâtiment dès la période Gallo-Romaine au Lycée.
quelles étaient les fonctions de ce bâtiment ?.
Mmerci bcp
Réponse du Guichet
bml_reg
- Département : Documentation régionale
Le 22/12/2011 à 13h33
Bonjour,
Deux questions qui nous ont déjà été posées sur le lycée saint Just vous fourniront quelques éléments de réponses :
Très brièvement, voilà comment le lycée est décrit par la notice qui lui est consacré à la bibliothèque (Notice BML) :
Le Lycée Saint-Just possède une longue histoire, de l'époque gallo-romaine jusqu'à nos jours. En effet, sous l'esplanade du lycée se trouve une vaste citerne romaine, monument le mieux conservé de la cité antique de Lugdunum (Lyon).
Cette citerne, aussi nommée 'Grotte Bérelle' est formée d'une chambre principale de 16 x 15 mètres et de 2 galleries concentriques. La fonction de ce réservoir reste cependant contestée : il pourrait s'agir soit d'une citerne destinée à l'alimentation en eau du quartier soit du réservoir de la caserne de Lugdunum. Depuis cette époque,la citerne a été beaucoup visitée, les murs ont d'ailleurs gardés de ces visites des signatures au charbon de bois, la plus ancienne datant de 1550. Aujourd'hui, pour des raisons de sécurité, la grotte est fermée au public. Le bâtiment actuel ne date que du milieu du 19e siècle (1855-1861). C'est un bâtiment imposant, composé d'un bâtiment central de près de 100 m de long et de deux ailes.
Avant de devenir le lycée Saint-Just, le bâtiment eut de nombreuses fonctions. Jusqu'en 1908, ce fut le séminaire de Saint-Irénée (ou 'Grand Séminaire', où l'on pouvait faire des études de théologie. Puis à la séparation de l'Eglise et de l'Etat, le bâtiment fut successivement la 'Caisse des Dépôts et Consignations' en 1912 puis un hôpital pendant la Première Guerre Mondiale. En 1928, il devint l'internat du Lycée E. Quinet (aujourd'hui Edouard Herriot). Ce n'est qu'en 1946, qu'il devint autonome.
Le site a une existence gallo-romaine avérée : les vestiges d’une citerne retrouvée en 1968 sous une pelouse du parc du lycée (mais encore bien connue au XIXe), le plus ancien des vestiges gallo-romains lyonnais, témoigne de l’exploitation du site par nos ancêtres ; elle semblait être rattachée à la caserne qui s’élevait à proximité :
5. DE L’ANTIQUAILLE A SAINT-JUST.
(…)
C'est là aussi que, depuis Fabia, on localise la caserne de la cohorte urbaine. En effet, en 1912, on découvrait, sous la terrasse du lycée Saint-Just, un autel dédié en 207 par un soldat de la 30e légion (dont un détachement avec ceux de trois autres légions suppléait la cohorte urbaine dissoute en 197). L'inscription (ILTG 234) précisant que l’aute1 se trouvait à l’intérieur d’un local de sous-officiers, il semble possible d’admettre l'identification de la caserne. Du coup, on rapporte à celle-ci la magnifique citerne enfouie à proximité du lieu de découverte de l'autel et connue sous le nom de grotte Bérelle et peut-être les mosaïques découvertes autrefois.
En outre, l’abondance du mobilier militaire recueilli dans les fouilles de la rue des Farges pourrait s'expliquer par la proximité de la caserne. Source : Lugdunum : Lyon de André Pelletier
Sur la grotte Berelle, vous pouvez consulter les articles suivants :
La "Grotte Berelle" : citerne antique du lycée de Saint-Just à Lyon
La grotte Berelle : le monument romain le mieux conservé de Lyon
Quelques siècles plus tard, le site est occupé par le couvent des Ursulines ; le terrain leur a été vendu en 1633 par le chapitre de Saint-Just ; les chanoines en avait fait l’acquisition en 1564 presque un siècle plus tôt pour reconstruire leur nouvelle église – cette fois à l’intérieur des murailles de la ville, la précédente ayant été rasée par le baron des Adrets : c’est aujourd’hui l’église des macchabées qui jouxte le lycée.
Tout auprès de S. Just il y a un Couvent des Ursules, & dans les vignes de ses Religieuses, l'on void (sic) des voutes sous terres percées de plusieurs portes, que le Jardinier peut montrer aux curieux. Le peuple les appelle la Grotte Berelle. " Source : Recherche des antiquités et curiosités de la ville de Lyon de Jacob Spon, 1673.
L’occupation suivante des lieux nous amène deux siècles plus tard : le 14 juillet 1855, la première pierre du Grand séminaire est posée en présence du Cardinal de l’époque à l’emplacement de l’ancienne citerne.
Nous regrettons de ne pouvoir, faute d'espace , parler convenablement de l'intéressante cérémonie qui a eu lieu dans notre ville le 14 juillet.
S. E. Mgr le Cardinal de Bonald , assisté de Mgr l'Evêque de Saint-Flour et d'un nombreux clergé, a béni solennellement la première pierre du grand séminaire qui va s'élever à Saint-Just, sous la direction de notre habile architecte M. Desjardin. Une médaille a été frappée à cette occasion. Source : Revue du Lyonnais » série 2 - n°11 ( 1855 ) » pp.192.
Le bâtiment accueille de jeunes séminaristes jusqu’en 1908, date à laquelle il prend le nom de Saint-Just. En 1928, l’internat du lycée Edgard Quinet s’installe dans l’ancien séminaire ; ce n’est qu’en 1946 que le lycée Saint Just y trouve enfin sa place :
Dès le début du XIX‘ siècle, l’entassement scandaleux des séminaristes dans les vieux bâtiments de la Croix Paquet commence à faire cogiter les instances religieuses. Et la volonté de voir se construire un nouveau séminaire se profile. Il faut tout de même attendre l'arrivée du Cardinal de Bonald pour que de sérieux projets soient étudiés. On songe, en 1835, au quartier de Vaise. Puis, en 1840, à la Sarra et pourquoi pas dans l'ancienne école vétérinaire sur les quais de Saône... De bonnes idées en bonnes idées et après seize ans de réflexion assidue, la décision est prise : le grand séminaire s’installera sur la colline de Saint Just au lieu dit "les bains romains", un peu en retrait de la place des Minimes. Le plan de l'architecte Desjardins est approuvé par le Ministère des cultes le 13 juillet 1853, avant même l'acquisition des terrains. Tout juste deux ans plus tard, les travaux commencent et la première pierre est posée par le Cardinal en personne. Pour l'anecdote, une médaille commémorative, placée dans une boite de plomb et scellée dans la première pierre, ne porte pas la bonne date... la cérémonie avait en effet été décalée du 7 au 14 juillet suite à un mauvais rhume du Cardinal ! Les premiers coups de pioches rappellent vite les origines historiques de la ville et découvrent l'un des monuments, aujourd'hui encore, les mieux conservés de Lugdunum : la "Citerne" ou "Conserve d'eau" ou "Grotte Bérelle". On retombe aussi sur les fondations d'un couvent créé en 1633 par les religieuses de Saint Ursule. Il avait été vendu et dépecé par la Nation en 1790. Mais rien n'arrête les travaux, et même si les coûts ont un peu tendance à flamber, le bâtiment sort de terre et 250 séminaristes prennent possession des locaux à la rentrée 1859. Pour le "Grand séminaire de Saint-Irénée de l'ordre de Saint-Sulpice", il faut bien dire qu'on avait vu les choses en grand...
Une bâtisse centrale de cent mètres, flanquée de deux ailes, construite avec des pierres de taille de Tournus et des matériaux haut de gamme, assez pour inspirer à Napoléon III, qui payait l'addition, la réflexion aigre-douce : "J'avais dit un séminaire et non un palais." Reste que l'Etat est bel et bien propriétaire des meubles et immeubles, le faisant bien savoir après les événements de 1905 (séparation de l'Église et de l'Etat).
Dans sa grande bonté, l’Empereur avait d'ailleurs fait en sorte que le séminaire puisse avoir sa chapelle, en décrétant en 1857 l'achat d'une parcelle voisine.
Mais pas question de tout financer. Du coup, le cardinal ouvre une souscription dans le diocèse. La chapelle (démolie en 1968) est achevée, en tirant sur les bouts de ficelles, le 22 septembre 1867.
Des générations de séminaristes se succèdent alors jusqu'en 1908, date à laquelle le local prend le nom de Saint Just. L'ancien séminaire accueille désormais la Caisse des dépôts et consignations avant de faire office d'hôpital pendant la grande guerre. Le plus gros changement s'opère en 1928, lorsque les locaux sont transformés pour que puisse s'établir ici l’internat du lycée Edgard Quinet, l’externat se situant au futur lycée Edouard Herriot, dont dépend Saint Just.
Mais sur la colline, quelques classes fonctionnent déjà dont celles d'une école maternelle municipale. En 1946, la séparation avec le lycée Edouard Herriot est effective et le Lycée Saint Just s'ouvre les portes d'un avenir prometteur, venant d'entrer de plain pied dans un nouveau millénaire... Source : Lyon Cité, le 1er février 2000.
Pour approfondir le sujet, nous ne saurions que trop vous inviter à consulter l’Histoire du lycée Saint-Just, transcription d’un travail très bien documenté réalisé par des élèves de 4ème en 1979 qui revient en détails sur ces quatre grandes périodes d’occupation du site…
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter