Question d'origine :
Bonjour,
Quelles sont les différences entre une voix de haute contre et une voix de soprano, au niveau du timbre, au niveau acoustique et physiologique ?
Merci !
Réponse du Guichet
bml_mus
- Département : Musique
Le 14/02/2012 à 11h52
Quelles sont les différences entre une voix de haute contre et une voix de soprano, au niveau du timbre, au niveau acoustique et physiologique ?
Le gros problème posé par votre question est celui de la définition de la haute-contre. Forum Opéra , remarquable site de référence pour les amateurs d’art lyrique, consacre un dossier à la haute-contre, qui nous parait la référence la plus sérieuse pour définir ce type de voix. Ce dossier commence par des mises en garde, mettant en exergue une citation de Framery : « Aucune d’entre [les sciences] n’a une nomenclature aussi vicieuse que celle de la musique ».
Quant au timbre, ce même dossier précise : « le timbre ou plus globalement le grain d'une voix, sa corporalité ("le corps dans la voix qui chante" disait Roland Barthes), sont façonnés par notre subjectivité, à grands renforts d'épithètes et de métaphores et leur perception est trop complexe pour que nous les enfermions dans des catégories définitives. » Les notions de soprano et de haute-contre sont donc essentiellement relatives à la tessiture (c’est-à-dire l’ensemble des notes qui peuvent être chantées couramment par une voix, à l’exclusion des notes extrêmes qui ne peuvent être atteintes qu’exceptionnellement) et à la manière de l’obtenir.
Commençons par le plus simple, la voix de soprano est une voix de femme dont la tessiture ne commence pas en dessous du do3 (do sous la portée en clé de sol) et peut monter jusqu’au sol5 (donc 2 octaves et demi plus haut) – chez de très jeunes artistes exceptionnels. La haute-contre est une voix d’homme dont la tessiture est en gros 5 tons plus basse et qui n’atteint pas le suraigu. C’est une voix de ténor et on peut presque l’assimiler au « ténor léger ».
Historiquement, comme le montre le dossier de Forum Opéra, la haute-contre est une spécificité française : après la mort de Mazarin, la France a répugné à utiliser des castrats (qui triomphaient dans le reste de l’Europe) et les premiers rôles de jeunes hommes ont été dévolus à des ténors aigus. Marc-Antoine Charpentier avait lui-même une voix de haute-contre, et il a privilégié ce type de voix, mais on en trouve de nombreux exemples dans Lully, Rameau, Gluck etc.
En principe, sopranos comme hautes-contres utilisent leur voix dite « de poitrine », voix qui permet au chanteur d’exprimer toute sa puissance, et notamment au chanteur lyrique de se faire entendre parmi les chœurs ou le son d’un orchestre. C’est ce qui distingue le haute-contre du contre-ténor qui utilise le falsetto (fausse voix, voix de tête qui utilise les fausses cordes vocales, des ligaments appelés vestibulaires » situés plus haut que les cordes vocales dans le larynx) pour « monter » plus haut, avec une tessiture rejoignant presque celle des sopranos, une sonorité très claire, mais moins de force et d’harmoniques que la voix « normale ». Alfed Deller et Gérard Lesne en sont des exemples caractéristiques, mais le terme de haute-contre étant parfois employé pour contre-ténor (Lesne se laisse parfois désigner comme « haute-contre »), cela peut prêter à confusion.
Outre le dossier déjà mentionné, nous vous invitons à lire l’ouvrage de Jean-Pierre Blivet La voie du chant, particulièrement les pages 115 et suivantes qui nous ont servi pour vous répondre.
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