Louis Bertola

Bonjour,

vous ne nous dérangez aucunement. Nous publions le fichier que vous nous avez envoyé dans ce message et répondrons à vos questions très prochainement.

Réponse de la Documentation Lyon et Rhône-Alpes

Bonjour,

La notice du Dictionnaire des peintres & sculpteurs à Lyon aux XIXe & XXe siècles de Bernard Gouttenoire, Ed. 2000 évoque le sculpteur lyonnais Bertola en ces termes :


Bertola, Louis, sculpteur né le 24 mai 1891 en Italie. Décédé à Lyon après 1961. On note une demande de naturalisation vers 1893, sans doute par son père Ange Ludovic Bertola (1871—1910). Prix de Rome en 1923 , médaille d’or en 29, il est classé « hors concours ». Il sera professeur à l’école des Beaux-Arts de Lyon du 1er octobre 1942 au 23 mai 1961. On lui doit plusieurs monuments à Lyon : bas-relief « Pasteur » (1938) érigé place d’Arsonval Lyon 8e, parc de la Tête d’Or (ile aux cignes), « aux aviateurs alliés et aux combattants de la Libération » cimetière de la Guillotière (1947). « Eros « est acquise par le Musée d’art moderne de Paris. Il aurait également œuvré sur le chantier de la basilique de Fourvière. Parmi ses élèves, on relève le nom du sculpteur Luc Maize. Son épouse Marcelle Bertola est peintre également et a exposé à Lyon. (Bénézit)


Le monument public français : l'exemple de Lyon thèse de Gilbert Gardes, ne référence pas ce buste de Louis Lumière sculpté par Bertola (ce qui n’est pas étonnant après tout dans la mesure où il s’agit d’une commande privée). En revanche dans Sculpteurs et architectes à Lyon, 1910-1960 : de Tony Garnier à Louis Bertola de Philippe Dufieux, on peut lire ce qui pourrait passer pour une référence à celui-ci : Une même acuité se dégage du Portrait de Louis Lumière (buste, 1929, localisation inconnue), dans un visage à l’expression malicieuse, creusé de larges sillons et de rides.
Rien n’indique qu’il s’agit du buste dont il est question dans votre question, d’autant que la date donnée pour sa création est bien antérieure à la date de l’inauguration du buste dans l’atrium de la clinique. Cette inauguration nous pouvons la dater formellement au 11 janvier 1936 ; l’évènement est mentionné dans l’ouvrage Un grand novateur : la vie laborieuse et féconde d'Auguste Lumière de Paul Vigne, Directeur du Bureau Municipal d'Hygiène de la Ville de Lyon, Rédacteur en Chef de "L'Avenir Médical", qui assista à l’évènement. (pp. 419-420)

Le 11 janvier 1936, à l’occasion de l’inauguration des nouveaux bâtiments de la Clinique Lumière, le personnel réuni de la Société Lumière, de la société des « Brevets Lumière », des laboratoires et de la clinique Lumière, décida d’élever, par souscription, un buste destiné à commémorer l’ascension du chef vénéré à l’un des plus hauts grades de la Légion d’Honneur.
Ce monument, œuvre du sculpteur Bertola et de l’architecte Bellemain, orne l’atrium de la clinique.
Il porte, inscrite sur les deux faces, cette devise du Maître : Par la science – Pour l’Humanité.

Pour ajouter au mystère du destin de ce buste, sur la photo qui accompagne cet extrait le buste n’est pas le même que celui qui apparait sur les photos du monument que nous conservons dans nos collections : les deux plaques latérales, le socle sont bien identiques mais le buste de Lumière diffère notablement d’une photo à l’autre.

Ce qui nous pousse à nous interroger sur l’antériorité de ces deux clichés : quel est le buste d’origine ? Si la datation de la photo de Jules Sylvestre est correcte (1936), il y a de bonnes chances qu’elle ait été prise à l’occasion de l’inauguration, en somme le jour même ou peu après, et que donc le buste représenté soit bien celui qui fut inauguré.
Ce dont nous obtenons confirmation par l’opuscule publié en 1936 à l’occasion de cette cérémonie (Inauguration du buste de Monsieur Auguste Lumière. 11 Janvier 1936, Discours prononcés le 11 Janvier 1936 à l'occasion de la remise à M. Auguste Lumière du buste offert par le Personnel de la Société Lumière, des Brevets Lumière, des Laboratoires et de la Clinique Lumière commémorant sa nomination au titre de Grand Officier de la Légion d'Honneur) qui porte en frontispice cette même photographie de Jules Sylvestre que nous possédons dans nos collections, qui doit faire office de représentation officielle (Note : cet opuscule comporte la liste des souscripteurs grâce auxquels le buste put être financé).

Le livre de Paul Vigne ayant été édité en 1942, on peut supposer que le buste qui apparait sur sa photo a remplacé celui qu’on voit sur nos clichés pour une raison inconnue… A moins qu’il s’agisse d’une vieille épreuve émanant de l’atelier du sculpteur qui pourrait représenter alors une étude ou une ébauche du monument fini. Pour s’en assurer, il faudrait bien évidemment pouvoir retrouver ce buste.

Nous avons contacté le musée des Hospices Civils de Lyon, pour le moment fermé au public : La personne qui en a eu la charge ces dernières décennies n’avait pas souvenir d’un buste d’Auguste Lumière ; elle nous a recommandé de nous adresser au musée de la médecine, hébergé à la faculté de la rue Rockefeller, ce que nous fîmes sans rencontrer davantage de succès : le musée n’a aucune trace de ce buste dans ses fonds.

En dernier recours, nous avons contacté le musée Lumière auquel aurait naturellement pu échoir ce monument en hommage à celui qui fut également l’un des inventeurs du cinématographe :


On ne peut à ce point que s’épuiser en conjecture ; par exemple : le buste utilisé pour l’inauguration n’était pas le buste définitif : peut-être ce dernier n'était-il pas encore achevé ; celui-ci remplaça celui-là en 1937, et c’est bien lui qu’on peut admirer aujourd’hui à la villa Lumière ; mais : d’une part, il n’est pas fait mention dans les hommages prononcés lors de l’inauguration du fait que le buste présentée n’était que provisoire, au contraire, les intervenants félicitent Bertola pour son travail de grande précision qui a su rendre si fidèlement l’esprit de Lumière, etc. ; d’autre part, le buste du jardin d’hiver n’est pas signé Bertola.

En tout cas, il semble que, pour une raison que nous ignorons, le buste original de Bertola a été substitué quelques temps après son inauguration par un autre… Nous avons à priori perdu la trace du buste original, et peut-être aussi de celui qui le remplaça. Pour ce dernier notre piste s’évanouit à l’Institut Lumière, qui possède au moins une partie de l’ensemble exposée à la clinique, et peut-être le buste lui-même (une vérification de visu à partir de la photo du livre de Vigne s'impose ?)
Bonne chance pour la suite de vos recherches…

Nous remercions les personnes qui nous ont aidé à répondre à votre question, et notamment l’Institut Lumière pour son aimable et précieux coup de main.

Edit : des précisions sur le buste de l'institut sur le site de l'Inventaire topographique du patrimoine de la Ville de Lyon